A l’arrêt depuis le 16 mars, l’usine PSA de Mulhouse reprendra progressivement son activité à partir du lundi 11 mai, date de la levée du confinement. Une reprise que la direction veut prudente. La CGT en pointe les risques et craint une instrumentalisation de la crise.
"La priorité du groupe PSA est de protéger la santé de ses salariés et d’assurer la pérennité de l’entreprise". Voilà les deux objectifs que la direction de Peugeot-Citröen s’est fixés en vue de la reprise progressive de la production au sein du groupe automobile.A Mulhouse, comme partout en France, c’est à la date du 11 mai que l'on verra les salariés "volontaires" du groupe réinvestir leur usine de manière "partielle" dans les différents pôles, assure encore la direction de PSA. Pour rappel, c'est le 16 mars dernier que cette dernière annonçait l'arrêt progressif de toute activité de production sur l'ensemble de ses sites européens.Une reprise avec des salariés volontaires
- Direction de PSA Mulhouse
Une période d'inactivité inédite
Le redémarrage complet s’étalera sur plusieurs semaines, en tenant compte des mesures liées au "déconfinement", de la "réouverture des concessions" et de la "situation commerciale de chaque modèle" de voiture. Du sur-mesure donc pour le site haut-rhinois qui emploie 5.000 personnes et qui a produit en 2019 des millions de composants automobiles et 232.000 véhicules.Jamais depuis son implantation en 1962, le mastodonte n’avait connu une si longue période d’inactivité. Pour conjuguer reprise économique de l’usine et santé de tous, la direction a donc imaginé une série de mesures:
- Contrôle de la température à l’entrée du site.
- Dotation individuelle de masques et de gel hydro-alcoolique.
- Port de lunettes et de masques sur site.
- Maintien des portes ouvertes pour éviter les contacts avec la poignée.
- Ajustement des rotation entre les tournées des équipes pour éviter les croisements.
- Respect d’une distance entre personnes.
La CGT ne signe pas le protocole
Invités à la table des discussions, la CGT n’a pas signé ce protocole sanitaire, au contraire des quatre autres organisations syndicales. Pour Julien Wostyn, son représentant, la prudence affichée par la direction n’est qu’un voeu pieux à ce stade."Ce sera aux salariés, une fois revenus, de dire ce qu’il faut mettre en place ou pas. Entre la réalité des ateliers et des mesures présentées sur power-point, il y a un monde", juge le délégué syndicale.Entre la réalite des ateliers et des mesures sur power-point, il y a un monde...
- Julien Wostyn, délégué CGT
La crise du covid19, un prétexte aux licenciements?
"Dans les secteurs comme la fonderie ou la forge, la direction a annoncé une montée en puissance sur quinze jours. Ça me semble court comme délai si on ne veut pas faire prendre de risques aux salariés qui vont devoir respecter des règles sanitaires, ce qui va ralentir leur travail", ajoute-t-il.A moyen terme, le spectre d’une crise économique liée à la chute des ventes fait craindre à la CGT un plan social massif. "Il ne faut pas que l’épidémie covid19 soit un prétexte aux licenciements. On sait que la direction est déjà dans une logique de réduction des effectifs, mais ce n’est pas aux ouvriers de payer le prix de cette crise", conclut Julien Wostyn.
Selon les dernières données publiées par le groupe, les ventes mondiales de PSA ont chuté de 29% au premier trimestre 2020 par rapport à l'an passé.