Mulhouse : "La relation entre le maître et le chien est extraordinaire", raconte Franck, équipier gendarme cynophile

Le maître de chien Franck S. et son compagnon Pholos, un berger belge malinois, viennent de prendre leurs quartiers au peloton de surveillance et d’intervention de gendarmerie de Mulhouse. L’occasion de découvrir, avec Franck, la vie et les missions d’une équipe cynophile.

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"Le maréchal des logis chef Franck et son fidèle compagnon à 4 pattes, Pholos, viennent d’achever leur formation au centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie. Ils ont pris leurs quartiers à la caserne de Mulhouse au peloton de surveillance et d’intervention (PSIG)", apprend-on dans un post publié par la gendarmerie du Haut-Rhin sur sa page facebook, le 15 avril dernier (voir ci-dessous). S’ensuit de nombreux commentaires de bienvenue et de félicitations pour accueillir la nouvelle équipe. Franck S. a bien voulu nous raconter la façon dont se forme et fonctionne une équipe cynophile.

Patience et ténacité

Quand Franck intègre la gendarmerie, il y a bientôt quatorze ans, son objectif est de devenir maître de chien. Malgré quelques détours, il a gardé bon le cap: "J’ai pas mal baroudé. Avant Mulhouse, j’ai été gendarme mobile, en Savoie et en Corrèze, puis instructeur à l’école de Tulle. Avant de faire ma demande de maître de chien j’ai attendu de pouvoir revenir en Alsace et de me rapprocher des PSIG qui ont des unités cynophiles". Depuis 2013, Franck fait régulièrement des demandes, jusqu’à ce que sa patience et sa ténacité paient enfin. En janvier dernier, à presque 38 ans, son rêve se concrétise: Franck obtient son ticket pour Gramat, la destination de tous les prétendants cynophiles.

 

Quatorze semaines de formation

Dans cette localité du Lot, où est basé le centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie (CNICG), il va se former pendant 14 semaines à toutes les techniques du maître de chien. "Là, avec mon chien [qui allait lui être attribué, NDLR], je savais que j’allais apprendre la technicité piste-défense". Dans le langage cynophile, piste veut dire recherche de personnes, "classiquement, un mineur fugueur, une personne Alzheimer, un dépressif, un malfaiteur ou un cambrioleur". Défense, "la capacité du chien à mordre, à défendre son maître ou à mordre sur commande", sans oublier le volet "obéissance", précise Franck.

Les chiens doivent être fanatiques de jeux, toute leur éducation est basée là-dessus

Franck S., maréchal des logis-chef

"On passe un test physique, un 8 km en treillis-rangers, après quoi, devant une commission composée d’instructeurs, on répond à un questionnaire pour évaluer notre profil. En fonction des chiens qu’ils ont, les instructeurs vont déterminer celui qui nous correspond le mieux, on appelle ça le mariage". Mariage célébré le troisième jour lors d'une cérémonie où le chef de corps scelle l’union par ces quelques mots: "Chef Franck S., je vous attribue le chien, berger belge malinois, Pholos". Et voilà, Pholos, du nom d’un centaure de la mythologie grecque, alors âgé d’un an et demi, devient le compagnon fidèle et inséparable de Franck.

Originaire d’un élevage des Vosges, Pholos n’est pas complètement novice et a déjà eu l’occasion de faire ses preuves. Comme tous les autres chiens, en majorité des bergers malinois ou Tervueren, qu’ils viennent d’élevage, de la SPA ou de particuliers, Pholos a lui aussi passé un test d’admission au centre. Il s'agit pour les instructeurs du CNICG  de détecter leur niveau de curiosité, de sociabilité et surtout d'attrait au jeu : "Les chiens doivent être fanatiques de jeux, toute leur éducation est basée là-dessus"

Un potentiel à développer

A leur arrivée à Gramat, les chiens sont "débourrés" par les instructeurs. Ce premier stade de leur éducation les familiarise aux notions de base: piste, défense, obéissance. Si le mariage permet la correspondance, le débourrage, lui, active et révèle le potentiel du chien, au maître ensuite de le développer et de le canaliser. "Au début on part sur des pistes simples puis de plus en plus complexes, que ce soit en longueur, en délai d’attente, en condition physique et météo, etc." Franck et Pholos passent toutes leurs journées ensemble. Histoire d'apprendre à se connaitre l’un l’autre et de faire passer le courant. 

 

Gérer deux fonctions à la fois

Quand Franck fait son retour à la caserne de Mulhouse, où il est affecté depuis juillet 2019, il y revient avec une double casquette: celle de l’équipier PSIG et celle du maître de chien. "C’est un peu compliqué à gérer parfois", avoue Franck puisqu’il faut assumer les missions dévolues à l’une et à l’autre. Une chose est simple: "A partir de maintenant, Pholos est toujours avec moi, j’ai même une voiture adaptée pour l’amener partout où je vais" .

Pour autant chacun garde sa vie privée. En dehors du travail Franck regagne son domicile et Pholos son chenil dans les murs de la caserne : "Il dispose d’une partie jour et d’une partie nuit, assez conséquentes, un véritable F2 avec salon, salle à manger et chambre à coucher et même un petit jardin pour lui tout seul ".

Sa casquette d’équipier PSIG va l’amener sur des missions de surveillance et de patrouille de nuit, des opérations anti-délinquance, des contrôles d’identité, des renforts d’unité lors d’interventions sensibles, des transfèrements de détenus ou des interpellations domiciliaires.

 

 

Sa casquette de maître de chien implique entretien et entrainement du chien, permanences cynophiles et piste si nécessaire. Dernièrement Franck et Pholos sont partis sur une mission consistant à rechercher un enfant de 10 ans avec des problèmes cardiaques parti de chez lui. "Il n’est pas rentré, il était en fait chez un ami mais ses parents ne le savaient pas". Pholos a pu le retrouver grâce à son odorat particulièrement développé et à l’entrainement qu’il a reçu. "Je prends un objet appartenant à la personne, un de ses vêtements ou sa brosse à dents, par exemple, que je mets dans un pochon. Le chien sait que c’est cette odeur qu’il doit rechercher."

Un binôme qui a du chien

Et le chien est très motivé. En bout de piste s’il retrouve la personne il sait qu’il sera récompensé à la hauteur de ses espérances: "Ils savent que s’ils retrouvent la personne ils ont leur jouet et comme les chiens sont fanatiques de leur jouet, ce qu’ils recherchent c’est un jouet. C’est ce qui les motive". Pour le chien, il s’agit d’un jeu de piste où le mot jeu prend tout son sens. "Toute leur éducation va dans ce sens : jouer, jouer, jouer" .

Le relationnel entre le maître et le chien est extraordinaire

Franck

Franck aussi est très motivé. Mais ses raisons à lui n’ont rien à voir avec le jeu: "Il y a des vies à sauver qui dépendent de moi, le chien a sa manière de penser qui est bien distincte de la mienne". Unis pour la même cause, chacun à sa façon, c’est comme ça que fonctionne ce binôme: dans la complémentarité et la complicité. "Le relationnel entre le maître et le chien est extraordinaire",  s'enthousiasme le maître de chien. Si Franck est rentré dans la gendarmerie, c’est bien pour vivre cette relation privilégiée. Et pour se "mettre au service des citoyens en apportant quelque chose de positif".

De bons et loyaux services

Si tout se passe bien, Franck et Pholos vont travailler ensemble (jouer si on se place du point de vue du chien) au moins huit ans. "C’est la période d’activité moyenne pour un chien. Cette durée peut s’allonger, ça dépendra de sa condition physique". Et après ? Après le chien est réformé, autrement dit son activité s’arrête là. Une deuxième vie l’attend alors. "Une fois réformé, la plupart des maîtres rachètent leur chien à la gendarmerie, pour un euro symbolique. Il deviendra un chien domestique qui aura bien mérité sa retraite". Et couler de beaux jours.

Toujours plus loin

D’ici là, Franck compte s’investir encore davantage dans son activité de maître de chien en ralliant, si possible, un groupe d’investigation cynophile (GIC). "Pour être maître de chien à plein temps, l’option est d’aller en GIC, c’est complètement spécialisé. En plus, j’aurai deux chiens normalement". En attendant Franck va s’entrainer régulièrement à Meyenheim, où est basé le GIC du Haut-Rhin. "Chez nous, il peut s’entrainer avec des gens plus expérimentés que lui", observe le responsable du GIC 68, l’adjudant Roland T.

Ici, trois maîtres de chien et un suppléant se consacrent pleinement à leur activité cynophile. Si leurs missions diffèrent de celles de Franck (recherche de stupéfiant, d’armes, de munitions, de billets notamment), la motivation est la même: "On devient maître de chien par vocation. Même s’il y a beaucoup de contraintes, il faut s’en occuper, l’entretenir, on va créer et développer cette complicité pour que la relation devienne une belle osmose",  fait remarquer Roland T.

La carrière de Franck commence à peine et pour lui la priorité est à l‘Alsace mais si l’occasion se présente, il n’exclut pas d’enrichir son expérience vers des horizons plus lointains, comme la Corse ou l’Outre-mer. Et toujours avec son chien…

 

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