En janvier, un scandale a éclaté sur les grands groupes minéraliers qui traitaient leurs eaux alors que cela était interdit. En Alsace, les sociétés Carola et Sources de Soultzmatt respectent un strict cahier des charges pour attester d'une eau non traitée.
Une enquête du Monde et de la cellule investigation de Radio France, sortie en janvier 2024, révélait que trois grands groupes minéraliers traitaient leurs eaux alors que cela est interdit. L'eau pompée était en fait contaminée, mais pour continuer à la mettre en bouteille, ils ont eu recours à des processus de purification non légaux pour l'eau minérale naturelle. Cette affaire a secoué toute la profession puisque 30% des marques seraient concernées selon un rapport consulté par plusieurs médias.
Dans ce contexte, France 3 Alsace s'est rendu chez deux sociétés emblématiques : Carola et Sources de Soultzmatt pour comprendre le cahier des charges à respecter pour produire une eau minérale ainsi que les contrôles effectués.
Des étapes à respecter pour ne pas épuiser le forage
L'eau Carola est exploitée depuis 1888. Son histoire est intimement liée à celle d'un médecin, le docteur Staub. Celui-ci a créé un établissement thermal qu'il prénomme alors Carola, du nom de son épouse. C'est plus tard que cette eau commence à être commercialisée en droguerie et en pharmacie. Au fil des siècles, l'eau est pourtant toujours restée la même : naturelle et sans traitements.
Depuis le forage de la source Carola situé à Ribeauvillé (Haut-Rhin), à 150 mètres de profondeur, plusieurs étapes sont nécessaires pour exploiter cette eau.
Contrairement à d'autres, la ressource n'est pas pompée, "on vient simplement utiliser la quantité dont on a besoin. Comme l'eau n'est pas traitée, c'est important de maintenir la qualité et ne pas faire de variation de débit", explique José Lefort directeur des usines Carola et Wattwiller. Le forage a aussi la particularité d'être protégé par une épaisse couche d'argile imperméable et il n'est pas en contact avec les eaux de ruissellement et la nappe phréatique.
La ressource est ensuite stockée dans un second temps dans des cuves. Une étape intermédiaire qui permet " d'avoir un stock d'eau et de faire la régulation pour le forage qu'on maintient le plus bas possible. On peut stocker l'eau pendant le week-end, pour la consommer pendant la semaine", ajoute José Lefort. Et enfin, l'eau va être mise en bouteille.
50 millions de litres mis en bouteilles chaque année
Dans le Grand Est, la marque est leader avec ses 50 millions de litres qui sont mis en bouteilles chaque année. Mais, comme pour les Sources de Soultzmatt, pas question d'étendre le marché. Ces ressources à préserver, restent à l'échelle locale, au niveau de l'Alsace.
Julian Schmitt, responsable marketing Carola et Wattwiller précise : " Le règlement au niveau du captage de l’eau explique que l’on peut puiser jusqu’à 20% de la source. Nous, on est actuellement à 5% pour Carola. On souhaite vraiment maintenir la qualité de l’eau pour les générations futures."
Des contrôles quotidiens
Pour garantir la qualité, des contrôles sont aussi effectués de manière quotidienne sur les eaux. Ils sont effectués par les laboratoires internes et par l'ARS (L'agence régionale de santé) qui en fait plusieurs par mois.
Chaque jour, l'eau est passée au crible en interne, depuis le forage, et ce, jusqu'au produit fini. "On va réaliser des analyses microbiologiques, mais également des paramètres physico-chimiques, à savoir le PH et la conductivité, qui reflète la minéralité de notre eau et qui permet de garantir sa stabilité tout au long de l’année", détaille Maëva Naffzger, responsable qualité Sources de Soultzmatt.
Les puits de la marque permettent la production de 28 millions de litres à travers des produits diversifiés : eaux, limonades et sodas... Ces eaux alsaciennes ont une identité bien à elles, par exemple la Lisbeth, centenaire, est bicarbonatée et sodique, "très bonne pour l'hydratation" atteste Jacques Sérillon, DG Sources de Soultzmatt. Ces deux eaux minérales ne subissent pas de traitements. Dans le cas contraire, elles ne pourraient plus porter la mention "eau minérale ou eau de source".
Avec Marie Heidmann