A Mulhouse, la piscine Pierre et Marie Curie, appelée bains municipaux, particulièrement énergivore, va fermer le 3 janvier pour une durée indéterminée sur décision de l'agglomération. Le bâtiment, inscrit aux Monuments historiques, doit faire l'objet d'une réflexion pour lui assurer une seconde vie.
C'était dans l'air du temps depuis plusieurs mois à Mulhouse, cette fois c'est sûr : la piscine Pierre et Marie Curie va fermer. Au moins temporairement. La décision, tombée lundi 12 décembre lors du conseil d'administration de l'agglomération mulhousienne, prendra effet le 3 janvier 2023, pour une durée indéterminée. Raison invoquée : le bâtiment, particulièrement énergivore et sous-fréquenté, est un gouffre financier pour la M2A en charge des équipements sportifs de la ville.
Même si les Mulhousiens s'y attendaient, la décision surprend et a du mal à passer. Sur place, les réactions des usagers recueillies par notre équipe de reportage sont sans équivoque. "Je viens de l'apprendre à la caisse. On y était très attaché, on l'aimait beaucoup. C'est symbolique de Mulhouse", déplore une fidèle des bassins de la piscine depuis de nombreuses années. Une autre nageuse, visiblement très déçue, ne se console pas de voir disparaitre un lieu aussi exceptionnel. "C'est un gros poids sur le cœur, j'espère qu'on trouvera une solution".
La solution entérinée par l'agglomération mulhousienne consiste pour l'instant à faire des économies sur le gaz et l'électricité. Face à la flambée des prix de l'énergie, la M2A a adopté un plan énergie assorti d'une dizaine de mesures visant à la sobriété et l'efficacité énergétiques, sur le fonctionnement des équipements notamment. Parmi eux, la piscine Pierre et Marie Curie est donc concernée.
"C'est le bâtiment le plus énergivore de toutes les piscines de l'agglo mulhousienne. Il nous coute plus de 1,5 millions d'euros par an", assure Pierre Lipp, conseiller communautaire de M2A en charge des équipements sportifs. Le bâtiment plus que centenaire est chauffé par une chaudière à vapeur alimentée au charbon. Plus de 1500 tonnes de charbon y sont brûlées chaque année, soit 1800 équivalent tonnes de CO2. Pas très écologique, concède le conseiller. D'autant que le charbon est désormais importé de Colombie, en raison de la taille des granulés. C'est aussi pour cette raison que la décision a été prise de fermer la piscine.
Une fermeture qui ne se fait pas de gaieté de cœur. Les Mulhousiens sont attachés à leurs bains municipaux. La construction du bâtiment décidée par la ville en 1911, interrompue pendant la guerre, est achevée en 1925. Il comprend outre les deux bassins de natation, des cabines avec baignoires et des bains romains au premier étage.
L'édifice est resté dans son jus : son réseau d'adduction d'eau n'a pas bougé, la chaudière non plus, les vitraux du hall et ceux du bain romain sont restés en place. Voila qui justifiait de classer le bâtiment au patrimoine. "On tient absolument à le conserver et à lui trouver un nouveau devenir", assure Pierre Lipp.
Mais pour ce faire, l'agglomération a besoin d'aide. Seule, la M2A n'y arrivera pas. "On fera appel soit à l'Etat, soit à des sociétés privées".
En tout cas, la fermeture annoncée pour début janvier n'affectera pas les activités auxquelles se livraient jusqu'à présent les usagers des bains municipaux. C'est du moins ce qu'on assure du côté de l'agglo avec une redistribution de créneaux pour le public, les scolaires et les sportifs dans d'autres équipements mulhousiens.