Haute-Marne : les exploitants agricoles du département se préparent à faire face à la sécheresse

Le 11 juin 2020, la préfecture de Haute-Marne tenait son premier comité départemental de la ressource en eau de l’année. La vigilance sécheresse a été déclarée, une nouvelle à laquelle les exploitants agricoles s’attendaient.

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Pour le moment, Francis Populus ne s’alarme pas : "Dame nature nous a fait le beau cadeau de la pluie pendant presque deux mois après les grosses chaleurs d’avril donc les prairies sont bien vertes." Mais le producteur laitier, également éleveur de bœufs à herbe, commencera à s’inquièter si les températures continuent d’augmenter.

"Trois semaines de fortes chaleurs peuvent réduire à néant les apports en eau des derniers mois. Nous avons désormais l’habitude, mais c’est toujours compliqué à gérer", confie le haut-marnais. Son exploitation, située à Goncourt à l’est de la Haute-marne près des Vosges, se trouve à 400 mètres d’altitude. L’hiver, il y fait donc très froid, le vent est fort toute l’année et la chaleur se fait sentir en temps de canicule comme en plaine. Il a donc fallu que l’exploitant agricole apprenne à jongler avec ces éléments depuis ses débuts, mais c’était sans compter sur la sécheresse qui touche le département depuis plusieurs années.

Des étés secs en Haute-Marne depuis 2011

"J’ai 53 ans, j’ai repris l’exploitation de mon père, qui la tenait de mon grand-père. Je n’avais jamais connu ça à leur époque. La première fois que j’ai constaté les effets de la sécheresse, c’était en 2011. Je possède environ 300 hectares, 100 d’herbes et 200 de céréales, ce qui me suffit à être autonome mais à condition que la chaleur ne tue pas mes récoltes," détaille l’exploitant agricole.


Cette année, le maïs destiné à nourrir ses bovins semble en bien meilleure santé que l’année dernière à la même époque, mais il doit le rester jusqu’à sa récolte. L’an passé, la céréale avait mal poussé à cause du manque d’eau, 80 cm de hauteur contre environ 2 m les autres années, elle manquait d’amidon et de sucre pour nourrir les bêtes correctement. L’éleveur avait alors dû acheter des suppléments alimentaires pour nourrir ses bêtes. 

40.000€ investis dans des suppléments alimentaires

"Je suis obligé d’acheter pour environ 40.000 € de suppléments alimentaires, notamment de la paille et des pommes de terre, les années de sécheresse et celles suivants ces épisodes de fortes chaleurs. Car nous n’avons pas de stock pour nourrir les bêtes quand l’herbe dans les prairies ou les céréales ne poussent pas," explique Francis Populus. 


"40.000 €, c’est plus qu’un trou dans le budget. Nous avons quelques aides néanmoins. Par exemple l'an dernier, le conseil régional m’a donné 3.000 €, le conseil départemental 1.100 € et la calamité agricole (une assurance spécifique qui couvre ce genre de sinistre) m’avait donné environ 1.000 €. J’avais donc perçu environ 5.000 € et ça m’avait bien aidé. Mais cette année, seul le conseil départemental va me donner la même somme qu'en 2019. Je n’aurai rien du conseil régional et je pense que la calamité agricole croule sous les dossiers comme le mien. Le problème reste le même : les fonds. Les organismes d’aide pour les agriculteurs manquent de budget. Et je ne suis pas sûr de pouvoir percevoir beaucoup cette année," détaille l’exploitant.

Une préparation en amont 

De plus avec le Covid-19, d’après la FDSEA 52, les transporteurs, qui livrent les suppléments alimentaires mais aussi l’eau dans certaines exploitations, auraient augmenté leurs tarifs, car ils roulent moins, ou moins chargés, et les péages seraient plus chers que l’an dernier. Difficile donc de suivre financièrement si le prix des logisticiens augmente, pour certains exploitants. 

D’après Frédéric Van Westeinde, directeur de la FDSEA 52, le syndicat aurait ouvert des négociations, pour éviter de trop gros trous dans le budget des exploitants agricoles devant faire appel à eux. "La seule chose à faire, c’est surveiller la météo et tenter de se préparer au mieux en amont," explique-t-il.

Une anticipation présente chez tous les exploitants agricoles depuis 9 ans. Francis Populus n’est pas défaitiste, mais surveille son terrain et ses bêtes avec attention. "Les vaches ont du mal à supporter la chaleur. Qu’elles soient laitières ou d’engraissement, si les températures oscillent entre les 30 et  35°, les bêtes se nourrissent moins, elles boivent plus et cette façon de s’alimenter joue sur la qualité du lait plus dilué ou de la viande moins goûteuse, on fait donc très attention avant, mais aussi pendant les périodes de fortes chaleurs," confie le haut-marnais.

Et si l’été et les grosses chaleurs ne font que commencer, l’exploitant agricole a déjà la tête à l’automne prochain. "Je me rends compte que ces années de sécheresse ont fortement abîmé mes pâtures. On dirait qu’elles ont été vidées, stressées. Nous n’avons plus les mêmes fleurs et herbes de qualité qui poussent dans nos pâturages. J’envisage un nouvel investissement financier à l’automne pour planter des sur-semis pour gagner en qualité les prochaines années et essayer de retrouver ce que la sécheresse m'a enlevé," conclut l’agriculteur.
 

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