Le procès de Sylvie Horning, accusée d'avoir tué cinq nourrissons à leur naissance entre 1995 et 2005, se clôt devant la cour d'assises de Colmar ce jeudi 20 juin. La juge a suivi la réquisition du parquet : vingt ans de réclusion criminelle. La thèse de la défense reposait sur le déni de grossesse.
Le troisième et dernier jour du procès de Sylvie Horning a eu lieu ce jeudi 20 juin 2019 aux assises de Colmar. Pour ce "meurtre aggravé", la juge Marie-Catherine Marchioni a suivi la procureure Mélody Barbuti et condamné l'accusée à vingt ans de réclusion criminelle. Cette mère de trois enfants, qui avait vécu à Wittelsheim (Haut-Rhin) et Petit-Landau (Haut-Rhin), était accusée d'avoir étouffé dans une serviette de bain cinq nourrissons dont elle avait tenu la gestation secrète. Son avocat, Roland Moeglen, avait avancé que l'accusée avait vécu un déni de grossesse, une piste non retenue par le jury. Chronologie du dernier jour d'un procès hors norme.
15h30, la sentence tombe
La juge Marie-Catherine Marchioni prononce une peine identique à celle requise par l'avocate générale Mélody Barbuti : vingt ans de réclusion criminelle. Le jury a voté en majorité pour reconnaître qu'il s'agissait d'un "homicide aggravé" et a voté contre l'atténuation de la responsabilité de Sylvie Horning. Au prononcé de la peine, elle échange quelques mots avec son avocat, puis se retire sans vraiment laisser paraître d'émotion.
"Vingt ans, c'est excessif, déplore son avocat, Roland Moeglen. C'est quasiment le record en France. Manifestement, il faut qu'elle fasse appel... J'espérais un peu moins. En-dessous de dix ans, je n'aurais pas fait appel. Quinze à vingt, c'était déjà problématique. Mais vingt ! Avec cette cour d'assises en Alsace connue pour être sévère..."
Questionné sur la "froideur" de sa cliente, il poursuit : "C'est sa personnalité. Tout se joue contre elle. Elle ne communique pas, elle est relativement froide. Même moi, j'ai des relations pas évidentes avec elle. C'est une cliente qui n'est pas facile. Sa réaction : "suicide" ! Je lui ai dit non, de faire appel, qu'elle ne pourrait pas avoir pire. Elle a dix jours pour le faire."
Reprise de l'audience, l'accusée s'est suffisamment exprimée la veille, début du délibéré
Un mutisme que Sylvie Horning avait déjà adopté plus tôt dans la journée. Après la pause de la mi-journée, à 13 heures, invitée à s'exprimer après avoir entendu les plaidoiries et le réquisitoire, elle déclare : "Je n'ai rien à ajouter." La juge Marie-Catherine Marchioni ouvre alors le délibéré : "Les débats sont terminés." Elle se retire ensuite derrière la salle d'audience en compagnie du jury, composé de six membres.Une peine requise trop lourde selon l'avocat de l'accusée, suspension de l'audience
Dès la fin du réquisitoire, l'avocat de la défense, Roland Moeglen, juge la sanction envisagée bien trop lourde. "Foutez lui la paix ! Parce qu'elle mérite le repos, et pas dans une maison d'arrêt ! Pardon pour la vulgarité..." Il demande à la juge Marie-Catherine Marchioni, présidente de la cour d'assises, de modérer la sanction. Il préfererait qu'il y ait indulgence : un verdict d'apaisement afin que la mère et ses enfants puissent se reconstruire.
L'audience est suspendue et doit reprendre à 13 heures avec l'audition de Sylvie Horning.
Vingt ans de réclusion criminelle requis
L'avocate générale, Mélody Barbuti, qui représente le ministère public, livre son réquisitoire. Elle requiert contre l'accusée vingt ans de réclusion criminelle : "Madame Horning était responsable de ses actes. Elle doit être punie pour meurtre aggravé."Elle ajoute : "On ne peut nier que cette femme a souffert, mais on ne peut nier aussi une certaine froideur de sa part. Je ne l’ai pas vue pleurer lors de ces auditions." Le fait de ne pas requérir une peine de prison à perpétuité laisserait à Sylvie Horning la possibilité de bénéficier d'une réinsertion.
Début de l'audience avec les plaidoiries des avocates des parties civiles
Trois avocates font face à l'avocat de l'accusée. Elles représentent les parties civiles : respectivement l'association Enfance majuscule, l'association Enfance et partage, et le fils de Sylvie Horning, Anthony, l'aîné de ses enfants."Elle a fait le choix de dissimuler sa grossesse à partir du cinquième mois. [...] Elle aurait pu légalement refuser d’être mère par des moyens de contraception, sans tuer ses enfants. [...] Le néonaticide doit être puni."
-Marylène Correia, avocate d'Enfance majuscule-
"La justice doit redonner une voix à ces bébés. Vous redonnerez une humanité à ces amas organiques, qui auraient dû avoir un nom et pas un numéro."
-Monique Sultan, avocate d'Enfance et partage-
"Son fils était dans l'attente d'un geste de la part de sa mère. Ce geste n'est jamais venu, même durant ces jours d'audition. Un début de compréhension qui n'est pas venu."
-Lynda Belarbi, avocate du fils Anthony-
Les faits
Quatre bébés avaient été retrouvés en 2003 dans des sacs-poubelle, dans la forêt de Galfingue (Haut-Rhin). Mais il avait fallu attendre 2017 pour relier Sylvie Horning au quintuple infanticide dont elle est accusée. Un cinquième cadavre de nourrisson avait été retrouvé dans une glacière lors de la perquisition de son domicile. Au cours du procès, la notion de déni de grossesse a pris toute son importance, défense et parties civiles ne s'accordant pas sur la réalité de ce déni de grossesse. Les plaidoiries et le réquisitoire, qui seront livrés ce jeudi, sont très attendus.