Frédéric, nouveau pompier volontaire à 53 ans, grâce à l'engagement différencié : "c'est un rêve de gosse qui se réalise"

Frédéric Jacquel est le premier pompier volontaire du Haut-Rhin recruté via l'engagement différencié. Le dispositif permet à ce cinquantenaire, diminué physiquement par un accident, d'être mobilisé pour des missions de soin d'urgence aux personnes.

Voilà plus de trente ans qu'il traînait derrière lui le regret de ne jamais avoir réalisé son rêve. Fils d'un pompier professionnel, Frédéric Jacquel pensait suivre les pas de son père dès son plus jeune âge. "Je suis né dans une caserne, j'ai grandi autour de camions rouges. Pour moi, finir pompier était une évidence."

S'il s'engage lors de ses 16 ans, l'Alsacien connaît très tôt un grave accident de la circulation, qui met fin à ses rêves. "Je n'étais plus apte physiquement pour les missions", se souvient-il. La déconvenue est grande pour lui, qui pense tirer un trait définitif sur son rêve d'enfant. 

Mais tout bascule l'été dernier. Au hasard d'une rencontre avec le chef de corps du Centre de première intervention d'Urschenheim, Frédéric Jacquel apprend qu'un nouveau dispositif permet à une plus grande partie de la population de s'engager comme pompier volontaire."Ça m’a fait dresser les poils. On venait de m’expliquer que je pouvais redevenir pompier. C'était un poids, longtemps gardé, qui s’envolait."

Le premier à s'engager dans le département

À la suite de cet échange, Frédéric Jacquel décide de candidater. Il se présente dans un premier temps à un entretien, qui analyse ses motivations. S'ensuivent plusieurs tests censés jauger l'aptitude physique des potentiels futurs pompiers. "Ils mettent en place un parcours schématique d'une scène de soin d'urgence à la personne. Vous devez courir, porter un sac avec tout le matériel, puis apporter les soins adéquats à une victime en arrêt respiratoire." Le cinquantenaire passe les épreuves et sa visite médicale avec brio. "Je faisais figure d'ovni à côté des autres candidats. Ils avaient tous entre 18 et 25 ans." 

Il est d'ailleurs le premier à signer son engagement avec une brigade du Haut-Rhin, celle de Muntzenheim. Une ultime formation "prompt secours", consacrée à la prise en charge des victimes dès les premiers instants, lui permettra d'obtenir le titre de pompier stagiaire début mars.

Son accident de la route semble loin. S'il n'est pas apte pour des missions d'incendie, il peut être mobilisé pour des secours d'urgence aux personnes. C'est d'ailleurs tout l'intérêt de cet engagement différencié. "C'est une réelle option pour ceux ou celles qui n'ont pas la capacité physique de traiter de lourdes interventions, ou qui n'en ont tout simplement pas le temps", explique-t-il.

Formateur professionnel dans le marketing, Frédéric Jacquel doit désormais consacrer un quota d'heures minimum par semaine à ses nouvelles obligations. "Je dois être de garde toutes les quatre semaines." Une plateforme en ligne lui permet d'indiquer ses disponibilités pour être mobilisé en journée. 

Un réel besoin pour les casernes du Haut-Rhin 

La mise en place de l'engagement différencié, depuis fin décembre 2023, permet aux casernes de toucher plus de monde et ainsi de combler, partiellement, le manque de pompiers. Le besoin est crucial dans la mesure où 80 % des interventions concernent les soins d'urgence à la personne dans le département. "On fait face à une érosion des effectifs, surtout en semaine et en journée, car c'est le moment où les pompiers volontaires travaillent", observe le SDIS 68. L'augmentation du nombre de volontaires est donc une priorité pour les brigades qui peinent à assurer toutes leurs missions. 

Depuis sa mise en place, l'engagement différencié fait l'objet d'une grande communication. "Vous manquez d’amour dans votre vie ? C’est le moment de vous engager avec passion chez les pompiers du 68 ! Devenez sapeur-pompier volontaire, toutes missions ou pour une seule mission, le secours et les soins d’urgence aux personnes", pouvait-on lire le 14 février dernier sur le compte X du SDIS 68.

Cette stratégie permet aussi d'attirer une population différente, plus sensible au secours à la personne. "Il y a beaucoup de jeunes femmes qui se sont présentées lors des recrutements. Sans l'engagement différencié, cela n'aurait pas été possible", se félicite le SDIS 68 qui rappelle que le nombre de pompiers volontaires diminue de 10 % chaque année.

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