Le bio se fraye de plus en plus de place dans les Ardennes, représentant 4% des surfaces agricoles. Chaque année, une trentaine d'éleveurs s'y convertit. Primes à la conversion, bienfaits pour l'environnement, mais aussi des productions moins importantes... on fait le bilan sur la tendance.

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La campagne ardennaise, avec ses prairies, ses agriculteurs et leur élevage traditionnel. Dans ce paysage, une tendance vient bousculer ce calme. C'est l'agriculture biologique, de plus en plus répandue dans le département. "Le bio est un mode de production qui interdit tout recours à des produits chimiques de synthèse, pas d'engrais minéral, pas de produits phytosanitaire ou encore un recours raisonné aux antibiotiques pour les animaux", décrit Marion Andreau, conseillère en agriculture biologique, à la Chambre d'agriculture des Ardennes.

Le département compte 210 producteurs de l'agriculture biologique, dont une centaine d'éleveurs. Pour eux, le bio n'est pas seulement une pratique, c'est devenu un mode de pensée, une philosophie et un gage de qualité. "Avec le bio, nous sommes forcés d'élever nos bêtes sur du long terme et de manière naturelle", détaille Christophe Henry, éleveur de volailles bio.
 

210 producteurs bio dans les Ardennes


L'agriculture bio, et l'élevage bio en particulier, doivent répondre à un cahier des charges bien spécifique, comme par exemple, la quantité d'animaux par mètre carré d'exploitation, ou encore leur alimentation. "La nourriture que l'on donne aux bêtes vient de céréales, de protéagineux et de soja bio, local autant que possible", précise l'éleveur.

Le protocole est contraignant et les procédures de conversion sont complexes. Des contraintes qui ne mettent pas tous les éleveurs dans le camp du bio. A l'image de Jean-Sébastien Bonnefoy, par exemple, est un partisan de l'agriculture raisonnée et de l'élevage conventionnel. "Ce sont deux états d'esprit différents, qu'il ne faut pas opposer et qui peuvent cohabiter, assure-t-il. Il y a encore de l'avenir dans l'agriculture conventionnelle, il faut la raisonner et utiliser de moins en moins de produits qui abîment la planète."
 

20 à 30 conversions par an


D'autres éleveurs issus de l'agriculture traditionnelle ont quant à eux choisi de se convertir à l'agriculture biologique.

Les chiffres sont d'ailleurs éloquents. Les Ardennes comptent entre 20 et 30 conversions par an. C'est le cas de Patrick Fourile, éleveur laitier, qui, en plus du lait, confectionne avec sa femme des yaourts, du beurre et des fromages. Une conversion au bio presque naturelle pour le couple, qui "n'utilise plus d'engrais depuis une vingtaine d'années pour ses pâtures". Il raconte : "Je fais aussi de la transformation et de la vente directe, nos clients nous demandaient pourquoi on ne faisait pas du bio, alors on a décidé de passer le pas."

La vente de produits bio est en pleine croissance, et les Ardennes ne font pas exception. Mais le plus souvent, les producteurs vendent eux-mêmes le fruit de leur travail ou possèdent déjà leur propre réseau de distribution.

Difficile donc de s'adapter pour les commerçants, même si la demande est de plus en plus forte chez les clients. C'est ce qu'a constaté Didier Villemin, charcutier traiteur : "En ce moment, il y a une grande démarche de la part de la clientèle qui se renseigne de plus en plus sur la qualité des produits et leur provenance. Le bio en fait partie. C'est important de trouver ce type de produits, mais pour le moment, difficile de les trouver."

Le bio est en plein essor et n'est plus un marché de niche. Les producteurs franchissent le pas du bio ou s'en rapprochent de plus en plus, tant pour des raisons éthiques qu'économiques. Avec la constante valorisation des produits et une demande des consommateurs en hausse, l'avenir s'annonce radieux.
 

► Retrouvez le reportage de Sébastien Valente et Daniel Samulczyk


► Autre exemple dans la Marne. Marie-Line Fournier et Paul-Antoine Boudet sont allés à la rencontre de deux agriculteurs, acteurs de la reconversion :

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