Automobile : des non-voyants prennent le volant sur la piste d'un circuit

Comme chaque année depuis 2006, l'association Les non-voyants et leurs drôles de machines propose des stages de conduite sur le prestigieux Anneau du Rhin. L'occasion pour les non-voyants ou déficients visuels de trouver ou retrouver les sensations de la conduite. Et de prendre confiance en soi.

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Ils se sont lancés un pari fou : faire conduire ou pour certaines d'entre-elles reconduire les personnes non-voyantes. L'association "Les non-voyants et leurs drôles de machines" organise chaque année sur le circuit automobile de l'anneau du Rhin des stages de conduite destinés aux personnes mal-voyantes ou non-voyantes. Ce mercredi 2 novembre, ils étaient cinq stagiaires à tailler la route. Sensations fortes garanties.

Code de la route

Les paysages défilent mais lui ne les voit pas. Serge les sent plutôt. Au travers des vibrations du volant, du siège, de la voiture toute entière. C'est son copilote, Yannick Girault, moniteur d'auto-école qui le guide pour l'occasion sur les trois kilomètres de l'Anneau du Rhin. Avec ses yeux oui et surtout sa langue. Affutée. Rapide comme une Formule 1.

"Je fais ça depuis six ans maintenant. J'ai appris les mots pour. C'est un langage qui a beaucoup évolué, et qui maintenant est ce qu'on peut faire de mieux en termes de conduite accompagnée. Surtout quand on prend de la vitesse : il faut être rapidement compris, avec des mots justes et précis pour exclure tout danger. On s'entraîne d'abord sur de petites voitures, à vitesse modérée et ensuite on passe sur de gros cylindres. Plus la personne progresse, plus la confiance progresse aussi. Côté conducteur et passager. Il faut se faire plaisir en sécurité" raconte Yannick.

Plus la personne progresse, plus la confiance progresse aussi. Côté conducteur et passager.

Yannick Girault, moniteur d'auto-école

Serge et Yannick forment ainsi un étrange tandem de pilotes qui se comprend grâce à un vocabulaire bien précis. Juste quelques mots.  C'est Luc Costermans, ancien pilote automobile devenu non-voyant, organisateur de l'évènement et membre fondateur de l'association en 2006, qui a créé ce code. Ce code de la route d'un genre nouveau.

"Dans ma jeunesse j'ai fait du sport automobile et quand j'ai perdu la vue, j'ai perdu ces sensations aussi. J'en étais très malheureux. Sur la base de mes notes de rallye, j'ai alors décidé de créer un système efficace, une sorte de langage dédié à la conduite pour les non-voyants. Pour qu'au volant, ils puissent rapidement avoir les bons gestes et au final qu'ils puissent reconduire un jour. Droite 10, Axe, Gauche 5 ... c'est un langage codé pour vous mais très efficaces pour nous." 

Un plaisir retrouvé

Et Serge Vraivin qui sort tout juste de la voiture ne dira pas le contraire. Lui aussi passionné des voitures, il peut, depuis six ans, s'adonner à un plaisir qu'il avait presque oublié. "J'avoue avoir une grande sensation de bien-être, de bonheur oui. J'ai retrouvé au fil des ans et des stages quelque chose que je croyais perdu à jamais. Evidemment il faut y aller mollo, apprendre le code, s'entraîner et avoir confiance, au début c'est compliqué mais ensuite c'est le plaisir retrouvé."

J'avoue avoir une grande sensation de bonheur. J'ai retrouvé au fil des ans et des stages quelque chose que je croyais perdu à jamais.

Serge Vraivin, non-voyant

Ces stages sont organisés sur plusieurs circuits en France et comportent plusieurs niveaux. Car les publics sont différents et la route vers le zéro faute longue. "Ca peut aller de la découverte du poste de pilotage pour ceux qui n'ont jamais pu conduire et qui veulent, pour une fois être acteur de leur déplacement plutôt que toujours se faire véhiculer. Ils doivent apprivoiser la voiture, le langage, être très attentifs c'est difficile mais on y arrive. On s'adresse aussi à ceux qui ont perdu la vue et qui ont déjà conduit. Là c'est une redécouverte, la satisfaction de retrouver les sensations de la conduite" explique Luc Costermans.

Certains pilotes peuvent atteindre 150 km/h. Ici sur l'Anneau du Rhin, le maximum est fixé aujourd'hui à 80. Et c'est déjà pas mal pour des pilotes plongés dans la nuit noire.

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