Après plusieurs mois passés à chercher une solution, Stéphane Jordan vient de lancer son entreprise de vélo-taxi à Colmar. Deux arrêts municipaux, datant d'une dizaine d'années, interdisent ce mode de déplacement dans le centre-ville. Un mode de déplacement déjà en place dans d'autres communes.
Après presque deux ans de combat contre la mairie de Colmar, Stéphane Jordan, vient de lancer, lundi 20 janvier, son entreprise de vélo-taxi. Ce jeune homme de 36 ans vendait auparavant des fenêtres, des piscines et dernièrement travaillait à la Poste en tant que vendeur-formateur pour la partie téléphonie mobile. Il a donc décidé de se consacrer à la création de son projet, pas dans les conditions idéales qu'il aurait souhaitées, mais cela n'entame aucunement sa détermination.
"Il y pas mal de temps que je suis sur mon projet de vélo-taxi, mais il y a à Colmar des arrêtés municipaux qui m’interdisent la circulation en centre-ville. Pour l’instant je me contente de tourner autour de la gare et du Champ-de-Mars, alors que tout le monde, y compris les voitures, a le droit de circuler dans le centre-ville : les trottinettes, les segways, les vélos classiques, les navettes de bus gratuites, la calèche, mais pas moi, avec mon vélo-taxi. On marche sur la tête. Tous les gens que j’ai rencontrés m’ont dit que c’est un super projet".
Incompréhensible
Une situation qu’il comprend d’autant moins que ce service de vélo-taxi existait déjà il y a une dizaine d’années. "Il fonctionnait très bien. Le service de vélo-taxi avait même reçu le prix de l’innovation des mains du maire, Gilbert Meyer. Mais quelques années plus tard, il prend deux arrêtés municipaux qui le font couler en interdisant l’accès du centre-ville".Les deux arrêtés municipaux datent de 2009 et 2010. Le premier avait été pris à la suite d’un incident entre le vélo-taxi et un petit train touristique. Celui de 2010 invoque l’encombrement des voies par les terrasses de café, les activités de taxi et les petits trains touristiques. "On dit que le vélo-taxi n’a pas sa place alors qu’il y a quatre trains touristiques qui vont dans toutes les ruelles, sans compter les trois navettes de bus électriques. C’est totalement aberrant".
Votre projet c’est le vôtre, ce n'est pas le mien
- Gilbert Meyer, maire (LR) de Colmar
Stéphane Jordan a déjà eu l’occasion, à plusieurs reprises, de rencontrer le maire pour parler de son projet, mais il dit avoir eu affaire à quelqu'un de méprisant. "Votre projet c’est le vôtre, ce n'est pas le mien", lui aurait rétorqué Gilbert Meyer. "J’ai tenu bon, j’ai créé une page Facebook, j’ai lancé une pétition en ligne, j’ai eu énormément de soutien. Je suis même soutenu par la liste Colmar pour tous de Christian Denéchaud, qui se présente aux élections municipales".
Du côté de la mairie, le cabinet de Gilbert Meyer que nous avons contacté, s'oppose toujours au projet de Stéphane Jordan pour les mêmes raisons : celui de la sécurité. Le vélo-taxi est jugé dangereux pour les usagers.
Un projet viable
Stéphane Jordan a démarché toutes les maisons de retraite et hôtels de Colmar pour sonder et capter sa future clientèle. "Ils sont tous très intéressés et trouvent que ce service a sa place à Colmar. Il n’y a que la mairie qui ne me soutient pas. Alors que c’est un projet écologique et social. On est dans l’air du temps".Stéphane Jordan a donc fait l'acquisition d'un vélo-taxi, un tricycle à assistance électrique dont la banquette arrière peut accueillir deux passagers. "Ce vélo m’a coûté 10.000 euros, c’est un énorme investissement pour moi, mais j’y crois dur comme fer à ce projet, parce que je suis convaincu que ce mode de déplacement a sa place. Monsieur le maire croit que je vais faire de la balade touristique mais il n’a pas compris que ma priorité c’est de transporter les gens au quotidien : les personnes âgées qui veulent aller chez le coiffeur ou qui veulent aller faire leur course, ce genre de chose".
Bien que le mois de janvier ne soit pas la meilleure période pour ce mode de déplacement, Stéphane Jordan croit au succès de son entreprise. Grâce à de l’argent qu’il a mis de côté, il se dit relativement serein, même si les premiers jours ne fonctionnent pas à plein régime. Ce mode de déplacement a d'ailleurs fait ses preuves dans d'autres villes en France, comme Saint-Jean-de-Luz ou à Lille, avec le Happy moov : "J’ai été en contact avec Antoine Duthoit, à l'origine du projet à Lille. Ici, c’est la municipalité qui offre à ses citoyens le vélo-taxi".