Loin des ascensions prisées comme l'Everest, Karim Akachar est parvenu il y a quelques mois en haut du Tserko Peak, au Népal, en duo avec un ami népalais. Une première en style alpin.
"Un mélange de joie, de soulagement et d'émerveillement face à l'immensité qui s'étend devant soi." Au sommet du Tserko Peak, Karim Akachar a le souffle coupé, tant par la magie du moment que par les heures d'effort pour parvenir en haut de cette montagne de 5 749 mètres d'altitude, à la frontière entre le Népal et la Chine.
Ce mercredi 2 mai 2024, il se pose pour "un moment suspendu où l'on se sent connecté à la nature", avec "un sentiment de réalisation et de fierté immense". Après un pic d'adrénaline, c'est le calme intérieur, et le sentiment de "petitesse face aux montagnes".
Le Colmarien de 45 ans n'en est pas à son coup d'essai. Il est un féru d'alpinisme et habitué de l'Himalaya. Mais le Tserko Peak est très particulier. "Vous êtes tout seul dans la montagne. Ce n'est pas une ascension commerciale comme l'Everest", explique Karim. Et avec son comparse Tursi Gurung, ami et accessoirement président de l'Association nationale des guides de montagne du Népal, ils ont enduré des conditions climatiques difficiles.
"On est restés plusieurs jours au camp de base à 5 000 mètres, sous notre tente avec un réchaud. Sur la fin de la montée, on marche sur une crête, encordés. Si l'un d'entre nous bascule d'un côté, il faut qu'on soit prêt à basculer de l'autre pour ne pas tomber tous les deux."
Karim Akachar et Tursi Gurung ont effectué cette ascension en style alpin. "C'est l'inverse d'une ascension commerciale, où les sherpas portent le matériel et mettent en place les cordes, les pics, les pitons, où vous n'avez qu'à arriver avec votre baudrier et vous accrocher. Là, c'est : débrouille-toi, porte ton matériel et choisis ta voie." C'est plus difficile, mais ils étaient conscients des risques.
Préparation dans les Vosges
Karim n'est pas fan des sommets commerciaux, sans pourtant dénigrer ceux qui s'y frottent. Le récent succès du youtubeur InoxTag, et ses deux millions de vues sur son documentaire sur son ascension de l'Everest, a eu un impact positif sur la pratique sportive. "InoxTag a fait s'intéresser des jeunes à la montagne et la randonnée, je l'ai constaté chez des amis de mon fils."
L'ascension d'un tel sommet ne s'improvise pas. "Ça se prépare toute l'année, au long cours. Et dans les Vosges, ce n'est pas toujours évident. Alors je vais parfois dans les Alpes." Et pourtant, rien ne prédestinait le Colmarien à de telles expéditions. "A la base, j'étais dans le football. Mais une fracture du tibia m'a immobilisé. J'ai commencé à marcher pour la rééducation, et j'ai pris goût à la randonnée", raconte Karim.
Et il a déjà plusieurs destinations en tête pour la suite, toujours au Népal : le Lobuche Peak (6 118 mètres d'altitude) ou le Manaslu (8 163 mètres).