Sébastien Erhart met au point des ruches à partir de billes de bois mort. Plus écologique, ces ruches ont l'avantage de préserver la biodiversité tout en assurant une récolte de miel, certes plus modeste que des ruches classiques.
Stéphane Ehrart avait 15 ans lorsqu'il s'est lancé comme apiculteur amateur en reprenant les ruches de son grand-père du côté de Soppe-le-bas (Haut-Rhin). Il y a cinq ans, en 2018, il perd toutes ses abeilles. Une année catastrophique que, pour rien au monde, il ne voudrait revivre.
Il s'intéresse alors au fonctionnement des ruches sauvages. Sans aucune intervention humaine, ces ruches semblent bien fonctionner. Il décide de s'en inspirer et met au point, dans sa grange, une ruche pas comme les autres.
"J'ai beaucoup observé la nature avec les essaims qui se logent dans les troncs d'arbres. Je me suis aperçu que ces essaims-là n'avaient pas besoin d'interventions humaines pour fonctionner, pour vivre et tout se passe bien. Mon idée, c'était de retranscrire ce qui se passe dans la nature à l'échelle humaine".
Une ruche au naturel
Stéphane Erhart démarre ses expérimentations en se servant de troncs d'arbres déjà au sol. Après plusieurs essais infructueux, il met au point une ruche en aulne de 12 litres. "Elle est en bois massif, taillée en une seule pièce. On n'a pas de clou, pas d'agrafe, pas de colle".
Fabriquer une ruche de cet acabit nécessite deux à trois ans de patience. La durée de séchage du bois est primordiale si l'on veut éviter qu'il ne se fissure. Un tourneur de bois du Linthal, un village voisin, assure ensuite les finitions. Une couche de vernis et la ruche est prête à être installée.
Le jeune homme en a déjà fabriqué une centaine. Et depuis ce printemps, il les vend auprès des particuliers : 750 euros, essaim compris. Pour les non-initiés, ce modèle de ruche est intéressant : " C'est beaucoup moins complexe qu'une ruche classique avec ses hausses".
Le marché des particuliers
Ce matin-là, il se rend chez Stéphanie Blaser. La mère de famille avoue : "Cela fait longtemps que je voulais une ruche mais malheursement je n'y connais rien. J'ai rencontré Stéphane sur un marché. Ses explications m'ont convaincue et ca y est. Aujourd'hui, j'ai franchi le cap".
L'apiculteur installe au sol sur un lit de copeaux une souche de bois naturellement creuse. "Cela va permettre de récréer un écosystème au sein de votre sol, exactement comme cela se passe en forêt", explique Stéphane Erhrat.
La ruche, chargée de son essaim, est positionnée par dessus en prenant soin de mettre le trou d'envol vers l'est, car les butineuses sont des lève-tôt pour récolter le nectar des fleurs.
Bonne nouvelle : l'heureuse propriétaire n'aura presque rien à faire. Stéphane Erhart enfonce le clou : "Les interventions principales sont peu nombreuses. Il y en a une au printemps pour agrandir le volume de la ruche de manière à donner plus d'espace aux abeilles et une à l'automne pour venir récolter le miel et rétrécir la ruche".
L'apiculteur précise tout de même que ses ruches sont des "ruches de biodiversité écologique" : "On n'est pas sur de gros rendements. Si on récolte 10 à 15 kilos de miel, c'est bien. L'essentiel, c'est l'écosystème mis en place".
Stéphanie Blaser se réjouit d'avoir généré un peu plus de biodiversité dans son jardin. Elle compte observer l'activité de son essaim avant de pouvoir, si tout se passe bien, goûter son propre miel d'ici à la fin de l'été.