Le président de la République est arrivé à Mulhouse vers 12h30, ce mardi 18 février, pour une visite consacrée à la lutte contre le "séparatisme islamiste". Emmanuel Macron a quelque peu bousculé le protocole en prenant le temps de discuter avec les habitants du quartier de Bourtzwiller.
A son arrivée à Mulhouse, vers 12h30 ce mardi 18 février, Emmanuel Macron a discuté avec les habitants du quartier de Bourtzwiller pendant plus d'une heure. Interpelé par un jeune sur le thème de la stigmatisation : "Comment expliquez-vous que nous, habitants du quartier de Bourtzwiller, on soit encore stigmatisés à cause de notre couleur de peau ou notre religion ?", Macron répond que la république est laïque : "Ça veut dire que tous les citoyens ont le droit de croire ou de ne pas croire, ça veut dire qu’on doit pratiquer sa religion en respectant les règles de la république, si tout le monde est dans les règles, tout se passe bien. L’islam traverse une crise, avec une radicalisation de certains et des mouvements très durs qui veulent aller vers l’islam politique. Et chez nous l’islam politique pas de place."
Le ton est donné. Emmanuel Macron, accompagné notamment de Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, est en visite à Mulhouse pour lutter contre le repli communautariste, le séparatisme islamiste et la radicalisation. Le protocole prévoyait une rencontre avec les policiers du commissariat de Bourtzwiller mais son programme a vite été modifié par un bain de foule avec les habitants. Séances de selfies, autographes, serrages de mains et discussions au pied levé.
Bourtzwiller fait partie des 47 quartiers de reconquête républicaine (QRR) créés depuis le début du quinquennat, un dispositif créé en 2018 pour lutter contre la délinquance et les trafics. Peuplé de plus de 15.000 habitants, ce quartier du nord de Mulhouse a été choisi parce qu'il a "de vraies difficultés" a indiqué Emmanuel Macron. Depuis 2012 le quartier de Bourtzwiller bénéficie aussi d’un plan de lutte contre la radicalisation en étant classé zone de sécurité prioritaire.
Après son bain de foule, Emmanuel Macron a visité le commissariat du quartier où il s'est mis à l'écoute des policiers mulhousiens.
Avant d'arriver au gymnase de la Doller, accueilli par les élus locaux et où il a invité les habitants pour un échange. Il a donc rattrapé son retard sur son programme. Il y était attendu par plusieurs dizaines d'habitants maintenus à distance par un cordon de gendarmes mobiles.
Après avoir échangé avec les acteurs associatifs et institutionnels de la politique de la ville et rencontré des associations sportives, Emmanuel Macron s'est installé à la tribune : "Au fond, le sujet dont nous avons traité tout au long de la journée, avec les habitants, les policiers, l’ensemble des services de l’Etat, les élus , les associations, c’est le sujet de la République…Nous avons le sentiment, dans notre pays que des fractures se sont installées…le sentiment aussi qu'il y a des parties de la république qui veulent se séparer du reste…nous avons une partie de notre population qui se sépare…au titre d’une religion dont elle déforme les aspirations profondes et en faisant de cette religion un projet politique et au nom de l’islam" a-t-il notamment déclaré.
"Le séparatisme islamiste est incompatible avec la liberté et l'égalité, incompatible avec l'indivisibilité de la République et la nécessaire unité de la nation", a affirmé le chef de l'Etat. Mais "il ne s'agit pas de stigmatiser quelque religion. Et ce que nous avons à faire n'est pas, comme je l'ai parfois entendu chez certains, un plan contre l'islam. Ce serait une faute profonde".
"Dans la République, on ne peut pas accepter qu'on refuse de serrer la main à une femme parce qu'elle est femme; dans la République, on ne peut pas accepter que quelqu'un refuse d'être soigné ou éduqué par quelqu'un; dans la République, on ne peut pas accepter la déscolarisation; dans la République, on ne peut pas exiger des certificats de virginité pour se marier; dans la République, on ne doit jamais accepter que les lois de la religion puissent être supérieures aux lois de la République, c'est aussi simple que ça", a énuméré le président de la République.
Emmanuel Macron a notamment annoncé, parmi les mesures "fortes" préparées depuis plusieurs mois par le gouvernement, que la France allait cesser d'accueillir des "imams détachés" envoyés par d'autres pays, comme la Turquie et l'Algérie, sans préciser à quelle date cette mesure serait appliquée. Il a aussi affirmé qu'il serait également mis fin à l'accueil des quelque 300 "psalmodieurs" reçus chaque année durant la période du ramadan.
Il a également fait allusion à la nouvelle mosquée An Nour de Mulhouse, la plus grande de France. Sur plus de 4.600 m², on y trouve deux grandes salle de prière, une école coranique, une piscine et des espaces de bien-être. "On voit la difficulté, le malaise qu’on peut avoir dans la République, quand on voit de tel projet dont on ne connait pas toutes les sources de financement de manière claire et l’exacte finalité…c’est pourquoi des mesures fortes seront prises pour mieux controler les lieux de culte et garantir leur pleine transparence."