Haute-Marne : l'abattage d'une forêt fait polémique, une habitante lance une pétition pour sauver le bois communal

L’Office National des Forêts prévoit de raser 6 hectares du bois communal de Narcy, en Haute-Marne, pour régénérer la forêt. Jocelyne Maucolin, retraitée, fait appel au soutien de tous pour contrer le projet.

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C’est l’un des lieux de balade favoris de Jocelyne Maucolin. Mais il pourrait bientôt être défiguré. Le bois de Narcy, au nord de la Haute-Marne, à une quinzaine de kilomètres de Saint-Dizier, va subir une coupe rase de deux de ses parcelles. Pour la retraitée haut-marnaise, c’est l’incompréhension.

« Tout a commencé en février dernier, raconte-elle. Alors que je me promenais dans le bois de Narcy, je me suis rendue compte que tous les arbres avaient été marqués. Je me suis donc renseignée, et j’ai découvert que l’ONF, en accord avec la municipalité, prévoyait de couper à blanc 6 hectares de forêt. Ils veulent ensuite replanter uniquement du douglas, un résineux originaire d’Amérique du nord ». 

Face à ce constat, la retraitée haut-marnaise décide d’agir. Avec l’aide de l’association bragarde “Belles forêts sur Marne”, elle lance une pétition en ligne. « Ce qu’on demande, explique-t-elle, c’est une gestion forestière plus douce. Tout couper n’est pas une solution. Il faut trouver un juste milieu entre le respect de la biodiversité et la garantie de revenus financiers pour la collectivité. Il faut que tout le monde y trouve son compte ».

Le bois de Narcy est une forêt de feuillus, composée principalement de chênes, de hêtres, de merisiers ou encore de tilleuls. Pour Jocelyne Maucolin, planter des douglas à cet endroit n’a pas de sens. « Quel est l’intérêt de tout raser pour planter une essence qu’on ne trouve pas naturellement ici ? se questionne-t-elle. Les douglas vont prendre la place de toute la végétation endémique. Et puis lors d’une coupe rase, le cycle de vie de la forêt est stoppé net du jour au lendemain. Les mammifères, les oiseaux, les insectes, les champignons, les plantes qui vivent là ne pourront pas survivre si on détruit leur écosystème. Préserver la biodiversité, c’est l’une des missions centrales de l’ONF, donc je ne comprends pas ! »

De son côté, l’Office National des Forêts affirme que la coupe est dûment réfléchie. Les deux parcelles concernées ont été fortement touchées lors de la tempête de 1999. Elles ont d’abord été mises en régénération naturelle grâce au procédé de reproduction des arbres, sans plantation extérieures de l’Homme.

Mais après vingt ans d’observation, les agents de l’ONF estiment que la régénération naturelle n’est pas suffisante et que la plantation est obligatoire. Les sols étant assez pauvres, c’est le douglas qui a été retenu pour recapitaliser ces parcelles. C’est un arbre qui résiste bien aux tempêtes, et qui est également une valeur sûre en termes d’exploitation forestière.

Le coût de la coupe puis de la plantation est estimé à 43.000 euros pour la commune de Narcy. A cela s’ajoutent des frais d’entretien des parcelles à prévoir sur les dix années suivantes. 

Le soutien des associations environnementales

Jocelyne Maucolin n’est pas seule dans son combat. Des associations de protection de l'environnement, comme la Ligue de Protection des Oiseaux de Champagne-Ardenne, se sont ralliés à sa cause. « Des spécialistes sont venus sur place pour répertorier les espèces animales et végétales des parcelles, indique la retraitée haut-marnaise. Le but est de publier un rapport montrant l’impact des coupes rases sur la biodiversité et demander l’abandon du projet ».

Même si nous échouons, ça servira peut-être de modèle à d’autres défenseurs de la nature ailleurs en France. En tout cas, jusqu’au bout, je ferai tout pour cette forêt !

Les coupes devraient avoir lieu courant 2022. Pour Jocelyne Maucolin, le délai est encore suffisant pour revenir en arrière. « En quelques mois, les choses peuvent évoluer, confie-t-elle. La pétition commence à prendre de l’ampleur, avec 400 signatures en moins de trois semaines. Et puis même si nous échouons, ça servira peut-être de modèle à d’autres défenseurs de la nature ailleurs en France qui pourront mener le combat eux-aussi. En tout cas, jusqu’au bout, je ferai tout pour cette forêt ! »

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