Dinah, une adolescente de 14 ans, ne s'est pas suicidée en raison d'un harcèlement scolaire. Un an après le drame, c'est la conclusion de la procureure de Mulhouse qui a annoncé le classement sans suite de l'affaire. La mère de Dinah se dit sous le choc.
Presqu'un an jour pour jour après le suicide de Dinah, à Kingersheim, dans le Haut-Rhin, le procureure de la république de Mulhouse, Edwige Roux-Morizot, conclut, ce vendredi 30 septembre, que l'adolescente n'a pas été victime de harcèlement scolaire. Ce que ses proches soutenaient pour expliquer son geste.
La lycéenne âgée de 14 ans a mis fin à ses jours dans la nuit du 4 au 5 octobre au domicile familial à Kingersheim (Haut-Rhin). Selon sa mère, ce passage à l'acte est lié au harcèlement que lui a fait subir des camarades de classe lorsqu'elle était au collège.
Ce harcèlement aurait commencé après les aveux de Dinah sur son homosexualité auprès des filles de son collège, deux ans avant le drame. Durant tout ce temps, l'Education nationale aurait fermé les yeux, d'après les parents de Dinah qui ont porté plainte contre X en novembre 2021.
La mère de Dinah, Samira Gonthier, jointe par téléphone cet après-midi, dit ne pas comprendre la décision prise par la procureure de classer l'enquête sans suite. "Je suis sous le choc. On l'a appris en même temps que tout le monde, la procureure ne nous avait pas prévenus qu'elle allait s'exprimer aujourd'hui".
La famille et l'avocate doivent se rencontrer très prochainement pour décider de la suite à donner. En tout cas Samira est déterminée : "On continuera le combat, on ne va pas rester sans rien faire", affirme-t-elle.
Une enquête et une personnalité complexes
Le parquet de Mulhouse avait ouvert une première enquête sur les recherches des causes de la mort de Dinah, une procédure normale en pareil cas. Une autopsie avait été sollicitée ainsi que l’audition des proches pour tenter de cerner les raisons de son suicide. Puis une deuxième enquête pour harcèlement avait suivi compte tenu des déclarations de la mère de Dinah.
De nombreuses personnes ont été auditionnées dans ce dossier notamment le personnel du collège. Les enquêteurs ont examiné le contenu du téléphone et de l'ordinateur de Dinah, les mois qui ont précédé sa mort.
"Pour le Parquet il n’y a pas de harcèlement. Sa mort n’est pas consécutive à cela. Elle est liée à sa personnalité complexe à son déséquilibre psychique", affirme la procureure. Elle va donc demander un classement sans suite du dossier.
"On continuera le combat"
L'avocate de la famille de Dinah, Me Laure Boutron-Marmion, conteste cette décision en faisant valoir que des éléments probants attestent les faits de harcèlement et une absence de réaction du collège.
Par ailleurs, des actes d'investigation essentiels n'auraient pas été ordonnés et réalisés dans le cadre de cette enquête selon l'avocate : "L'enquête n'a pas exploité le téléphone portable de Dinah sur la période présumée des faits de harcèlement", fait-elle notamment remarquer. Lacune l'ayant conduite à transmettre une demande d’actes complémentaires au parquet le 28 septembre 2022, restée sans réponse.
Me Laure Boutron-Marmion confirme de son côté qu'elle poursuivra, avec la famille, le combat judiciaire pour que toute la lumière soit faite autour du décès de Dinah.