Quintuple infanticide de Galfingue: l'expert psychiatre estime que l'accusée avait pleinement conscience d'être enceinte

Le procès de Sylvie Horning, accusée d'avoir tué cinq nourrissons à leur naissance entre 1990 et 2005, se poursuit devant les assises, à Colmar. Récit de la matinée de ce deuxième jour de procès où l'expert psychiatre entendu a mis à mal la thèse de la défense du déni de grossesse.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

C'est l'une des questions principales de ce procès : l'affaire des bébés de Galfingue (Haut-Rhin) est-elle révélatrice d'un déni de grossesse ? Ce deuxième jour de procès, ce mercredi 19 juin 2019, a débuté dans une ambiance solennelle presque figée, Sylvie Horning ne manifestant aucune émotion. L'expert psychiatre, Henri Brunner, qui a examiné l'accusée est intervenu pour mettre à mal la thèse de la défense, soutenue par le gynécologue Israël Nisand auditionné la veille, selon laquelle il s'agissait d'un déni de grossesse.

 


Le public comprend une grande majorité de femmes entre 20 et 40 ans. Pour éviter la torpeur due aux fortes chaleurs, les stores ont été baissés, deux ventilateurs allumés, et la présence des bouteilles d'eau autorisée. 
 

Déni de grossesse ou refus d'enfant ?

Henri Brunner n'est absolument pas d'accord avec Israël Nisand. Après avoir précisé que Sylvie Horning ne souffre "d'aucun antécédent ou anomalie psychologique", il rappelle qu'elle a gardé ses deux premiers bébés car elle les désirait, qu'elle a tué les autres, et que la survie de sa deuxième fille n'est due qu'au fait qu'elle ait changé d'avis au dernier moment. "Il n'y a pas de lien de cause à effet entre un déni de grossesse et le fait d'estourbir son bébé !" Vêtue d'une robe florale, l'accusée assise dans son box vitré continue de regarder devant elle, sans rien laisser paraître.

Selon Henri Brunner, Sylvie Horning avait conscience d'être enceinte des cinq nourrissons tués, et ses propos tenus en garde à vue en attestent : "J'en voulais pas, je les ai sentis bouger mais c'était pas mes bébés, c'était des êtres qui grandissaient en moi." Il ne s'agirait pas d'un déni de grossesse, mais d'un refus d'enfant. L'une des avocates de la partie civile s'interroge sur un "mystère" relevé par Henri Brunner : pourquoi l'accusée semblait vouloir tomber enceinte (elle ne prenait quasiment aucune contraception) sans désirer les enfants en résultant.  À cette question, le spécialiste avoue "n'avoir aucune explication".
 

Henri Brunner aura aussi tenu à rappeler que "les monstres n'existent pas : les accusées sont des êtres humains pas si différents que ça de nous". A également témoigné le médecin légiste qui a examiné le cadavre putréfié du cinquième nourrisson retrouvé dans une glacière, avec force détails macabres. Les gendarmes qui ont auditionné l'accusée et son mari (qui n'était au courant de rien) ont aussi été entendus.
 

Impunité pendant quatorze années

En 2003, les cadavres de quatre nourrissons sont retrouvés dans des sacs-poubelle abandonnés dans la forêt de Galfingue (Haut-Rhin). Il faut attendre 2017 pour attribuer l'ADN présent sur les sacs à Sylvie Horning, leur mère. Quand les gendarmes viennent l'arrêter, elle leur avoue tout spontanément.
 
Un cinquième cadavre de nourrisson est retrouvé dissimulé dans une glacière lors de la perquisition du domicile. Elle avait accouché de ces bébés en secret et les avait directement étouffés dans des serviettes. L'accusée ne parvient pas expliquer son geste. Ignorant les faits, le mari avait qualifié son épouse de "monstre" en apprenant la vérité, avant de se raviser et la soutenir. Malade, il est mort en 2018. Le procès doit se terminer ce jeudi 20 juin.
 
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité