Le professeur de droit public Bertrand Pauvert avait été condamné en 2022 à une peine de 6 mois de prison avec sursis et à un an d'interdiction d'enseigner. Le 9 octobre 2023, il pourra de nouveau se retrouver face à des étudiants. C'est ce que veulent éviter certains, ils ont lancé une pétition.
Une assemblée générale s'est tenue mardi 3 octobre pour parler de la possibilité de voir Bertrand Pauvert revenir devant des étudiants. Une pétition a été mise en ligne et un blocus du campus est prévu le 9 octobre.
Bertrand Pauvert avait été condamné en première instance le 11 juillet 2022 à 12 mois de prison avec sursis et une interdiction d'enseigner pendant 3 ans. Il avait fait appel, et le 7 septembre 2023, il a été relaxé pour la majorité des faits de violence et de harcèlement sexuel qui lui étaient reprochés, réduisant sa condamnation à 6 mois de prison avec sursis, une interdiction d'enseigner pendant un an et une inéligibilité d'un an.
La cour d'appel de Colmar reconnaît le caractère intentionnel de propos destinés à choquer ses étudiants, dans son arrêt du 6 septembre 2023 anonymisé. Et pour l'étudiant victime de harcèlement sexuel, le tribunal précise que "de tels propos comportent sans contestation possible une teneur sexuelle ainsi qu'un caractère dégradant et humiliant pour M. O. Dans ces conditions, ils n'ont pu que porter atteinte à sa dignité".
Boule au ventre ou évitement
Bertrand Pauvert avait été suspendu provisoirement en octobre 2021 par le président de l'UHA Pierre-Alain Muller après plusieurs plaintes d'étudiants. La première décision de justice intervenant en juillet 2022, il peut donc théoriquement reprendre ses cours à partir du 9 octobre à l'Université de Haute Alsace. Les différents mails de l'enseignant envoyés à la direction de l'université montrent qu'il veut reprendre ses cours au plus vite.
Manon Denizot, présidente de la Communauté solidaire des terres de l'Est (CSTE 68) se dit choquée que l'enseignant puisse se retrouver à nouveau devant des étudiants. "Il a été relaxé pour 14 plaintes parce que ce n'était jamais plusieurs fois sur la même personne. Un seul témoignage a été vraiment pris en compte, parce que cet étudiant a été pris à partie deux fois par Bertrand Pauvert."
Pour Manon Denizot, le retour de l'enseignant pose question. "Certains étudiants ont du mal à comprendre pourquoi leurs témoignages n'ont pas de valeur aux yeux de la justice. Parce que ses remarques créaient un climat de peur. Il tenait des propos humiliant envers un étudiant, et la fois d'après, c'était un autre. Certains étudiants ne venaient plus en cours, par peur de subir des humiliations ou d'être pris à partie. D'autres avaient une montée d'angoisse avant d'entrer dans l'amphi, ils venaient la boule au ventre. Il y avait un climat de peur et d'humiliation."
Conseil de discipline
Lors de l'AG du 3 octobre, les étudiants ont décidé de lancer une pétition pour demander à être entendu par le président de l'université.
"Parce qu’avoir simulé une sodomie sur un étudiant n’est visiblement pas assez traumatisant. Parce que sous-entendre s’être fait sucer par une étudiante pour des notes n’est pas assez dégradant, il a le droit de revenir enseigné alors même que certaines de ses victimes sont encore à la faculté", peut-on lire dans le texte de la pétition.
Manon Denizot pointe un autre problème encore : des victimes de Bertrand Pauvert pourront se retrouver en face de lui en cours. "Y aura-t-il des représailles au niveau des notes ? Certains étudiants ont d'ailleurs eu peur de témoigner. Le climat n'est pas serein."
Les étudiants attendent aussi avec impatience le résultat d'un conseil de discipline qui aura lieu le 20 octobre, dépaysé à l'IUT de Belfort-Montbéliard sur cette affaire.