EN IMAGES. Ces voitures abandonnées deviennent des œuvres d'art, "Silence on rouille"

De vieilles voitures à l'abandon dans la nature en train de rouiller, c'est le thème de l'exposition "Silence, on rouille" au musée de l'automobile de Mulhouse jusqu'au 17 mars 2024. Jean-Pierre Hossann présente 50 de ses photographies d'épaves, en correspondance avec huit voitures anciennes sorties des réserves du musée.

De la mousse, de la rouille, des carcasses abandonnées en pleine nature, une vision insolite de voitures au rebut attend le visiteur au musée national de l'Automobile de Mulhouse (Haut-Rhin) jusqu'au 17 mars 2024. Le photographe strasbourgeois, Jean-Pierre Hossann, y expose une cinquantaine de ses œuvres, des photographies d'épaves en grand format, prises entre 2009 et 2014. Huit voitures issues des réserves du musée, des Panhard-Levassor et des Bugatti des années 20, complètent le parcours dans une ambiance olfactive et auditive de sous-bois et d'humus.

Né en 1962, Jean-Pierre Hossann est tombé amoureux des belles carrosseries dès l'âge de 3 ans. Pour des raisons obscures. "Ni mon père ni mon grand-père, ni mon fils, personne dans ma famille n'est passionné de voitures." Seul sur son île, il adore ce monde de la bagnole, comme il aime dire, au point d'en faire son métier en 1986. "Je suis journaliste pour le magazine LVA, La vie de l'auto". Le photographe professionnel qu'il est alors réalise des centaines de reportages autour de la "belle voiture" à l'occasion de salons ou de concours d'élégance, dans le Grand Est surtout mais aussi en Allemagne, en Italie, en Belgique et en Suisse.

Le déclic

En 2009, un ami passionné de voitures anciennes lui fait découvrir un site en Belgique. Jusque dans les années 1980 c'était le garage d'une base militaire canadienne. Du jour au lendemain, après le départ de l'exploitant, tout est resté en place, comme figé dans le temps. "Depuis, ça rouille, ça s'affaisse, la nature a pris le dessus". Trois cents voitures abandonnées dans une forêt semblent dormir pour l'éternité. Jean-Pierre Hossan a un choc visuel. "Moi qui adore la photo, j'étais au paradis". À partir de cet instant tout s'enchaîne. "En l'espace de 6 ans, j'ai découvert d'autres sites. Depuis, je voue une véritable passion pour la photo d'épaves". 

En capturant les vestiges rouillés de ce qui était autrefois symbole de vitesse, de liberté et de progrès, son œuvre devient une exploration poétique de la beauté et de l’abandon. Des natures mortes ? Pas tout à fait. "Je cherche la vie dans ces épaves, ce qui peut paraître très étonnant. Chaque photo a son identité propre, son ADN".

Chacune de ses photographies, pas moins de 10 000, est soigneusement composée de façon à mettre en valeur les formes, les textures et les couleurs des voitures abandonnées. Il utilise la lumière naturelle, le plus souvent, en créant des ombres dramatiques et des contrastes saisissants, transformant ces carcasses rouillées en œuvres d’art. 

Les épaves racontent des histoires

Intarissable, Jean-Pierre Hossann, a toutes sortes d'anecdotes à raconter à propos de ces voitures abandonnées passées à la postérité grâce à ses photos. L'une d'elles représente des tractions avant soigneusement rangées. "On y voit un alignement de tractions avant, les propriétaires de ces voitures dans les années 60 sont venus déposer leur voiture devenue invendable chez le casseur moyennant une bouteille de champagne."

  

Les photographies sont exposées en grand format, "pour immerger le visiteur dans l'ambiance, comme s'il y était. C'est l'effet waouh. C'est un spectacle." Il n'y a pas de parcours chronologique, libre à chacun de découvrir la cinquantaine de photos à sa guise. Des photos soigneusement sélectionnées pour exprimer la quintessence de son exploration du monde de l'épave.

Après la Belgique en 2009, il s'aventure sur deux autres sites les années suivantes, l'un dans l'Aube, l'autre en Côte d'Or. "Sur chaque site, il y  avait en moyenne entre deux et trois cents voitures. Aujourd'hui, c'est fini, ça n'existe plus, à part en Suède où il y a un lieu très connu des chasseurs d'épaves mais c'est devenu une véritable attraction touristique."

Ce monde révolu que Jean-Pierre Hossann a immortalisé, il veut maintenant le partager, "le musée m'a tout de suite dit oui, en l'espace de trois mois on a monté cette exposition ensemble".

Quand la nature reprend ses droits

Pour Elia Saunier, responsable des collections du musée de l'Automobile, c'était l'occasion de sortir des réserves des voitures encore jamais présentées au public. Huit voitures acquises par Fritz Schlumpf dans les années 60, sur lesquelles il y a peu d'informations. "Elles n'ont pas été restaurées depuis leur acquisition et sont donc dans leur état d'origine. Avec la nature qui reprend ses droits sur ces véhicules, elles font écho aux photographies", explique Elia Saunier. Comme ce modèle exposé, ci-dessous, une Panhard-Levassor de 1912. 

Pour compléter le tableau, une bande-son reproduit le chant des oiseaux, tandis que par moments tonne l'orage. On se laisse même surprendre par un parfum de fleur ou de terre. 

L'exposition est à découvrir jusqu'au 17 mars 2024 au musée national de l'Automobile de Mulhouse. Une occasion unique de s'offrir une réflexion sur le passage du temps et sur la manière dont les objets que nous créons et utilisons finissent par être délaissés et oubliés. 

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