Les commerçants de la galerie Auchan Mulhouse ne savent toujours pas à quoi s’en tenir quant à leur avenir, plus de quatre mois après la fermeture de l’hypermarché. Les clients se font de plus en plus rares et les responsables se renvoient la balle en essayant de gagner du temps.
L’hypermarché Auchan Mulhouse a fermé ses portes le 1er janvier pour cause d’inventaire puis définitivement quelques jours plus tard. Si les 124 salariés ont pu bénéficier d’un plan de sauvegarde de l'emploi en avril dernier, les commerçants de la galerie, eux, se retrouvent seuls. Dans tous les sens du terme : les clients ont déserté, les responsables Auchan sont aux abonnés absents.
"Ils jouent avec nos nerfs. On est baladé d’une personne à une autre", lance Mme Niahl Balci, à bout et très remontée contre ces responsables aux attitudes fuyantes, censées répondre à leur attente.
Avec son mari, elle gère depuis sept ans la cordonnerie de la galerie. Leur chiffre d’affaires est passé de 8000 à 2500 euros par mois dès la fermeture de l'hypermarché. "Il y a des jours où je ferme avec 20 euros, ce qui ne paie même pas l’électricité de la journée. Quand je me tourne vers les responsables, ils nous renvoient vers nos assurances".
Le parking, avec toute cette terre, ressemble à un cimetière.
Niahl Balci, commerçante
Depuis que les clients ne viennent plus faire leurs courses au supermarché, les commerçants de la galerie ont perdu toute visibilité. "De surcroit, le parking, avec toute cette terre, ressemble à un cimetière, ça ne les incite pas à venir chez nous ", déplore Niahl Baci.
Les maigres recettes engrangées ces derniers mois ne leur permettent pas de payer le loyer du magasin, 850 euros, ni leur fils, salarié de la petite entreprise. "J’ai été obligée, avec mon mari, de le mettre au chômage partiel".
Cerise sur le gâteau, le couple se retrouve avec un emprunt de 12.000 euros sur les bras, contracté fin 2022 avec la bénédiction du responsable commercial, M. Rémy Nguyen : "On voulait investir dans des machines dès le mois d’août et nous installer dans un local plus grand. Il nous a répondu, pas de soucis".
Des commerçants roulés dans la farine
L'avenir semblait radieux. Malheureusement, cette période prometteuse n'aura été que de courte durée. Niahl Baci apprend par les réseaux sociaux qu'Auchan est sur le point de fermer. Des rumeurs sans fondement, lui rétorque alors le responsable commercial. Pour preuve, des commerçants doivent s’installer prochainement. Ce sera effectivement le cas, notamment, pour le restaurateur Glenfood, le 12 décembre 2022. Quand celui-ci apprend le risque de fermeture, l’impression de s’être fait avoir ne le quitte plus.
Mme Niahl Balci, après une phase dépressive, a décidé de se battre. "On a pris un avocat, on va se retourner contre Auchan au tribunal. On a essayé de trouver un terrain d’entente, mais ils ne veulent rien savoir". Contrairement à d’autres commerçants, le couple n’a pas signé le document de la société Nhood mandatée par le groupe Auchan. Ce document, soumis en février dernier, obligerait les signataires à garder le silence en contrepartie de la gratuité du loyer, jusqu’en juin.
Une échéance déterminante, semblerait-il, pour l'instant tenue plus ou moins secrète. Il serait question d'une réunion, courant juin, au cours de laquelle seraient prises des décisions. Mais lesquelles et quand, personne ne le sait. Une façon de temporiser et de gagner du temps, d'après certains.