C'est un coup dur pour les salariés en situation de handicap de l’Adapei-Papillons Blancs d’Alsace. Dès le 1er octobre 2024, certains vont perdre jusqu'à 170 euros par mois. En cause, des mesures d'économie pour réduire le déficit de l'association.
Les salariés d’Alsace Entreprise Adaptée à Wittenheim ne décolèrent pas. Ces ouvriers en situation de handicap vont perdre jusqu’à 170 euros par mois dès le 1er octobre 2024.
En cause, le plan « nouvel horizon 2027 » signé jeudi 5 septembre 2024 par la direction de l’Adapei-Papillons Blancs d’Alsace et 3 organisations syndicales (la CFDT, FO et la CFE-CGC). Des mesures d’économie drastiques, comme la suppression de certaines primes, pour tenter d’éponger les 3 millions d’euros de déficit affichés par l’association. Une association qui emploie 1400 salariés et accompagne depuis 60 ans des personnes en situation de handicap.
"Le plan doit permettre le retour à l’équilibre économique d’ici fin 2026" affirme la direction dans un communiqué. Pour Estelle Fischer, déléguée syndicale CFE-CGC, l'accord signé a permis de réduire de 9 à 3 le nombre de licenciements économiques envisagés. "Ces accords sont une voie pour pérenniser l'association et continuer la prise en charge des personnes en situation de handicap" estime la syndicaliste.
Tous les salariés de l’association en Alsace seront impactés mais à des degrés divers et ce sont les 20 employés d’Alsace Entreprise Adaptée à Wittenheim qui paieront le plus lourd tribut. Payés au SMIC, ils fabriquent des assemblages mécaniques pour l'usine automobile Stellantis. "Ça fait entre 130 et 150 euros de moins sur la fiche de paie, déjà qu’elle n’est pas très épaisse, explique Bernard, je suis à 1470 euros par mois, faites le calcul, c’est 10 % du salaire".
De quoi les pousser à la grève, il y a deux jours. Écœurés, ils se sentent trahis par leur direction et les syndicats signataires. "Des arnaqueurs dans cette boîte !" accuse Isabelle qui a du mal à contenir son émotion, elle qui vient de faire un crédit pour une voiture. " Aucun soutien, rien du tout et avec mes collègues, on ne dort plus la nuit" raconte-t-elle.
Inquiétude sur la pérennité des emplois
Seule la CGT a refusé de signer les accords et parle de régression sociale inégalée, d’autant qu’"il n’y a aucun engagement de l’employeur sur la pérennité des emplois, déplore Laurent Cusey, délégué syndical CGT . Le site de Wittenheim est appelé à disparaître en juin 2025, les salariés vont être recasés mais sans aucune garantie de durée".
Les salariés de Wittenheim veulent poursuivre leur combat et leur mobilisation pourrait faire boule de neige dans les autres structures de l'association. Difficile pour eux de multiplier les grèves tant leurs salaires sont bas mais ils l’assurent, ils trouveront d'autres façons de faire pression sur leur direction.