Elections régionales des 13 et 20 juin 2021 : les quatre partis de gauche font front commun derrière Karima Delli

Les quatre forces de gauche ont enfin trouvé un accord pour s'unir dès le premier tour des régionales. C’est une première. PS, PC, EELV et LFI se rangent derrière la députée européenne écologiste Karima Delli, qui conduira cette union de la gauche, face à Xavier Bertrand, LREM et le RN.

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Le communiqué de presse est daté du jeudi 11 mars. Sous les logos d’EELV, du PS, du PC et de LFI, il annonce l’union de la gauche et des écologistes pour les élections régionales dans les Hauts-de-France. « C’est fort de nos valeurs communes et conscients de nos différences que nous faisons union, un accord unique à cette heure en France » peut-on lire.

Il n’y avait pas d’autres solutions. La gauche était condamnée à trouver coûte que coûte un terrain d’entente pour présenter un front uni dès le premier tour des élections régionales. Si les socialistes, les communistes, les écologistes et les insoumis avaient pris le risque de se lancer seuls dans l’aventure, ils pouvaient chacun ne pas dépasser les 10% au soir du 13 juin. Et donc, ne pas se qualifier pour le 20 juin. Et laisser la droite et l’extrême-droite, comme en 2015, se partager l’hémicycle du Conseil régional des Hauts-de-France. Pour cinq années encore. Impensable.

La raison l’emporte. Ce n’était pourtant pas gagné d’avance. Le PS, qui reste la première force de gauche dans la région et conserve un réseau d’élus très influent, n’entendait pas être relégué à des seconds rôles. EELV voulait faire fructifier ses succès aux élections municipales. Le PC, trop effacé ces dernières années, voulait retrouver une visibilité forte. Et la France insoumise appelait à « un large rassemblement »… tout en jugeant infréquentable Patrick Kanner, le chef de file des socialistes, sénateur du Nord et ancien ministre de François Hollande. On partait de loin.

Les négociations ont été difficiles et mouvementées. Le patron du PC et député du Nord, Fabien Roussel, qui devait mener la liste communiste dans les Hauts-de-France, avait dans un premier temps réussi l’exploit d’être le trait d’union entre deux gauches à priori « irréconciliables » : le PS et LFI. Il en a été très mal récompensé. Dans son dos, sans l’en avertir, la France insoumise a annoncé se ranger derrière les écologistes et Karima Delli ! Fabien Roussel l’a appris le matin en lisant son journal…

Mais, de fait, cet accord surprise a mis le Parti socialiste et le Parti communiste au pied du mur. Ils ne pouvaient que prendre le train en marche, au risque, sinon, d’apparaitre comme les responsables d’un nouveau fiasco à gauche.

Les candidats pour les régionales désormais tous connus

Cette fois, le casting est en place. L’eurodéputée (EELV) Karima Delli, présidente de la commission des transports et du tourisme au Parlement Européen, emmène la gauche derrière elle. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’Etat (LREM) chargé des retraites et de la santé au travail, défend les couleurs de la majorité présidentielle. Le député du Nord Sébastien Chenu est la tête de liste pour le Rassemblement national. Xavier Bertrand, le président sortant (DVD) du Conseil régional des Hauts-de-France, concourt pour sa réélection.

L’accord conclu ce jeudi 11 mars par la gauche change la donne. La gauche se donne les moyens d’être présente au second tour. Il y aura enfin des conseillers régionaux de gauche dans cette nouvelle grande région. Patrick Kanner parle aujourd’hui d’un score possible de 22/25%. C’est encore loin des 33% d’intentions de vote pour Xavier Bertrand et des 29% pour Sébastien Chenu, d’après un sondage qu’avait réalisé l’Ifop en novembre dernier. Mais restent trois mois de campagne. Les lignes peuvent bouger.

Le climat politique dans les Hauts de France publié par latribune.fr

Une réciprocité dans les autres régions ?

A priori, l’accord satisfait tout le monde. Chacun des quatre partenaires affirme avoir été entendu, que la plate-forme commune lui convient et que la répartition des places éligibles respecte son poids politique. Pas d’égo en souffrance. Patrick Kanner, Fabien Roussel et l’insoumis Ugo Bernalicis sont des parlementaires heureux. Ils ne font pas d’énormes sacrifices en laissant la tête de liste à la Roubaisienne Karima Delli, qui elle, après douze années passées à Bruxelles, manifestait l’envie de reprendre racine dans sa région.

Enfin – et c’est important - cet accord peut en débloquer d’autres. Dans certaines régions françaises où les pourparlers sont parfois houleux, PS, PC et LFI auront beau jeu désormais de rappeler aux écolos qu’ils se sont rangés derrière Europe-Ecologie-Les Verts dans les Hauts-de-France et qu’ils attendent maintenant un peu de réciprocité.

Rien n’est gratuit…

Patrick Kanner : "la gauche est de retour"

Patrick Kanner, sénateur PS, devait être tête de liste mais se range finalement derrière Karima Delli (EELV). Il nous explique sa décision.

Sur l'accord en lui-même :
"C'est un choix de raison mais surtout de combat. J’ai toujours été convaincu que si la gauche partait divisée dans cette élection régionale, elle risquait d’être éliminée dès le premier tour. Elle risquait aussi et de ne pas créer une dynamique permettant de redonner espoir au peuple de gauche, qui est orphelin d’élus régionaux de gauche depuis 6 ans. Ce combat, nous devions donc le mener rassemblés. Ce rassemblement a un prix, me concernant c'est celui de ne pas être tête de liste. C’est une première en France, au niveau régional, cela devrait nous permettre de passer au-dessus de la barre des 20% dans les Hauts-de-France. Ce score est le ticket d’entrée dans le match politique pour accéder au second tour. Je le dis à la droite et à l’extrême droite, la gauche est de retour et j’en suis très heureux."

La place du PS dans l'accord :
"Il y a eu des négociations sur la place des uns et des autres. Le Parti socialiste a été particulièrement bien respecté. C'était l’une des conditions pour nous. Nous sommes la première force politique. Je ne serai pas candidat mais je m'impliquerai dans la campagne, j'y prendrai toute ma part. Il n’est pas question pour moi de déserter le combat politique qui s’annonce pour les trois prochains mois."

Le programme :
"Nous devons dire que ce qui a été mené par Xavier Bertrand au niveau régional est très insuffisant en matière d'environnement, de l'emploi, des jeunes et de la culture. Nous souhaitons porter un projet alternatif qui montre qu’une autre voie est possible. ll est encore trop tôt pour présenter un programme, il en est encore au stade d’élaboration. Faites nous confiance pour aller très vite."

Fabien Roussel, député communiste, devait être tête de liste mais a pris la même décision que Patrick Kanner. Il s'explique.

Sur l'accord :
"C’est une bonne chose car notre région est confrontée à une grande pauvreté et à des fermetures d’usine, notamment. Il y a donc besoin de faire vivre les valeurs de gauche, c'est-à-dire le progrès, la justice sociale, l'emploi et la transition écologique. Nous savions que chaque force politique ne pouvait pas l’emporter individuellement. Il était donc indispensable de nous retrouver tous ensemble. Notre région sera peut-être la seule qui rassemblera l’ensemble des forces politiques de gauche et je suis fier d’y avoir participé."

Sur le choix de LFI de privilégier les Verts
"Il faudra demander à LFI pourquoi ils ont préféré une tête de liste écologiste à une tête de liste communiste. Je pensais pourtant que politiquement, nous étions plus proches. Maintenant ce choix est une réalité politique et nous pèserons de tout notre poids pour que nos idées, en faveur de l’industrie et des services publics, rayonnent. C’est un accord de principe mais nous allons le soumettre au choix des adhérents de la région. Je les invite à soutenir cette proposition."

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