Les élèves de 3ème du collège de Volgelsheim dans le Haut-Rhin vont devoir passer le 1er juillet l'épreuve de technologie du brevet des collèges alors qu'ils n'ont pas de professeur dans cette discipline depuis 7 mois. Leur cas n'est pas isolé en Alsace.
Le hasard a parlé, début mai. Comme chaque année, l’épreuve de sciences du brevet des collèges a été tirée au sort et c’est la technologie qui est sortie du chapeau. Une très mauvaise pioche pour de nombreux collégiens de l’académie de Strasbourg.
Au collège Robert Schuman de Volgelsheim, les parents d’élèves ne décolèrent pas. Les cinq classes de 3ème n’ont pas eu cours de technologie depuis novembre 2021. L’enseignante est malade mais impossible de lui trouver un remplaçant. "Cela fait des mois que l’on fait remonter ce problème à chaque réunion. Mais le rectorat est impuissant", affirme Pierrick O'Murphy, membre de l'association des parents d'élèves.
Il faut dire que le vivier est à sec. Car la technologie, même si elle fait partie intégrante du tronc commun au même titre que les sciences de la vie et de la terre (SVT) et la physique, est "mourante".
Une situation dramatique
Marc Bolzer du Snes-FSU, principal syndicat des enseignants du secondaire, ne mâche pas ses mots. "La situation est dramatique, il y a 30 postes de professeurs de technologie à pourvoir pour la rentrée prochaine, et c’est un minimum, il s’agit uniquement des postes ouverts par le rectorat, il en manque bien plus : 25 de plus selon nos estimations".
Des postes que personne ne viendra combler, chacun le sait. La discipline n’attire plus. Peu de candidats pour enseigner au collège. Les trois-quarts des professeurs de technologie de l’académie sont en fin de carrière. De quoi augurer, d’ici quelques années, une fonte drastique des effectifs.
Il y a bien le recours aux contractuels, souvent d’anciens professionnels de l’industrie. Ils sont au moins 54 depuis novembre mais il est toujours compliqué de les attirer dans des établissements excentrés de l’académie.
Recours massif aux contractuels
A Volgelsheim, les parents d’élèves ont donc demandé à ce que l’épreuve de sciences porte plutôt sur la SVT. Refus catégorique du rectorat : "le tirage au sort est national, aucune dérogation n’est possible", leur a-t-on répondu. Mais qu’ils se rassurent, les copies venant du collège de Volgelsheim seront traitées avec indulgence par les correcteurs. "Ce n’est pas une solution ! Qu’en est-il de l’égalité des chances dans cette épreuve nationale ? Elle est balayée. Par ailleurs, les élèves auront le diplôme, mais pas les connaissances. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut admettre", estime Pierrick O’Murphy.
En attendant, à un mois de l’épreuve, c’est le système D au sein du collège. C’est la professeure de technologie des 6e et 5e qui assure en catastrophe des cours de rattrapage aux 3e, au détriment, évidemment de ses propres élèves. Une synthèse du programme de 45 pages a également été fournie en ligne par le rectorat.
Pour réviser, c'est le système D
Il y a deux semaines, pour signifier leur mécontentement, l’association des parents d’élèves s’est tout de même fendue d’un courrier. Pour l’heure, pas de réponse du rectorat. A noter qu’il n’a pas non plus répondu à nos sollicitations.
Le courrier adressé au rectorat by France3Alsace on Scribd
Reste une interrogation, combien établissements sont-ils concernés en Alsace ? Combien d'élèves de 3e plancheront sur une épreuve dont la discipline ne leur a pas été enseignée? Au moins, ceux du collège d'Hégenheim dans le Haut-Rhin où, là encore, l’absence d’un professeur de technologie n’a pas pu être comblée. Il y en a évidemment d’autres.
Une certitude néanmoins, l’épreuve de technologie se déroulera, pour tous, vendredi 1er juillet de 13h30 à 14h30.