Assis sur le trottoir, dans le froid, ces SDF vivent au pied des bureaux de France 3 à Mulhouse (Haut-Rhin). Trois d'entre eux ont accepté de témoigner de leur quotidien.
Au petit matin, la température grimpe difficilement au-dessus de zéro rue du Sauvage, à Mulhouse (Haut-Rhin). C'est pourtant sur ce trottoir que Lucas a passé la nuit, en compagnie de son chien. "La première fois que je me suis retrouvé dans la rue, c'est quand j'ai divorcé", se souvient-il. C'était il y a 11 ans.
"Une vie différente"
Après tant d'années, il affirme ne plus vouloir changer de vie. La nuit, Lucas préfère la rue aux hébergements collectifs. Même la peur des agressions et du froid ne le secoue plus. "Ça peut arriver n'importe quand, soupire-t-il. Vous pouvez marcher, tomber et mourir... C'est ma vie, et ma vie elle est comme ça."
Sur le trottoir, il y a aussi ceux de passage, ceux qui n'imaginent plus le retour à une autre vie. S'il est à la rue, "c'est par choix, affirme Marvin, guitare sous le bras. Ma situation familiale, il n'y avait pas forcément de place pour moi. Je ne me sentais pas forcément chez moi et j'avais besoin de voyager, d'apprendre des choses. Je pense qu'on peut vivre une vie différente, alternative. J'essaye de vivre la mienne, et d'inspirer ceux qui le veulent."
"Être dehors, c'est chez moi"
Kévin, lui, n'est pas encore résigné. Il a fêté ses 18 ans sur le pavé. "Quand vous voyez un temps comme ça, on ne sait vraiment pas comment ça va se passer dans la journée. On a vraiment envie d'en sortir, il fait froid. Regardez mes mains, elles sont limite violettes. Il faut y aller pour s'attacher à une telle vie. J'ai 18 ans, mais limite je peux dire que je me suis attaché à ça. Être dehors, c'est chez moi."
Pour le jeune homme, qui n'est à la rue que depuis un an, l'hiver est rude sur le trottoir. "C'est un combat de tous les jours, résume Kévin. De jour comme de nuit." Toujours le même constat, que cette vie soit choisie ou subie, de longue date ou tout juste découverte.