Agacé par la disparition récente de carafes de collection, le directeur du musée des Eaux-vie de Lapoutroie (Haut-Rhin) s’adresse directement au voleur sur les réseaux sociaux. Avec humour, il invite l’auteur du larcin à déposer les pièces de collection dans sa boîte aux lettres.
Il y a peu d'espoir de voir revenir un jour les carafes de collection subtilisées récemment au musée des Eaux-de-vie de Lapoutroie. Un brin agacé, le directeur de l'établissement, René de Miscault, en a fait son deuil. Dans un post publié sur Facebook dimanche 5 janvier, il a quand même tenu à s'adresser directement au voleur.
Avec l'humour qui le caractérise, il écrit : "La personne qui a emporté par inadvertance des carafes de la collection du Musée des Eaux-de-vie, dont celle de Pernod 45 Pastis 51, est priée de venir dédicacer les belles photos prises par les caméras de surveillance ! Elle peut aussi déposer ces carafes sur notre boîte aux lettres..."
C'est le geste qui compte
Les carafes en question ne sont pas d'une valeur très importante, "environ vingt ou trente euros, explique René de Miscault, on en retrouve facilement dans les brocantes". Non, ce qui l'énerve c'est le geste pour le moins inapproprié de celui qui s'est permis d'emporter ces pièces de collection présentées au public. "Ce n’est pas une catastrophe mais ça m’avait un peu énervé et plutôt que de pleurer sur Facebook je me suis dit que j'allais mettre quelque chose d’un peu amusant". (Voir la publication ci-dessous)
Le musée, fondé par lui-même et son épouse en 1986, accueille environ 30 000 personnes par an. Soit 150 à 200 personnes par jour. "Quand on a des groupes, on fait des visites guidées en expliquant les histoires qui se rattachent aux objets exposés". Sur ces fameuses carafes, justement, il y avait fort à dire. Notamment à propos de l'une d'elles. "Après l'interdiction de l'absinthe en 1915, les anisés ont été autorisés mais limités à 35 degrés d'alcool. À partir de 1951 cette limite a été relevée à 45 degrés, d’où le nom du pastis 51. Cette carafe était estampillée d’un côté Pernod 45 et de l’autre Pastis 51, ce qui me permettait de raconter cette anecdote pendant les visites".
Une histoire de passion
Des anecdotes, cet ancien distillateur en a plein son alambic. Son fils ayant repris le flambeau de la distillerie, "moi maintenant, s'amuse René de Miscault, à mon âge on m'a mis au musée". Âgé de bientôt 87 ans, avec son épouse de deux ans plus jeune, il vit une histoire de passion. Sa toute dernière acquisition : des caves à liqueur de l'époque Napoléon 3. Elles ont appartenu à Adolphe Alfred Federlin, illustre inconnu nommé maire intérimaire de Strasbourg pendant 6 jours par le général Leclerc en novembre 1944. L'occasion pour lui de dérouler cette tranche d'histoire auprès de son public. "Dans le musée il y a des choses qui nous rappellent la petite et la grande histoire. Ce sont des choses comme celle-là que l’on raconte lors des visites".
La passion l'emportera et cet épisode peu reluisant des carafes disparues tombera vite aux oubliettes. "Pour une bricole pareille", René de Miscault a décidé de passer l'éponge et ne portera pas plainte. Sans doute pour s'épargner des explications alambiquées, distillées par un visiteur peu scrupuleux.