Lors d'un débat sur BFM Alsace mercredi 3 juillet, Laurent Gnaedig, candidat du Rassemblement national dans la 1ʳᵉ circonscription du Haut-Rhin, a estimé que les propos de Jean-Marie Le Pen sur les chambres à gaz n'étaient "pas une remarque antisémite". Il s'est excusé dans la soirée, et a indiqué qu'il était convoqué par la direction de son parti.
Quelques jours après avoir suscité une première polémique sur le plateau de France 3 pour avoir indiqué au candidat LR que "la préfecture s'occuperait" du dossier de sa nièce binationale, Laurent Gnaedig provoque un nouveau tollé. Lors d'un débat organisé sur BFM Alsace, le candidat Rassemblement national (RN) sur la 1ʳᵉ circonscription du Haut-Rhin a nié plusieurs fois que les propos de Jean-Marie Le Pen sur les chambres à gaz étaient une remarque antisémite. "C'était une grave erreur de communication et surtout de compréhension du camp adverse (...) Je ne pense pas que c'était une remarque antisémite (...) je ne pense pas du tout", a-t-il indiqué.
Figure historique de l’extrême droite française, co-fondateur en 1972 avec deux Waffen SS du Front national (FN), devenu en 2018 le Rassemblement national, Jean-Marie Le Pen a qualifié à plusieurs reprises les chambres à gaz de "point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale". Il avait été condamné pour contestation de crime contre l'humanité. "Moi, j'ai encore des doutes actuellement", a martelé Laurent Gnaedig, alors que Sandra Regol, candidate NFP dans la 1ʳᵉ circonscription du Bas-Rhin, s'offusquait de sa position.
Dans un communiqué diffusé dans la soirée, le conseiller régional RN a indiqué qu'il n'avait "jamais été question pour (lui) de remettre en cause l’horreur de la Shoah" tout en présentant ses "excuses les plus sincères". Il a précisé que la direction du RN lui avait fait part d'une "condamnation sans réserve" et l'avait convoqué "devant la Commission nationale des conflits du mouvement".
Jordan Bardella le classe parmi "les brebis galeuses"
Ce dérapage survient alors que plusieurs candidats RN ont été épinglés ces derniers jours pour des propos outranciers ou à caractère raciste et antisémite. Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN), a concédé qu'il pouvait y avoir "des brebis galeuses" parmi les investitures, invoquant les "48 heures" imposées par la dissolution soudaine du président pour se préparer - une précipitation qu'ont pourtant subie tous les partis candidats à ces législatives.
Législatives: pour Laurent Gnaedig, candidat RN dans le Bas-Rhin, les propos de Jean-Marie Le Pen sur les chambres à gaz comme "détail de l'histoire" étaient un "très mauvais choix de mots" mais "pas une remarque antisémite" pic.twitter.com/E278yhOu4A
— BFM Alsace (@BFM_Alsace) July 3, 2024
Jordan Bardella n'a d'ailleurs pas tardé à estimer que Laurent Gnaedig en "faisait partie" après ses propos sur Jean-Marie Le Pen. "Ça ne me fait pas plaisir de voir ces images, car je trouve que ces propos, ces attitudes, n'ont pas leur place au sein du Rassemblement national et qu'ils font perdre beaucoup de temps à la cause que nous conduisons" a-t-il déclaré, affirmant qu'il "condamnait" cette prise de parole.
Laurent Gnaedig n'est pourtant pas le premier venu au sein du RN. Il est actuellement conseiller régional du Grand Est, et a participé aux élections législatives de 2017 et de 2022. Il a d'ailleurs adhéré au Front national dès l'âge de 18 ans, et a indiqué que "Jean-Marie Le Pen l'avait inspiré dans (sa) jeunesse".
Dans un communiqué diffusé jeudi 4 juillet, Brigitte Klinkert, candidate Ensemble ! dans la première circonscription du Haut-Rhin, "condamne ces propos qui révèlent le vrai visage de l’extrême-droite. La dédiabolisation de façade du parti de Marine Le Pen ne trompe pas." "Je m’inquiète aussi de tous ces candidats du RN qui portent ces idées de racisme, d’antisémitisme, de discrimination. Ils sont un danger pour notre République", poursuit la députée sortante.
SOS Racisme a annoncé le même jour le dépôt d'une plainte pour "contestation de crime contre l'humanité" auprès du parquet de Paris.
Laurent Gnaedig devrait être convoqué en commission des conflits par son parti dans la journée, et pourrait perdre son étiquette RN. Mais juridiquement, il ne peut pas retirer sa candidature.