Un procès hors normes a débuté ce mercredi 3 mai aux assises du Haut-Rhin, à Colmar. Neuf accusés comparaissent. Ils sont accusés de quatorze faits d'agressions avec violence, parfois à main armée, commis en réunion et en récidive, aux dépens de personnes âgées. Certains accusés encourent la réclusion à perpétuité.
Ils sont neuf sur le banc des accusés à la cour d'assises de Colmar (Haut-Rhin) ce mercredi matin, 3 mai. Une bande aux contours et aux profils variables. Il leur est reproché d’avoir commis quatorze agressions à domicile, chez des personnes âgées, des vols avec violence, parfois sous la menace d'une arme.
Les maisons sont fouillées, des objets dérobés, constituant un véritable butin : bijoux, montres, sacs à main de luxe, téléphones portables, cartes bancaires. Les faits se sont principalement déroulés entre Mulhouse et Colmar, de décembre 2018 à mars 2019.
Le cœur de la bande est composé de délinquants multirécidivistes, cumulant 86 mentions au casier judiciaire pour les six principaux accusés. L’un d’eux, identifié et interpellé le 3 avril 2019, est décrit par certains des co-accusés comme le chef de la bande. Le repérage des lieux, la préparation des cambriolages, ce serait lui. Entendu lors du premier jour du procès, Pierre-Antoine Davaine conteste vivement ce rôle qu’on lui impute.
Individualiser les peines
L’enjeu du procès sera de "rendre à César ce qui appartient à César", fait valoir l’avocat de la défense, Me Emmanuel Spano, selon qui, il faut éviter l’amalgame. "Dans beaucoup de faits, on se retrouve avec beaucoup de personnes dont on ne sait pas pourquoi elles sont rattachées aux faits en question. Concernant l’accusé que je défends, M. Davaine, on le retrouve partout ou presque, alors que quelques fois, on a bien du mal à cerner son rôle. Notre premier devoir va être de rattacher chaque accusé à ce qu’on peut réellement lui reprocher".
La tâche risque d’être compliquée. Certains reconnaissent les faits, d’autres pas, les parcours sont parfois similaires, parfois non. "Chaque peine doit être envisagée selon la personnalité de l’accusé, son parcours, son enfance, son éducation. Ces jeunes gens qui peuvent paraitre des gueules cassées de notre société se retrouvent aujourd’hui devant une cour d’assises à répondre de faits particulièrement graves".
Aucune excuse
Des gueules cassées, il y en a aussi de l’autre côté de la salle, au sens littéral, parmi les parties civiles. Leurs avocats ne s’apitoient pas devant le parcours de vie des accusés. Un échec oui, mais un échec de la part des accusés, pas du système, considère pour sa part l'avocat des parties civiles, Me Stéphane Thomann. "On a appris qu’à l’âge de 31 ans, il a passé 9 ans en prison. Donc, on voit le parcours, cela n’excuse rien", fait-il remarquer en parlant du principal accusé, Antoine Davaine.
L'objectif des avocats de la partie civile sera de mettre l'accent sur la vulnérabilité particulière des victimes et la violence des vols qu'elles ont subis. Violentées, ligotées chez elles par leurs agresseurs cagoulés, parfois blessées par la crosse d’une arme de poing, le traumatisme se lit encore sur les visages. Du moins pour celles qui sont présentes au procès. "Quand on voit l’état de mes mandants, dans lequel ils ont été laissés, je n’ai aucune compassion par rapport à ce qu’on a entendu ce matin. Beaucoup de victimes ne viennent pas en raison de leur âge. Ceux présents ce matin me faisaient remarquer qu’ils étaient les plus jeunes à presque 80 ans. Il y a une lâcheté terrible que rien n’excuse, rien n’explique".
En raison du nombre d'accusés et de victimes, le procès se déroulera sur deux semaines. L'un des enjeux principaux sera de déterminer le degré de participation de chacun des accusés à chacune des agressions. Un enjeu capital pour cinq d'entre eux, qui ont agi en récidive et encourent, de ce fait, la réclusion criminelle à perpétuité.