À Wittelsheim (Haut-Rhin), des associations environnementales se mobilisent pour sauver une zone sauvage devenue un refuge pour la faune. Le site a été en partie rasé suite à un défrichement par un agriculteur. Les associations demandent à la mairie une meilleure prise en compte de la biodiversité.
La nature y avait repris ses droits. Ce terrain d'un peu plus de 5 hectares défrichés par un agriculteur en 2022 est aujourd'hui un grand champ. Il ressemblait alors à un amas impénétrable de buissons et de petits arbres. Comme la zone alentour, renaturée après la fin de l'exploitation des mines de potasse. Elle se situe au pied du terril Amélie 1, du nom du premier puits, sur la commune de Wittelsheim (Haut-Rhin).
En une vingtaine d'années, une lande boisée a poussé sur les anciennes friches des mines, à l'abri de l'activité et de la présence humaine. Jusqu'à faire de ce bout de territoire d'une cinquantaine d'hectares un refuge pour la faune. Surnommé le Moos par les naturalistes, le site serait même devenu d'une extrême importance pour la richesse de sa biodiversité.
Un milieu exceptionnel
Pour les associations environnementales, il n'y a pas à tergiverser, le site doit être sauvegardé au nom de la préservation d'espèces rares ou menacées. Les ornithologues y ont repéré de nombreuses espèces d’oiseaux nicheurs, dont plusieurs inscrites sur les listes rouges régionale ou nationale des espèces menacées, comme le torcol fourmilier ou le ruant jaune, notamment.
Les naturalistes y ont recensé des espèces protégées comme la laineuse du prunellier (un papillon nocturne), le crapaud vert ou la coronelle lisse (une espèce de serpent). "Ce milieu est exceptionnel. Il faut imaginer la vie ici au printemps, c'est un vrai plaisir pour les naturalistes et les promeneurs. La tranquillité des lieux permet aux animaux de s'y nourrir, de nidifier et de trouver tout ce dont ils ont besoin", observe Daniel Nasshan, coordinateur de la LPO Alsace.
Les associations mises devant le fait accompli
Si le rognage de la zone dans laquelle prospère cet écosystème a été possible, c'est parce que la mairie de Wittelsheim aurait octroyé le terrain à un agriculteur, en compensation de deux hectares de terres cultivables. Terres utilisées par la mairie pour y implanter un parc photovoltaïque. La décision a été prise sans consulter les associations environnementales, lesquelles ont découvert la situation après le défrichement.
Pour Stéphane Giraud, le directeur d'Alsace Nature, il y a là l'exemple typique d'un projet industriel aux conséquences en cascades. "On a un projet de développement d’un parc photovoltaïque qui va consommer de l’espace, lequel va priver un agriculteur d’une surface dont il disposait. L’agriculteur va se retourner contre le maire, le maire va lui mettre à disposition un terrain communal. Au final, on se rend compte qu’on avait un habitat d’une richesse exceptionnel qui a disparu".
Depuis un an et demi, les associations essaient d'obtenir des explications de la part de la mairie, en vain. "Il faut qu’on trouve une solution. Cette fin de non-recevoir n’est pas acceptable", déplore Stéphane Giraud. Devant le refus de dialogue, elles exigent désormais la remise en état du site et envisagent pour cela de mener une action en justice.