Rodéos urbains : trois contrôles par jour, "on manque d'effectifs et de moyens" dénoncent les syndicats de police en Alsace

Après la mort par balle d'un homme de 27 ans lundi 15 août à Colmar (Haut-Rhin), le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin entend renforcer les contrôles visant les rodéos urbains. Un effet d'annonce alors que les effectifs de la police en Alsace sont en tension, et que ces opérations de contrôles sont déjà menées régulièrement.

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Un retour de la politique du chiffre ? Le dernier tweet du ministre de l'Intérieur Gérarld Darmanin, mardi 16 août 2022, au lendemain de la mort par balle d'un homme de 27 ans à Colmar (Haut-Rhin), laisse peu de doute. 

Après avoir énumérés les résultats de la semaine passée concernant les contrôles des rodéos urbains, le ministre a affirmé que, dès ce mercredi 17 août 2022, "chaque commissariat mènera au moins trois opérations anti-rodéos par jour." Selon Gérald Darmanin, 2914 opérations anti-rodéos ont été menées, 338 personnes interpellés, 157 véhicules saisis en France, entre le 8 et le 14 août.

Les rodéos urbains ont progressivement occupé la scène médiatique de ce début août. Dans le Val-d'Oise, une fillette de 7 ans, percutée par un scooter, vient de sortir du coma . A Marseille (Bouches-du-Rhône), un jeune homme s'est tué après avoir perdu l'équilibre. A Colmar dimanche 14 août 2022, une altercation à cause d'un scooter bruyant a causé la mort d'un Afghan de 27 ans, tué par balle.

"Nous n'avons pas attendu cet événement tragique, ni les annonces du ministre pour mener des contrôles, se défend le secrétaire adjoint Grand Est d'Alternative Police-CFDT, Sylvain André. Régulièrement, des opérations sont montées. La semaine dernière encore, nous étions dans le quartier de la Meinau à Strasbourg."

Moyens humains insuffisants

Mais ces contrôles demandent beaucoup de policiers. Vingt à trente agents sont nécessaires par opération. "Il faut que nous puissions travailler en toute sécurité", résume Sylvain André. Or les effectifs de police nationale en Alsace sont en tension.

Selon les syndicats, il manquerait une trentaine d'agents à Strasbourg, et autant à Colmar. Arrive alors le moment où il faut faire des choix. "Si vous engagez des effectifs pour un contrôle anti-rodéo - ou anti-drogue - vous ne pouvez pas assurer correctement le service Police secours", regrette Sylvain André.

A Colmar, les policiers auraient parfois chacun 300 dossiers en cours à traiter. "Les agents sont asphyxiés par les procédures, dénonce le secrétaire Grand Est d'Alliance, Michel Corriaux. Ces contrôles supplémentaires vont générer des interpellations et des dossiers, même s'il est évident qu'il faut mettre hors d'état de nuire les délinquants."

Pour sécuriser le quartier Europe, où est mort l'homme de 27 ans, la CRS 8, compagnie spécialisée dans les situations de violences urbaines, est arrivée mardi 16 août, soit une soixantaine d'agents supplémentaires sur Colmar, sans doute jusqu'à fin août.

Quels moyens légaux face aux rodéos ?

En France, les policiers ne peuvent que demander à un deux-roues pris en flagrant délit de rodéo urbain de s'arrêter. Il leur est interdit de le poursuivre. Cela créé plus de danger et pourrait causer des blessés, et la responsabilité des policiers est engagée en cas de chute d'un conducteur.

Mais pour certains policiers, la réponse n'est pas assez ferme. "Dans les quartiers, comme à Colmar, il règne une impunité chez les délinquants, ils se moquent de la police", affirme Michel Corriaux. Les syndicats demandent donc que la course-poursuite soit autorisée, tout comme le tamponnage tactique. Cette pratique controversée consiste, lors d'une poursuite, à bousculer un deux-roues avec une voiture, le faire chuter et ainsi mettre fin à sa fuite.

"L'intervention à chaud reste à proscrire", plaide le débuté LREM du Bas-Rhin Bruno Studer, invité ce mercredi 16 août sur France 3 Alsace. Pour l'élu, à l'origine de la loi du 3 août 2018 renforçant la lutte contre les rodéos motorisés, la législation est "complète" et "donne à la police et à la justice tous les moyens d'agir". Pas de poursuite ni de tamponnage donc, mais le député se dit favorable à l'utilisation de drones, permettant de localiser les quads, motos et autres scooters après leur fuite. Un décret devrait bientôt entrer en vigueur en ce sens.

Les syndicats de police demandent aussi que l'autorité judiciaire soit plus sévère, notamment en ordonnant la confiscation systématique des engins et en déférant systématiquement les contrevenants. Les peines encourues pour du rodéo urbain ont pourtant été revues à la hausse en 2018 ; jusqu'à un an de prison et 15.000€ d'amende, une peine doublée si les faits sont commis en réunion, et triplée si le conducteur est alcoolisé ou sous l'emprise de stupéfiants.

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