Confiné en Savoie alors que sa famille vit dans le Haut-Rhin, le vététiste Maxime Marotte, 4e des JO de Rio en 2016, s'entraîne chez lui comme il peut et s'inquiète de voir sa ville natale de Mulhouse si gravement touchée par le covid-19. Il veut donner l'exemple et regrette l'égoïsme de certains.
"Ce n’est que du vélo." On peut donc avoir été quatrième des jeux olympiques de Rio et être monté trois fois de suite sur le podium du classement général de la coupe du monde de cross-country sans perdre de vue le sens des priorités.Maxime Marotte, le natif de Mulhouse, n’est pourtant pas directement touché par l’épidémie de coronavirus. Pour l’heure, il est en Savoie, à Aubens, où il devait terminer un cycle d’entraînement. Sa famille, elle, est toujours dans le Haut-Rhin mais épargnée pour le moment par le covid-19. "Voir que la situation a dégénéré comme cela à Mulhouse, c’est triste, confie le champion. J’ai pris la décision de ne pas rentrer, pour ne pas risquer de contaminer mes proches."
Optimiste pour les Jeux
En attendant de voir comment la situation évoluera, l’Alsacien reste confiné, comme le commun des mortels, ce qu’il n’est pas puisque l’entraînement d’un athlète de haut-niveau s’accommode plutôt mal du télétravail.Surtout d'ailleurs quand on prépare les Jeux olympiques de Tokyo. "Pour l’instant, je reste optimiste. Il y aura sans doute des aménagements en ce qui concerne les modalités de qualification, mais si on reprend la compétition en juin, je pense que les JO pourront se tenir", veut-il croire. Et d’ajouter: "Ce serait un signal fort, de divertir les gens à nouveau, de se dire qu’on revit."Un signal fort, divertir à nouveau les gens
Maxime Marotte, champion de VTT, à propos du maintien des JO
Dans le Grand-Est, à Reims notamment, d'autres athlètes restent mobilisés en vue des JO:
Comme pour y croire, lui aussi, l’amoureux de la nature, habitué à slalomer sur les sentiers, à sentir le souffle du vent et à rentrer parfois couvert de boue, continue à s’entraîner dur… sans bouger de chez lui. Il espère perdre le moins possible la forme, alors qu’il était censé achever ce week-end du 21-22 mars un cycle d’entraînement important.
Un cycle qu'il achève tant bien que mal à la maison en invitant les gens à prendre "le contrôle" en postant des photos de lui sur son compte Instagram:
"Je fais du home trainer (une sorte de vélo d’appartement, nldr). Nous les vététistes, on en fait très peu habituellement. C’est un peu différent du vélo en plein air, on transpire davantage, on se lasse plus vite et il n’y pas cette notion d’équilibre. Malgré tout cela reste assez similaire en termes d’effort", décrit-il, bien que ce ne soit pas l'idéal et que cela ne remplace pas les séances en plein air.
L'intérêt général avant le vélo
Doté d’un home trainer connecté, il peut aussi envisager des sorties virtuelles avec certains amis, et alterner avec des séances plus courtes mais plus intenses. "Cette période permettra aussi de reposer le corps et de faire un break."Une belle leçon de pragmatisme et d’altruisme alors que les images coureurs à pied contaminent les réseaux sociaux depuis le début du confinement. Des scènes que dénoncent certains sportifs de haut niveau. Le coureur de fond rémois François Barrer, sur son compte Twitter, s'insurge contre les "coureurs loisirs" qui sortent de chez eux alors que lui ne le fait pas:
JE SUIS SPORTIF PRO, JE PRÉPARE LES JO ET JE SORS PAS DE CHEZ MOI POUR ALLER COURIR ET QUAND JE VOIS SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX DES COUREURS « LOISIRS » FAIRE LEUR FOOTING DEHORS MAIS ********************* ??????
— François Barrer (@Francois_Barrer) March 18, 2020
"L’important, c’est l’intérêt général, ajoute Maxime Marotte. Le vélo, ce n’est pas grand-chose dans ces circonstances et il ne faut pas être égoïste. Si les athlètes de haut niveau peuvent donner le bon exemple, je crois que c’est bien qu’ils le fassent. Ca ne fait plaisir à personne de devoir rester à la maison."
Le perchiste Renaud Lavillenie s'est mis au VTT
Ami avec le perchiste et ancien recordman du monde Renaud Lavillenie, lui aussi respectueux du confinement, Maxime Marotte s’estime même"chanceux". "Je le répète, nous cyclistes, on peut quand même s’entraîner à peu près normalement. Renaud lui aussi fait du VTT pour s’entretenir, mais pour la perche c’est beaucoup plus difficile."Le Mulhousien, qui a reçu comme ses semblables des instructions de la Fédération française de cyclisme, ne mettra pas le nez dehors tant qu’il n’aura pas le feu vert, malgré ses rêves de médaille olympique. Persévérant dans l’effort et champion jusqu’au bout…
Les Jeux de Tokyo en suspens
Le maintien des JO prévus cet été à Tokyo, du 24 juillet au 9 août, est toujours en suspens, alors que la flamme olympique est arrivée ce vendredi 20 mars au Japon.Le Comité international olympique a jugé pour l'instant qu'ils n'était "pas nécessaire de prendre des mesures radicales" dans les prochains jours, alors que les évènements majeurs du calendrier sportif, comme l'Euro de football ou Roland-Garros, sont reportés les uns après les autres.