15 000 manifestants ont défilé à Bâle (Suisse) ce vendredi 14 juin 2024 pour la traditionnelle grève féministe, selon les organisateurs. Au cœur des revendications, l’égalité salariale entre les hommes et les femmes. Selon les derniers chiffres de l’Office fédéral de la statistique, le revenu des femmes en Suisse est en moyenne inférieur de 43,2% à celui des hommes.
"Du respect, de l’argent, du temps", c’est ce que l’on pouvait lire au dos des t-shirts roses flashy des manifestants ce 14 juin 2024 dans le centre-ville de Bâle (Suisse). Selon les organisateurs, quelque 15 000 personnes ont défilé pour revendiquer l'égalité des droits entre les femmes et les hommes.
La grève féministe est une tradition chaque 14 juin sur tout le territoire helvète. La date fait écho au 14 juin 1981 qui avait ancré dans la Constitution le principe d’égalité. 10 ans plus tard, le 14 juin 1991, une manifestation féministe historique avait poussé 500 000 personnes dans la rue. Le mouvement a été relancé en 2019 suite à la révision d’une loi fédérale supprimant les sanctions en cas de non-respect de l’égalité salariale.
Depuis, le combat continue, chaque année, à la même date, les Suisses ressortent les pancartes, car l’égalité est loin d’être acquise.
"En Suisse, nous n’avons pas de congé parental, pas d’égalité de salaire, nous travaillons plus de 42 heures par semaine, nous voulons la semaine des 30 heures !", explique Reha Mollet, l’une des organisatrices de la grève féministe de Bâle.
En 2022, d’après l’Office fédéral de la statistique (OFS), le revenu des femmes en Suisse était en moyenne inférieur de 43,2% à celui des hommes. Un écart lié en partie au fait que les femmes sont surreprésentées dans les emplois mal rémunérés et sous-représentées dans les postes les mieux payés. En 2020, la moitié des femmes suisses gagnaient moins de 4470 francs suisses par mois et seule une femme sur dix percevait un salaire supérieur à 8712 francs suisses.
Par ailleurs, les femmes continuent d’accomplir une bonne partie du travail non rémunéré. Selon l’OFS, en 2020, elles consacraient 10 heures de plus par semaine au travail domestique et familial que les hommes. Résultat, un écart béant entre les pensions de retraite des femmes et celles des hommes : 34,6% en 2022.
La Suisse au 20ᵉ rang des inégalités hommes-femmes
"La Suisse est au 20ᵉ rang concernant l’égalité homme-femme, on est très mal situé, rappelle Reha Mollet. Trop de femmes sont mal payées alors qu'elles assurent des missions essentielles pour la société". Selon le classement établi en 2024 par le Forum économique mondial, la Suisse a légèrement progressé, passant de la 21e à la 20e place. L'Islande occupe le premier rang depuis plusieurs années, le Soudan est dernier. La France pointe à la 22ᵉ place, l'Allemagne à la 7ᵉ.
Plus tôt, dans la matinée, un premier rassemblement était organisé pour les familles et les personnes à mobilité réduite. Alexandra a défilé en tenant la main de Clara, sa fille de quatre ans. "Je voudrais que ma fille plus tard puisse faire ce qu’elle veut, confie-t-elle, qu’elle n’ait pas d’entraves, que rien ne lui soit impossible parce que c’est une femme". D’après les calculs du Forum économique mondial, à ce rythme, il faudra attendre 2097 pour atteindre l’égalité des sexes en Europe.