Le personnel du service de psychiatrie des Hôpitaux Civils de Colmar (HCC) manifestera mardi 23 janvier 2024 à partir de 13h45. Les agents dénoncent l’insécurité régnant au sein de leur service, installé dans le bâtiment du Parc. Jeudi 18 janvier, un patient a brandi une grenade devant le personnel avant d’être interpellé par la police. De son côté, la direction défend une psychiatrie ouverte sur l'extérieur et la société.
Le personnel du service de psychiatrie des Hôpitaux Civils de Colmar (HCC) entend manifester son exaspération mardi 23 janvier 2024. Un débrayage qui devrait durer une petite heure, à partir de 13h45 devant le bâtiment du Parc, rue du Staffen. L’ancienne maternité où la psychiatrie a pris ses quartiers en septembre 2021.
Les agents dénoncent l’insécurité qui règne au sein de leurs locaux. Un incident a mis le feu aux poudres, "l’incident de trop", selon Gilles Hunzinger, secrétaire départemental FO CDRS. Jeudi 18 janvier vers 11 heures, un patient de 49 ans, connu du service et venu pour une consultation médicale montre des signes d'agitation.
L'agent de sécurité et des infirmiers sont appelés en renfort. Le patient menace alors de dégoupiller une grenade avant de sortir. Il sera interpellé peu de temps après par la police puis placé en établissement spécialisé. La grenade s'est révélée inerte.
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"Tout le monde était en état de choc"
Jean-Marie Sutter, représentant syndical FO
"Tout le monde était en état de choc ", raconte Jean-Marie Sutter, secrétaire départemental adjoint FO, qui s’est rendu sur place pour rencontrer le personnel. "L'accident aurait pu être dramatique mais à chaque fois la hiérarchie minimise, c'est ce qu'on lui reproche" affirme Gilles Hunzinger.
Selon les deux syndicalistes, le bâtiment ne serait pas adapté au public soigné. Le Parc accueillait autrefois la maternité de l’hôpital Pasteur. Les locaux ont fait l’objet de travaux de réhabilitation à hauteur de plus de 4 millions d’euros avant l’installation de l’unité de psychiatrie pour adulte en septembre 2021.
Hospitalisation et consultation de jour, 5000 patients sont suivis chaque année dans une unité qui emploie 70 agents. Mais " il manque des fenêtres blindées, certaines chambres n’ont pas de barreaux. Les téléphones portables des agents permettent de donner l’alerte en cas de problème mais ils ne sont pas géolocalisables " , égrène Jean-Marie Sutter.
Des dealers dans l'enceinte du parc
Autre problème : le manque de contrôle des allées et venues. Le personnel demande des barrières, un portail fermé. " Des dealers rentrent sur le site pour faire leur trafic. Le maire de Colmar a été prévenu, la police a organisé des rondes l’été dernier ", raconte Gilles Hunzinger.
" Entre les dealers et ceux qui se promènent avec les couteaux et des grenades, ça fait beaucoup", résume-t-il.
De son côté, la direction défend une psychiatrie ouverte sur l’extérieur et la société. "Malheureusement, aucun établissement public n’est exempt de ce type d’incident, la violence n’est pas l’apanage de la psychiatrie. Le personnel a été exemplaire en suivant le protocole de sécurité, si le bâtiment avait été fermé, cela aurait pu être pire", estime Jean-Michel Scherrer, le directeur des HCC.
Un changement de doctrine pour la psychiatrie
Et de rappeler une tendance de fond de la discipline qui refuse désormais d’enfermer les patients. "La maladie ne doit plus être stigmatisée, la psychiatrie ne doit en aucun cas devenir carcérale, c’est le combat et le message que défendent tous les psychiatres " explique-t-il.
Un changement de doctrine qui peut être difficile à appréhender pour le personnel.
Concernant la sécurisation des locaux, Jean-Marie Scherrer indique que des travaux seront menés en 2024 au 1er étage, là où sera installée une unité de soin sans consentement. 4 lits, un service très spécialisé qui bénéficiera de nouvelles huisseries et d’un sas de sécurité.
"Je comprends la peur du personnel, mais nous allons accompagner ce changement, on va vers une psychiatrie ouverte, nous tiendrons bon mais nous mettrons les moyens pour assurer la sécurité des agents" promet le directeur.