Abandons d’animaux : cette association se mobilise pour trouver des familles d’accueil aux lapins

L’association haut-rhinoise SOS Choupinous recueille des lapins abandonnés depuis deux ans. 74 ont été récupérés l’année dernière dans le Haut-Rhin. Une trentaine depuis le mois de janvier. Et il n’y a pas assez de familles d’accueil pour s’occuper d’eux.

Jennifer Salor tire la sonnette d’alarme. Elle a créé l’association SOS Choupinous en 2021 pour venir en aide aux lapins abandonnés. "On les trouve via les réseaux sociaux, il y a aussi de gens qui veulent les replacer, on a aussi des signalements de maltraitance. Dans ce cas, on gère la situation à l’amiable pour récupérer ces lapins", explique-t-elle.

Les trois quarts des lapins sont trouvés dehors, dans la rue, les champs, sur un terrain de foot. Jennifer Salor peut compter sur trois autres membres actifs dans l’association et un groupe Messenger d’une quinzaine de personnes réparties sur le Haut-Rhin pour collecter et trapper les lapins errants.

Elle a pris conscience de ce problème il y a une dizaine d’années, quand elle a recueilli sa première lapine dans la neige. "J’ai appris qu’il y avait en réalité deux ou trois lapins de 7 ans abandonnés en même temps, car leur propriétaire les pensaient atteints de la teigne. Ce qui s’est révélé faux."

Peur des maladies

Jennifer réalise que ce type d’abandon est assez fréquent. Parce que les gens craignent les maladies, ou parce que les enfants à qui ils sont destinés ne s’en occupent soi-disant pas assez bien. 

"On a récupéré un lapin la semaine dernière, près d’un terrain de foot. On a vu qu’il n’y avait qu’une seule maison aux alentours. La famille nous a confirmé qu’elle avait ouvert la cage du lapin pour faire réagir les enfants. Cela faisait un mois qu’il errait quand on a eu le signalement."

Des histoires comme celle-ci, Jennifer Salor en a beaucoup d'autres. Elle alerte notamment du fait que beaucoup de lapins sont abandonnés avant leur premier anniversaire. "On en récupère parfois d’élevages (ils sont tatoués) mais la plupart viennent d’animaleries."

Un constat partagé par la SPA de Mulhouse

Georges Azar, directeur de la SPA de Mulhouse, confirme les inquiétudes de Jennifer Salor.  "Chez nous, depuis 8 mois, on a remarqué une recrudescence d’abandons de NAC (nouveaux animaux de compagnie) comme les lapins, cochons d’Inde et oiseaux. Rien qu’hier, trois rats domestiques ont été recueillis chez nous."

Par rapport à 2022, il note 200% d’abandons de plus qu’en 2021. "Il y a eu un pic en février avec 25 lapins, 20 cochons d’Inde et 40 hamsters. C’était un monsieur qui avait des pythons. Du coup, il faisait un élevage et s’est fait dépasser par la situation."

Ces abandons sont trop souvent la conséquence d’achats coup de tête, pour faire plaisir aux enfants. Pour Jennifer Salor, "les parents ne réalisent qu’ensuite que c’est du travail. C’est un être vivant dont il faut s’occuper quotidiennement".

Depuis le mois d’octobre 2022, les animaleries doivent fournir des certificats de connaissance et d’engagement (cela vaut pour les lapins, furets, chiens et chats). Mais pour l’instant, la présidente de l’association SOS Choupinous ne voit pas les effets de cette mesure.

Pic d’abandons en été

Jennifer Salor a constaté que comme pour les chiens, les abandons de lapins étaient les plus nombreux en été, avant les départs en vacances. La France serait même la championne d’Europe des animaux domestiques abandonnés en période estivale. Jennifer reconnait qu’il manque encore de nurseries pour lapins. "L’une de nos adoptantes est en train de se former pour faire pet sitting (NDLR : garde d’animaux). Ça n’est pas encore assez connu, il faudrait que ça se développe."

C'est peut-être une solution pour réduire le nombre d’abandons. Depuis janvier, elle en compte déjà une trentaine dans le Haut-Rhin, et s’attend au pire pour cet été. La moitié seulement de ces abandonnés ont trouvé une famille d’accueil.

Trouver des familles d’accueil

C’est la partie la plus délicate. Car quand un lapin est recueilli, il transite d’abord chez un bénévole. SOS Choupinous commence à être connu grâce à sa page Facebook où Jennifer poste les demandes d’adoption et donne aussi des nouvelles des adoptés.

Jennifer Salor observe que si le lapin est en mauvais état, une famille d’accueil se déclare plus vite, parfois dans les 24 heures. "Les images chocs des lapins aident mieux à trouver des familles, c’est un beau geste, dans l’urgence." Un beau geste qui a un prix : 160 euros pour une femelle (vaccinée, stérilisée, et antiparasitée).

Chaine de solidarité

Sauver tous ces lapins a un coût. Depuis 15 jours, la présidente de SOS Choupinous peut compter sur le soutien du Super U de Wittenheim qui tous les jours donne les restants de légumes, comme ce qui se détache des salades ou des céleris branches. Certains font des dons financiers.

Jennifer Salor lance aussi un appel pour récupérer des pellets de bois pour la litière des lapins. Et surtout pour mobiliser d’autres familles d’accueil. Des lapins qu’il ne vaut mieux pas mettre en cage, mais laisser en liberté dans la maison ou dans un parc.

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