Agriculteurs en colère : "les deux tiers partent aux impôts", ils alertent face à la hausse impressionnante des taxes foncières

Souvent contraints de louer leurs terres durant leur retraite, les agriculteurs du Haut-Rhin assistent impuissants à la hausse des taxes foncières du non bâti sur leur territoire. L'augmentation est telle, que beaucoup s'inquiètent de ne plus pouvoir joindre les deux bouts financièrement.

C'est une problématique parfois oubliée. Face au mal-être qui touche le métier d'agriculteur en France, la question de l'après semble reléguée au second plan. Pourtant, avec 750 euros de pension mensuelle en moyenne, un agriculteur retraité est sujet à une précarité financière importante.

Beaucoup décident de louer leurs terres à de nouveaux exploitants pour vivre convenablement. Mais cette option, souvent indispensable, est de moins en moins rentable dans le Haut-Rhin. Le département connaît une hausse exceptionnelle des taxes sur le foncier non bâti.

En 2023, le taux moyen était de 61,29 %, soit plus du double de la moyenne de l'ensemble des départements du Grand Est qui se situe à 29,47 %. La situation a de quoi inquiéter les agriculteurs du territoire qui souhaitent alerter les maires de leurs communes. 

Une explosion du foncier aux lourdes conséquences

Inflation oblige, les taxes foncières n'ont cessé d'augmenter depuis 2022, avec un bond de 15 % en deux ans. Les agriculteurs sont particulièrement concernés par l'une de ces taxes, le foncier non bâti (TFPNB). À cette taxe nationale s'ajoutent les taux communaux qui viennent gonfler l'impôt du propriétaire des terres. Dans le Haut-Rhin, ils sont exceptionnellement hauts. "Les collectivités de communes décident soit d'augmenter, soit garder le taux de base. Ici à Ribeauvillé, il a bondi de 52 %", constate Gabrielle Rolli, président de la section des anciens exploitants agricoles.

Heureusement qu'il reste à nos paysans leur potager et leurs poules pour se nourrir sans se ruiner

Gabrielle Rolli, présidente de la section des anciens exploitants agricoles

La retraitée, qui dispose d'une maigre pension, voit son pouvoir d'achat se réduire considérablement à cause de cette envolée des taux. "Quand vous avez un fermage et que les deux tiers partent en impôt, c'est très dur à vivre. Je le vois avec mes confrères, quand il s’agit de faire son plein en voiture ou payer l’électricité, ça commence à faire très cher. Heureusement qu'il reste à nos paysans leur potager et leurs poules pour se nourrir sans se ruiner."

Dans le département, le foncier non bâti est même plus taxé que celui sur les sols artificiels. La situation est jugée contre-productive par les exploitants, alors que l'Europe pousse pour une agriculture de plus en plus décarbonée. "Nous avons les prés et la terre qui stockent le carbone dans le sol, rappelle Gabrielle Rolli. On devrait bénéficier d'une fiscalité allégée, mais c'est tout l'inverse." 

Des communes pas assez sensibilisées ?

Les préoccupations sont grandissantes chez les ex-agriculteurs, d'autant que la hausse des taux semble partie pour durer. Avec la tentation d'accroître leurs recettes fiscales, certaines collectivités de communes pourraient poursuivre la tendance, en fonction de l'inflation. "S'il n’y a pas de limites, demain les impôts seront supérieurs au produit", avertit l'ancienne exploitante fruitière. 

Pour se faire entendre, la FDSEA souhaite rencontrer les représentants de l’association des maires du Haut-Rhin. "Nous demandons aux communes d'être plus respectueuses du foncier, car elles le prennent souvent comme une variable d'ajustement dans leur budget annuel", indique Richard Frick, délégué du syndicat agricole. L'agriculteur milite pour une corrélation entre les différents taux appliqués sur le foncier. "Le non bâti est deux fois plus taxé que le bâti en moyenne dans le Haut-Rhin aujourd'hui."

Pour l'heure, le problème avancé par ces exploitants agricoles trouve peu d'écho chez les élus. Et pour cause, la taxe foncière ne représente qu'une part mineure de leur budget annuel. D'après Gabrielle Rolli, c'est la principale explication de cette méconnaissance de la part des communes. "Cette taxe est historiquement haute dans le département. Mais je n'en connais pas sa raison", reconnaît par exemple l'adjoint aux finances de la ville de Kembs, Claude Tixeront. 

Mais les retraités ne sont pas les seuls impactés par la forte hausse des taxes foncières dans le département. Lorsque les propriétaires se délestent de leurs terres, à cause de la forte imposition, les agriculteurs actifs peinent bien souvent à reprendre le flambeau. Devenir propriétaire est perçu comme un poids pour ces nouvelles générations qui ne disposent pas de revenus suffisants. 

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