Le maire de Colmar a convié la presse locale chez lui. Pour mettre les points sur les i. Gilbert Meyer ne se sent pas responsable de l’implosion de sa liste en plein entre-deux tour. Il veut quitter la scène politique la tête haute.
Il est des coups du sort dont on ne se relève pas. Frappé par un AVC le 8 mai dernier, Gilbert a dû prendre une décision difficile. Son état de santé l’empêche de continuer à rester à la tête de la mairie de Colmar. A cela s’ajoute la scission de son équipe après la douche froide du premier tour.
Implosion de la liste
Après l’annonce des résultats du premier tour, la liste « Colmar, passionnément avec Gilbert » se déchire. L’équipe arrive en deuxième position avec 32, 47% des voix, derrière le député LR Eric Straumann (37,46%). Gilbert Meyer, qui ne peut juridiquemement se retirer de la tête de liste pour le deuxième tour (voir ici les règles du Code éléctoral), souhaite alors propulser en première ligne Claudine Ganter, son adjointe à la coopération territoriale. Un désaveu pour son dauphin historique. Yves Hemedinger refuse les nouvelles règles du jeu. Les deux camps se déchirent. Cette guerre ouverte à sa succession amène Gilbert Meyer à prendre une décision radicale : saborder toute l’équipe. La liste n'est pas déposée pour le deuxième tour. Finie la triangulaire annoncée entre Eric Straumann, Gilbert Meyer et l'écologiste Frédéric Hilbert.
« Je ne pense pas être responsable »
Sa liste n’aura donc pas survécu à son hospitalisation et la fracture ouverte à sa succession. Devant la presse, Gilbert Meyer ne veut pas commenter cet échec. "Il faut toujours assumer avec amertume les conséquences, quelles qu’elles soient, mais je ne pense pas être responsable du retrait de la liste" dit-il. Mais refuse d’être mis en cause sur les désaccords de ses colistiers. Il regrette le cheminement pris par son équipe. Et se désole de ne pas avoir trouvé la solution pour que quelqu’un prenne sa suite.
Il faut toujours assumer avec amertume les conséquences, quelles qu’elles soient, mais je ne pense pas être responsable du retrait de la liste, -Gilbert Meyer, maire de Colmar
Réactions de Claudine Ganter et Yves Hemedinger
N’y avait-il pas moyen de faire autrement ? A cette question, Claudine Ganter botte en touche : « On peut toujours dire qu’on va faire autrement. Mais la décision a été prise, on va la respecter et remercier les colistiers qui l’ont acceptés et les Colmariens qui l’a comprendront. Dire merci aussi aux 33% d’électeurs qui nous ont fait confiance et puis continuer. (…) Ca sera toujours un regret mais c’est une décision que je respecte. Je suis une fidèle de Gilbert Meyer. je respecte sa décision."
La pilule est autrement plus difficile à avaler pour Yves Hemedinger, premier adjoint depuis 12 ans et aux côtés de Gilbert Meyer depuis 25 ans.
« Moi je suis abasourdi par la situation, mais les Colmariens aussi, j’en croise pas mal depuis ces derniers jours. Les gens ne comprennent pas. C’est triste pour l’équipe, pour les Colmariens qui nous suivent depuis 25 ans. Aujourd’hui cette équipe se fracasse parce qu’il y a eu pas mal d’interventions."
Il rappelle qu’en 2014, Gilbert Meyer, élu pour la quatrième fois, s’était engagé à ne pas se représenter ensuite. Il avait peur du mandat de trop. « J’étais prêt à me présenter en 2020. Je suis Colmarien, j’aime ma ville j’ai mouillé ma chemise. Néanmoins on avait trouvé un compromis. Je ne voulais pas créer de division et continuer à rassembler sur la base du duo qu’on avait mis en place. Ce duo, il l’a sabordé. » (voir ici la présentation de la liste avec Gilbert Meyer et Yves Hemedinger).
Depuis l'hospitalisation de Gilbert Meyer, le premier adjoint dit ne plus avoir été en contact avec le maire. « Certains ont sans doute essayé d’avoir une mauvaise influence sur lui. C’est une manoeuvre, c’est un complot. C’est ce qui mène à la situation d’aujourd’hui. C’est révoltant. »
Pour lui, pas d’explication rationnelle. Il a appris ce sabordage par un mail laconique une heure avant la clôture des listes.
« Peut être qu’il n’avait jamais envie que je lui succède mais qu’il s’est servi de moi dans ce duo. Je suis déçu par par rapport aux Colmariens qui nous on fait confiance, par rapport aux projets, déçu par quelqu’un à qui j’ai accordé beaucoup de confiance. J'ai été loyal, et pas payé en retour. Ma confiance, il ne la méritait pas ». Yves Hemedinger, qui est aussi conseiller départemental, compte poursuivre son action, et soutenir sa ville.
Gilbert Meyer, fier de son bilan
Gilbert Meyer refuse d’épiloguer et veut sortir la tête haute. Il revient sur son bilan. Les chantiers majeurs des Dominicains et du musée Unterlinden. Mais sa plus belle réalisation « ce sont les 130 000 euros investis toutes ces années à la rénovation des quartiers ouest ». Soit les quartiers les plus pauvres de Colmar.
Ce qu’il retient aussi, sa proximité avec les gens, tout au long de ses 25 ans de carrière politique.
« Déchargé d’un poids »
Depuis son retrait, Gilbert Meyer se sent déchargé d’un poids. Il va enfin prendre du temps pour lui. Face à la presse, il apparait amaigri, mais souriant. En tenue décontracté devant sa bibliothèque. Gilbert Meyer a un peu de mal à parler. Mais il relève un beau défi après 18 jours d’hospitalisation et des séances d’orthophonie. Un rendez-vous comme un adieu. L’édile se retire de la vie politique. Et souhaite que ses électeurs se sentent libres. Aucune consigne de vote. Fin de partie.