Un décret de "mesures transitoires" pris le 23 octobre 2024 par le gouvernement Barnier permet à des infirmiers et infirmières moins formés de travailler en bloc opératoire. Les principaux syndicats de la profession appellent à la grève ce jeudi 12 décembre.
"Formation bradée, patients en danger." Voilà le slogan qui résume la situation vécue par ces infirmières de bloc opératoire (Ibode) en grève, mobilisées à Colmar (Haut-Rhin), jeudi 12 décembre 2024. La colère est dirigée vers un décret publié mercredi 23 octobre par l'ancien gouvernement Barnier.
Ce décret permet "aux infirmiers non titulaires d'un diplôme d'État de bloc opératoire de réaliser l'ensemble des actes et activités" des infirmiers spécialisés en bloc opératoire. Le décret a pour but de pallier la pénurie d'Ibode en bloc, et permet donc aux infirmières non spécialisées d'exercer, à condition d’être titulaire d’une autorisation temporaire délivrée par le préfet, et de valider une brève formation.
"Cela dévoie notre profession, s'agace Floriane Wolff, infirmière et étudiante Ibode. La spécialisation Ibode arrive après le diplôme d'infirmière, elle dure deux ans pour 3 000 heures de formation. Sans Ibode, il n'y a pas de sécurité au bloc opératoire."
Même constat pour Mélina Millot, infirmière étudiante en deuxième année Ibode. "Je ne veux pas que les patients manquent de sécurité. Notre formation n'existe pas pour rien. On ne laisserait pas un généraliste jouer au chirurgien en bloc opératoire. Là, c'est le même enjeu."
Et chacune y va de sa métaphore. "C'est gravissime pour la santé des patients, assure Floriane Wolff. Est-ce que vous laisseriez un steward piloter un avion alors qu'il a seulement vu une fois un pilote chevronné à l'œuvre ? Non."
Les infirmières de bloc et les principaux syndicats, et notamment la CGT Santé, demandent le retrait de ce décret.