Fermeture de 17 magasins Naf Naf, "il faut trouver du travail mais il faut surtout digérer"

Après 28 années de bons et loyaux services chez Naf Naf à Mulhouse, Annick doit mettre la clé sous la porte. Une épreuve aussi émouvante que douloureuse pour elle, comme pour ses collègues.

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La marque de prêt-à-porter Naf Naf est en redressement judiciaire et a dû réaliser, début octobre, un plan social d'envergure. Au total, 17 magasins doivent fermer leurs portes, provoquant la suppression de 87 postes.

À Mulhouse, l'enseigne située rue du Sauvage se prépare à sa fermeture. La plupart des articles sont bradés et le matériel est stocké pour être envoyé vers d'autres sites encore ouverts.

Pour Annick Meguin, employée chez Naf Naf depuis près de 30 ans, cette décision a tout d'un coup de massue. Comme elle le dit elle-même, "ce n'est pas seulement un emploi de perdu", mais aussi "des collègues et du relationnel".

"Il n’y a eu aucune empathie"

Comme beaucoup de ses concurrents, Naf Naf connaît une baisse de ses ventes depuis quelques années. L'entreprise, créée en 1973 par les frères Pariente, a annoncé à plusieurs de ses enseignes la fin de leurs activités. Annick, elle, a reçu la mauvaise nouvelle le 10 octobre, lors d'un appel en visioconférence.

Le choc fut grand pour cette responsable de Naf Naf Mulhouse, qui doit désormais se replonger sur le marché du travail après 35 ans. "Il faut trouver du travail mais il faut surtout digérer l’information. Je n’ai jamais connu ça. Il n’y a eu aucune empathie lorsqu'on nous a annoncé la fermeture des 17 magasins. Ça c'était vraiment douloureux."

L'Alsacienne doit désormais vendre ses derniers articles, presque tous soumis à des réductions. Les étiquettes sont entreposées dans des cartons et le matériel soigneusement rangé. "C'est un peu comme un déménagement" ironise-t-elle. La gérante doit désormais redistribuer son stock aux autres magasins encore ouverts.

C’est une tranche de vie que je n’ai pas vu passer

Annick Meguin, responsable Naf Naf Mulhouse

Aux côtés de Nathalie, sa fidèle salariée, Annick se remémore, non sans nostalgie, son aventure professionnelle. "C’est une tranche de vie que je n’ai pas vu passer. On a vécu des moments incroyables avec mes collègues et ceux d’autres régions."

La pandémie, accélératrice du déclin de la marque

Naf Naf, rachetée en 2020 par un groupe franco-turc, a difficilement traversé la crise du coronavirus. Les loyers impayés se sont multipliés créant un endettement record pour l'entreprise. Durant cette même période, l'enseigne a dû se confronter à la concurrence féroce des sites de commande en ligne. "Le Covid a laissé beaucoup de traces car à ce moment, les gens se sont mis à encore plus commander sur internet. On a eu, après la pandémie, une baisse de fréquentation du magasin", confie Annick. 

Les gens font moins du vêtement leur priorité

Annick Meguin, responsable Naf Naf Mulhouse

L'émergence de sites comme Vinted, qui favorise l'achat de produits de seconde main, a laissé sur la touche les enseignes de moyenne gamme comme Naf Naf. Enfin, la hausse générale des coûts des matières premières liée à la guerre en Ukraine, a considérablement impacté les ventes de la marque. "Les clients ont changé de comportement. Avant le panier moyen était plus élevé. Depuis le Covid, les gens font plus attention à ce qu’ils achètent et font moins du vêtement leur priorité."

Le siège de Naf Naf est également impacté par ce plan social. 30 postes sont sous la menace d'une suppression. Néanmoins, d'après la CFDT, le risque de voir ce chiffre augmenter est important.

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