Il y a d'abord eu des appels de riverains inquiets pour la sécurité des promeneurs, puis un arbre déraciné lors de l'orage du 15 juillet dernier, la fermeture administrative du Poney Parc de Blodelsheim (Haut-Rhin) et enfin un appel à manifester pour le 24 juillet. Le bras de fer qui oppose le gérant de ce site touristique et familial et l'ONF prend une drôle d'ampleur.
"J'aurais bien aimé profiter de quelques jours de congés pour souffler un peu", soupire François Béringer, maire de Blodelsheim, dans le Haut-Rhin. Seulement depuis plusieurs semaines, sa commune est au centre d'une polémique qui ne cesse d'enfler.
Ce vendredi 19 juillet, il a dû prendre un arrêté municipal exigeant la fermeture du Poney Parc de Blodelsheim. Bien connu des habitants et des touristes, c'est un site de 14 hectares en bordure de forêt de la Hardt, qui accueille des chevaux mais aussi du public, des enfants venus de centres aérés entre autres, et des évènements comme des mariages.
Sauf que depuis quelques temps, des riverains dénoncent la faiblesse de certains arbres fragilisés. Et le 15 juillet, lors de l'orage assez violent qui a touché le sud du Haut-Rhin, deux arbres sont tombés dont un à proximité du chapiteau accueillant du public.
"Ce qui m'incombe, c'est la sécurité de mes administrés, explique François Béringer. 144 arbres ont été marqués par l'ONF comme morts ou fragilisés et rien ne bouge. Je ne peux pas fermer les yeux et j'ai donc pris mes responsabilités. J'ai en mémoire le drame de Pourtalès (13 morts en 2021 au parc de Pourtalès, NDLR), je ne peux pas faire comme si je ne savais pas".
Le Poney Parc est exploité depuis début 2018 par Jacky Boesch, qui n'en revient toujours pas. "C'est inadmissible, tempête-t-il au téléphone. On donne du plaisir aux gens, on fait vivre le site, on accueille des animaux et on nous fait fermer, alors même que des arbres sont tombés un peu partout dans le Haut-Rhin!"
Et d'expliquer sa position. Le terrain appartient à l'Etat, qui en a confié la gestion à l'office nationale des forêts, l'ONF. Une convention lie donc l'ONF à Jacky Boesch, chaque partie ayant des obligations d'entretien. "Déjà, au départ, je souhaitais plutôt racheter le terrain ou signer un bail amphythéotique de 45 ans avec l'ONF, qui a opté pour cette deuxième proposition. Seulement, depuis rien n'a été fait, et c'est donc la convention qui liait mon prédécesseur à l'ONF qui a cours."
Manifestation devant la mairie
Pour l'entretien des arbres, c'est à l'ONF d'intervenir. "Ils ne sont jamais venus ! déplore Jacky Boesch. Enfin, en novembre 2023, des ingénieurs sont venus et ont repéré 144 arbres à toiletter ou à abattre."
C'est là que le conflit s'épaissit. En mai 2024, l'ONF souhaite intervenir sur les arbres fragiles mais d'après l'organisme, Jacky Boesch a refusé les travaux. "Ils sont arrivés avec des énormes machines qui allaient détériorer tout le terrain, j'ai demandé une intervention humaine". Et depuis, Statu quo.
Nous avons contacté l'ONF, qui n'a pas souhaité s'exprimer, une procédure judiciaire étant en cours. Jacky Boesch a en effet porté le conflit devant le tribunal de Colmar. En attendant une décision, une pétition en ligne a été lancée et une manifestation de soutien au gérant du Poney Parc est prévue ce mercredi 24 juillet à partir de 16 heures. Le cortège ira du parc à la mairie.
"Je suis tout à fait disposé à recevoir une délégation, précise François Béringer mais je ne changerai pas l'arrêté, je refuse de prendre le moindre risque tant que rien ne sera fait pour sécuriser les arbres."
Et donc pour l'instant, le Poney Parc reste fermé au public.