Mariée à Mohamed depuis trois ans, Audrey luttait corps et âme pour obtenir la régularisation de son époux, menacé d'expulsion. Après une grève de la faim de trois semaines, la quadragénaire a enfin obtenu gain de cause.
Il y a des histoires qui ne s'inventent pas. Celle d'Audrey semble tirée d'un film. Cette habitante d'un petit village du Haut-Rhin vivait sous la menace de voir son mari, Mohamed, expulsé du territoire. Pourtant, ils étaient mariés depuis trois ans et l'homme originaire d'Algérie vit en France depuis 2013.
En 2021, le couple dépose un premier dossier pour un titre de séjour, finalement refusé. Deux ans plus tard, rebelote, Mohamed est cette fois prié de quitter le territoire. Audrey décide alors d'entamer une grève de la faim, sa seule et dernière option pour ne pas être séparée de son mari.
Après trois semaines sans manger, l'appel à l'aide trouve enfin un écho auprès de la préfecture, qui promet de régulariser Mohamed. Cette annonce sonne la fin de l'angoisse pour Audrey. Pour France 3, la maman raconte le parcours tumultueux, mené avec son mari, pour obtenir un titre de séjour.
"Une force en moi indescriptible"
Elle raconte avoir perdu 12 kilos depuis le début de sa grève de la faim, le 13 novembre. Malgré trois semaines sans manger et cinq jours d'arrêt maladie, Audrey ne s'est jamais inquiétée pour sa santé. "J’avais une force en moi indescriptible. Ma seule crainte était de voir mon mari partir."
Cette force l'a empêchée de sombrer dans le désespoir. Notamment lorsque la maire de son village lui tourne le dos. "C'était une aide potentielle, mais elle m'a dit qu'elle était navrée de la situation et qu'elle ne pouvait rien faire pour nous", se rappelle-t-elle.
Dans son pays, il n’aurait jamais obtenu de visa, nous aurions été séparés
Audrey
Les jours passent et le couple voit ses options se réduire. Mohamed est attendu le 30 novembre à la préfecture pour être assigné à résidence. Ce rendez-vous est synonyme de retour à la case départ pour lui. "Ils voulaient le renvoyer en Algérie. Une fois dans son pays, il n’aurait jamais obtenu de visa, nous aurions été séparés, ça aurait été un déchirement."
Un appel inespéré la veille du rendez-vous
Une première lueur d'espoir s'offre à Audrey, neuf jours après l'entame de sa grève de la faim. À ce moment, le commissariat de Colmar, inquiet de la santé de la quadragénaire, décide de venir aux nouvelles. "Ils m'ont dit qu'ils voulaient trouver une solution à notre dossier. Je leur ai raconté la situation de Mohamed. Le lendemain, ils m'ont rappelée pour me dire que sa situation allait se régulariser", raconte-t-elle.
Le couple attend tout de même la confirmation de la préfecture, qui intervient presque une semaine plus tard, le 29 novembre. "On avait rendez-vous le 30 pour l'assignation à résidence. La veille, la préfecture nous envoie un message pour nous prévenir que cet entretien est annulé." Mohamed reçoit le 1ᵉʳ décembre un récépissé pour un titre de séjour. Cela lui permettra d'être régularisé un an, avant de pouvoir renouveler son titre pour dix ans.
"Vivre enfin notre vie sereinement"
Ce "précieux sésame", comme elle l'appelle, permettra à Mohamed de pouvoir résider sereinement sur le sol français. Depuis 2021 et le premier refus de régularisation, le couple vivait dans une angoisse constante d'éloignement. "On avait peur toutes les semaines qu’il soit renvoyé en Algérie", explique Audrey.
Désormais, l'homme de 43 ans peut travailler légalement, lui qui dispose d'une promesse d'embauche dans le BTP. Le titre de séjour lui permet également de bénéficier de l'Assurance Maladie et de payer ses impôts. "On peut enfin vivre note vie sereinement", glisse Audrey.
Malgré cette délivrance, elle et son mari gardent quelques séquelles. L'obtention d'un titre de séjour relève, bien souvent, du parcours du combattant. "C’est une lutte de tous les jours. Il faut être fort et courageux, car autrement, c'est presque impossible", témoigne l'Alsacienne. Le "précieux sésame" est finalement arrivé le 23 février 2024 chez Audrey et Mohamed, soit plus de deux mois après la réception du récépissé.