Coronavirus : les salariés de la Poste du Haut-Rhin demandent au préfet "un confinement presque total" du personnel

Dans un courrier adressé au préfet du Haut-Rhin, les représentants syndicaux des personnels de La Poste tirent la sonnette d'alarme et en appellent à "un confinement presque total de ses agents". Ils se disent prêts à assurer un service minimum pour les urgences, sur la base du volontariat.

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Dans le Haut-Rhin, un des premiers foyers de l'épidémie de Coronavirus, les personnels de la Poste, ceux qui distribuent le courrier comme ceux qui accueillent encore du public dans certains bureaux centraux encore ouverts, sont inquiets au point de s'adresser directement au préfet du département. Leur représentant au CHSCT (Comité hygiène, sécurité et conditions de travail) sur le périmètre de l'établissement de Colmar et Centre-Alsace, également secrétaire départemental CGT pour la Fédération des activités postales et télécom, Olivier Panetta, "s'insurge", dans un courrier adressé au préfet, "que le Haut-Rhin ne soit pas considéré comme un territoire à part par le gouvernement étant donné la situation encore plus dramatique que nous vivons dans le département que dans le reste de la France".

Suspendre le courrier non urgent

Masques, gants, gel sont certes distribués pour assurer leur protection, mais "les agents ne se sentent pas en sécurité. A Mulhouse, ils tombent comme des mouches", s'alarme-t-il. Et comptabilise pour le seul secteur de Colmar et Centre Alsace 80 absents, dont dix malades.

Il demande la suspension de toute distribution qui ne serait pas prioritaire. "Bien sûr que pour tout ce qui est médical et urgent, nous pourrions assurer un service minimum, avec quelques agents qui livreraient des lettres et colis en lien avec la sécurité et le service médical. Cela se ferait sur une base de volontariat et avec une prime significative de risque pour ceux qui choisiraient d'établir cette mission."
 


Le droit de retrait en question

Son collègue du réseau, qui représentent les personnels travaillant dans les agences, demande lui la fermeture de tous les établissements accueillant du public. "Protéger les agents, c'est protéger leur famille, et tous leurs proches", assène Pascal Derais, lui aussi membre du CHSCT pour la CGT, au niveau du réseau, qui regroupe 1.500 agents, en Alsace et en Franche-Comté. Le CHSCT a voté jeudi 19 mars une motion de "danger grave et imminent".

Tous deux évoquent le droit de retrait, que la direction refuse pour le moment pour ses agents, argant des mesures de protection mises à leur disposition. "Le droit retrait est lié à un sentiment d'insécurité, répond Olivier Panetta. C'est subjectif. Je vous donne un exemple : si un facteur, en plein hiver, ne se sent pas de circuler sur une route enneigée pour livrer du courrier, même si sa voiture est équipée de chaînes, il peut refuser d'y aller. Là, on peut être équipé de tout le matériel de sécurité et quand même se sentir en danger."


Assurer la mission de service public de la Poste

La direction affirme qu'un "dialogue social permanent est installé, pour organiser au mieux la protection des agents et assurer la mission de service public de la Poste. Par exemple, nous ne pouvons pas en ce moment arrêter nos services de veille auprès des personnes âgées, ou de distribution des repas. Pareil pour les colis alimentaires."

Ce vendredi, près de 77% des tournées sont assurées à Mulhouse, avance la direction, et 87% à Colmar.
 
Samedi 21 mars, en revanche, les centres de tri seront fermés, donc de fait la distribution de courrier gelée, "pour que nos agents puissent souffler, explique-t-on à la direction. Nous sommes conscients que c'est très difficile en ce moment, nous essayons de nous adapter." Une réflexion est menée pour que les équipes puissent travailler en horaires décalés pour éviter de se croiser, en effectifs réduits. Des procédures comme la signature sur smartphone à la réception des colis ont été suspendues pour éviter les contacts inutiles.

Des mesures qui pour l'instant ne convainquent pas la CGT, signataire de la lettre adressée au préfet. Et ce courrier de conclure : "moins de personnes seront au travail, moins ceux-ci auront de risques d'être contaminés ainsi que leur famille. Les services hospitaliers ne sont-ils pas déjà en souffrance comme ça pour encore rajouter des potentiels malades que l'on pourrait éviter ? Les personnels postiers du courrier et du réseau, ainsi qu'Orange, sont très inquiets. Je vous demande de prendre la responsabilité que la Poste ne prend pas et d'accéder à la demande de la CGT FAPT du Haut-Rhin."

La direction affirme que d'autres mesures sont à l'étude.
 
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