Quelques jours avant la 20e étape du Tour de France entre Belfort et le Markstein, les Jeunes agriculteurs du Haut-Rhin ont installé leur décoration vue du ciel. Une fresque à base de bottes de paille, de géraniums, mais aussi de matériaux de récup'.
Chaque année, lors du Tour de France, les hélicoptères de France Télévisions repèrent les immenses fresques visibles depuis le ciel. Pour l'arrivée de la Grande Boucle au Markstein le 22 juillet 2023, les Jeunes agriculteurs du Haut-Rhin (JA 68) ont vu les choses en grand.
Il faut dire qu'ils savent comment s'y prendre. En 2022, lors du passage du Tour de France Femmes dans les Vosges, le syndicat agricole avait déjà formé une fresque autour du thème de l'alimentation. Elle était située le long de la D430, à environ deux kilomètres de l'arrivée (voir carte ci-dessous). "J'avais trouvé que ce pré était l'endroit le plus propice", se souvient Quentin Heinrich, agriculteur à Stosswihr.
La fresque de 2023 sera au même endroit. Avec comme thème imposé par le Tour celui de l'énergie. Depuis l'hiver, les JA planchent sur la forme que prendra leur œuvre. "On va former une goutte d'eau, une éolienne, un soleil et une plante", détaille Charlotte Ritzenhaler, vice-présidente du syndicat et porteuse du projet.
Il est 9h30 ce matin du 19 juillet 2023. On distingue au loin la piste de ski de la Fédérale, sur la station du Markstein. À plus de 1 000 mètres d'altitude, le vent rafraîchit les mollets des pratiquants de ski à roulettes qui empruntent la route qui sera remplie de supporters trois jours plus tard. Certains camping-cars immatriculés en Belgique ou aux Pays-Bas longent déjà le parcours.
Au milieu de cette ambiance de Tour de France, sept agriculteurs s'affairent et déplacent des bottes de paille, à la main ou à l'aide de tracteurs.
Ces bottes serviront à la fois pour former un soleil. D'autres sont enrubannées en vert pour dessiner la plante. Des randonneurs qui passent par là viennent interroger les artistes d'un jour. "Si vous voulez, vous pouvez nous donner un coup de main !", sourit l'un des agriculteurs en plein effort.
La fresque formera un cercle d'environ 40 mètres de diamètre. Chacun des éléments sera séparé de morceaux de bois. Il vaut mieux avoir le compas dans l'œil pour que l'image rende le meilleur possible à la télévision. Le mètre est donc indispensable.
L'organisation du Tour a donné plusieurs consignes. Parmi elles, la compétition impose que les matériaux utilisés soient issus de la récupération ou qu'ils soient recyclés par la suite. Les films plastiques utilisés pour l'enrubannage deviendront plus tard des bouchons de bouteille.
L'éolienne, qui tournera grâce au vent, bien présent sur le site, est faite de matériaux récupérés. Ludovic Meyer, salarié agricole, détaille sa conception. "J'ai pris une vieille roue de vélo, des vieux bidons en plastique. Même les ficelles pour fixer tout ça, je les ai récupérées à droite à gauche."
Au centre de l'œuvre trônera le logo de l'Alsace, la Collectivité européenne d'Alsace s'étant quelque peu invitée dans le projet. "Elle sera formée par près de 200 géraniums qui eux aussi sont réutilisés. Ils ont déjà servi pendant le congrès des maires en juin", explique Charlotte Ritzenhaler. Des plantes offertes par le syndicat des horticulteurs du Haut-Rhin.
Maîtresse des opérations, celle qui tient une ferme à Jebsheim donne les instructions à ses compagnons tout en scrutant le modèle sur son téléphone. "Commencez par faire le tiret du "A" ! Mettez-en 5-6 je dirai."
"Il ne faut pas se louper, on n'a pas le droit à l'erreur. Tout doit être mis en place aujourd'hui et il faut que ça rende bien à l'antenne", se tracasse l'agricultrice. Réponse samedi lors du passage des coureurs devant la fresque géante, aux alentours de 17h.