Deux personnes ont été blessées à l'arme blanche mardi 5 mars dans un train TER qui reliait Strasbourg et Bâle. La présence de l'assaillant, alcoolisé et armé d'un couteau, pose des questions sur la sécurité dans les trains.
Il est environ 19 heures mardi 5 mars, lorsqu'un homme et une femme se font insulter puis agresser au couteau par un individu dans un TER. L'assaillant de 54 ans reproche au couple de laisser pleurer leur bébé de six mois.
Des coups de couteau sont portés à la maman et à un ami, également présent, qui tente de s'interposer. Ce dernier est gravement touché à la nuque et au visage. L'agresseur, sous le coup d'une OQTF (obligation de quitter le territoire français), a pu être interpellé près de la gare de Mulhouse par les forces de l'ordre.
Il sera jugé en comparution immédiate vendredi 8 mars pour des faits de violence avec arme en état d'ivresse et encourt sept ans de prison. Mais sa présence dans un train, armé, interroge. Loin d'appliquer le contrôle strict des aéroports, les gares tentent aujourd'hui de prévenir les risques d'agression avec des moyens limités.
"Ça paralyserait la circulation"
"Que faisait-il avec un couteau dans un train ?" Depuis mardi, cette question agite bon nombre d'internautes sur les réseaux sociaux. La présence d'un homme armé dans les transports en commun n'est pas nouvelle. Elle souligne toutefois les limites des contrôles sur le réseau ferroviaire. "On est perfectibles dans la sécurité des transports, c'est sûr", confie le secrétaire régional d'Alliance police, Michel Corriaux.
Aujourd'hui, un passager n'est soumis à aucune inspection lors de son accès au train. Seuls des contrôles aléatoires sont opérés par des agents une fois à bord. Examiner chaque personne à quai semble utopique pour le policier. "Ça paralyserait la circulation. Il y a peut-être un travail à faire, mais c’est compliqué à mettre en œuvre. On y travaille, mais c'est compliqué d’arriver à un risque zéro."
L'arrestation de l'homme armé d'un couteau mardi ne surprend Michel Corriaux qu'à moitié. L'agent observe une hausse du port d'arme blanche ces dernières années à l'échelle nationale. "On a besoin de mesures fortes", explique-t-il, tout en déplorant un système judiciaire "qui ne fait plus peur à personne".
Des policiers en civile dans les TER
La sécurité s'est toutefois renforcée ces dernières années. À l'échelle nationale d'abord, le dispositif Voyager et Protéger est entré en vigueur le 1ᵉʳ janvier 2022, sous l'impulsion d'Alliance. Les forces de l'ordre peuvent circuler gratuitement sur le réseau SNCF en assurant, en échange, la sécurité à bord. Cela avait permis d'éviter un attentat dans un TGV Colmar-Paris en février 2023.
C’est une solution qui est rassurante pour les contrôleurs dans les trains
Christophe RotzingerAlliance police national Haut-Rhin
Le syndicat est allé plus loin dans le Grand Est. En septembre 2022, les agents ont obtenu la gratuité des TER après avoir passé un accord avec la Région. "Quand il fait sa réservation, le policier signale sa présence et doit alors porter une arme. Dans le train, il se présente au contrôleur qui peut faire appel à lui en cas de besoin", explique Christophe Rotzinger, membre d'Alliance Haut-Rhin. "C’est une solution qui est rassurante pour les contrôleurs dans les trains."
Contactée, la SNCF indique ne pas prévoir d'action spécifique suite à cette agression. "Il s'agit d'un acte isolé", explique l'entreprise qui indique poursuivre son travail pour assurer au mieux la sécurité des passagers. Elle rappelle notamment l'existence de deux numéros d'urgence pour signaler un danger. Il s'agit du 3117 par téléphone et le 31 117 par SMS. "C'est aujourd'hui notre meilleure solution pour prévenir un événement suspect dans les trains et gares", rappelle la SNCF.