Au cœur de l'Alsace, dans la vallée de Saint-Amarin, à Husseren-Wesserling (Haut-Rhin), trois associés retraités ont monté une petite entreprise de fabrication de santons de Provence. Une fabrication artisanale dans l'esprit de la tradition, avec une petite touche locale pour certaines figurines. Sur les marchés de Noël, les clients sont parfois surpris.
Il a apporté avec lui son accent du midi. Et son savoir-faire. Le natif de Marseille, Louis Della-Maggiora, est à l'origine de cette exception régionale. Au pavillon des créateurs du parc de Wesserling (Haut-Rhin) celui-ci a installé, avec deux associés, une unité de production et de vente de santons de Provence.
Les petites figurines sont fabriquées dans les règles de l'art, au sein de l'atelier de la boutique. Issus d'une tradition née en Provence il y a plus de deux siècles, les santons sont moulés dans une argile rouge. Une terre provenant d'Aubagne. Puis, ils sont cuits dans un four à 980 degrés. Quelques coups de pinceau bien affûtés leur donnent leur apparence finale.
Des santons (presque) comme les autres
Rien ne les distingue alors de leurs homologues provençaux, si ce n'est pour certains d'entre eux une petite touche locale. En tout cas, sur les marchés de Noël en Alsace, où ils sont vendus, les clients sont loin d'imaginer leur provenance réelle. Comme cette dame, à Mulhouse, qui s'étonne de voir parmi les figurines un santon coiffé à l'alsacienne, chargé de bredele : "Je pensais qu'ils venaient d'Aubagne. Moi qui suis du sud, je suis surprise", confie-t-elle à notre équipe de reportage.
Louis Della-Maggiora a longtemps été fabricant de santons dans son sud natal, à Marseille puis dans les Alpes-de-Haute-Provence. Les hasards de la vie l'ont poussé un beau jour à poursuivre l'aventure en Alsace. C'était il y a huit ans. "J'avais des correspondants qui m'achetaient ma marchandise et qui la revendaient un peu partout. Au bout de trente ans, on est devenus amis. J'ai fondé l'entreprise avec eux. Les marchés d'Alsace sont beaucoup plus fréquentés que ceux de Provence, il y a une grosse concurrence là-bas, mais pas ici, les prix ne sont pas les mêmes".
Coup de cœur pour l'Alsace
Avec ses amis, Louis, dit Loulou, crée sa nouvelle entreprise en Alsace, sa région de cœur et d'adoption. Il embarque avec lui deux associés à qui il transmet ses compétences. Des associés qui ont tout leur temps, des retraités qui ne se mettent pas la pression. Des passionnés qui font vivre la tradition, sans stress.
Cela m'a rappelé mon enfance, avec la pâte à modeler.
Vincent Dreyer Fabricant santonnier
C'est comme cela que Vincent Dreyer est devenu un Alsacien spécialiste du santon. Ce n'était pas écrit, reconnaît-il. "Mais Loulou, avec son accent, il m'a fait rêver. Cela m'a rappelé mon enfance, avec la pâte à modeler. Ce n'est pas un métier, c'est une passion. Et avec tous mes problèmes de santé, cela me redonne de la force. Je me sens revivre".
Le "truc" aussi de Louis, c'est de créer des décors. Il a été, affirme-t-il, le premier à imaginer les crèches en dur, à base de résine ou de plâtre moulé et peint. "À l’époque, quand j'ai commencé, dans les années 1990 à Marseille, j'étais le seul". Depuis, l'offre s'est étoffée. Les santonniers se sont emparés du marché. C'est encore, de nos jours, vers le sud qu'il faut se tourner pour trouver la majorité des fabricants. Comme les Santons Campana à Aubagne, dans les Bouches-du-Rhône ou l'atelier Dubost à Carpentras, dans le Vaucluse.
La saison 2023 est presque terminée, la suivante est déjà en fabrication dans l'atelier installé au sein du parc de Wesserling. Trois mille santons alsaciens sont vendus chaque année sur les marchés de Noël de Mulhouse et Eguisheim.