Face à l’opacité des tarifs, les livreurs de plateforme maintiennent la grève prévue les 2 et 3 décembre. Malgré des discussions avec Uber Eats mardi 21 novembre sur le changement de sa rémunération, les propositions sont jugées insuffisantes par la fédération CGT Transports et Union-Indépendants.
Les livreurs dénoncent la nouvelle tarification de la plateforme Uber Eats mise en place le 10 octobre. Une équipe de France 3 Alsace a pu aller à la rencontre des livreurs mulhousiens. Tous disent gagner moins depuis l’entrée en vigueur de ce changement de rémunération.
"Avant pour aller dans le quartier des Coteaux, je gagnais 10-12 euros, maintenant ça n’est plus que 4 ou 5 euros", explique Diaby Daouda, livreur depuis trois ans. L'appel à la grève de l'ensemble des livreurs de plateformes les 2 et 3 décembre est maintenue, malgré une réunion avec Uber Eats mardi 21 novembre qui a mis le feu aux poudres. Même constat pour Diabi Brahim : "On gagne de moins en moins. Avant, pour faire 3 km, je gagnais 10 euros. À présent, c’est 3 ou 4 euros. Ça devient trop chaud pour nous. Ce travail, on aime le faire, mais là, on ne peut plus".
Certains comptent arrêter prochainement cette activité, à l’instar de Georges : "Ce matin, j’étais en train de chercher du travail pour être chauffeur. Là, je gagne le SMIC pour rester toute la journée dehors dans le froid et la pluie." Georges note lui aussi que les tarifs ont baissé considérablement : "On fait plus de kilomètres moins rémunérés. Quand il y a une forte demandes de livraisons, les tarifs baissent, c’est de la concurrence déloyale."
Les syndicats font le même constat que les livreurs
Fabian Tosolini est délégué national de l’Union Indépendants. Il explique que depuis qu'Uber Eats a changé sa rémunération, son syndicat a prouvé qu’elle était négative et néfaste, car les livreurs voient une baisse de leurs rémunérations au niveau journalier, hebdomadaire et mensuel.
"Aujourd’hui, que ce soit Uber Eats, Deliveroo ou Stuart, les plateformes n’expliquent pas aux livreurs comment est construite la rémunération au quotidien." Lors des discussions avec Uber Eats mardi 21 novembre, la plateforme a expliqué qu’il y a une modification de la méthode de calcul du prix de la course. "Par exemple, une course à 3,85 euros avant le 1er novembre est rémunérée aujourd’hui à 2,85 euros. Par-contre, des courses de 6-7 euros peuvent être réévaluées à 7,50 ou 8 euros. Le problème que nous constations aujourd’hui, c’est que c’est une vraie loterie. On ne sait pas comment le prix de la course est calculée" explique Fabian Tosolini.
C’est pour lutter contre cette opacité des tarifs que les deux syndicats incitent les livreurs à faire grève. C’est d’ailleurs la première fois que deux organisations représentatives appellent à une grève nationale. Généralement, les livreurs s’organisent en collectif dans les villes pour réclamer leurs droits.
Fabian Tosalini précise que, "cette fois-ci, l’enjeu, c'est de garantir une rémunération décente pour tous les livreurs de France, quelles que soient les plateformes pour lesquelles ils travaillent."
La version d’Uber Eats
Un discours qui tranche avec le communiqué de presse d’Uber Eats datant du mardi 21 novembre. "Uber Eats s’est entretenu ce jour avec les organisations représentatives de livreurs afin de discuter de sa nouvelle tarification et de son éventuel impact sur les revenus. Des garanties supplémentaires immédiates ont ainsi été présentées et un consensus autour de futures discussions sectorielles sur les revenus a été trouvé. (…) Après trois semaines de mise en œuvre, il apparaît que la nouvelle tarification d’Uber Eats a eu un impact neutre sur le niveau moyen des revenus des livreurs. Si ce changement peut faire varier certaines courses à la hausse et d’autres à la baisse, il ne vise pas à diminuer la rémunération moyenne par course. Ainsi, la rémunération des courses à Avignon, Lille et Rouen - où le changement de rémunération a été lancé en premier - est restée stable avec une légère augmentation du revenu moyen par course de 1,4%. Suite au déploiement complet de la nouvelle tarification, le revenu moyen par course a connu une légère hausse de 3% lors de la première semaine."
Le délégué national de l’Union Indépendants précise que le prix de la livraison pour le client, lui, n’a pas baissé. Il estime que les seuls gagnants dans cette histoire, ce sont les plateformes. Reste à voir si la grève prévue les 2 et 3 décembre pourra encore changer la donne.