Haute-Marne : qui se cache derrière la façade insolite de cette maison à Chaumont ?

C’est une drôle de façade qui arbore désormais le croisement de la rue du docteur Michel et la rue Victoire de la Marne à Chaumont. Haut en couleur et en graphisme, l’immeuble de trois étages a de quoi interpeller. Et c’est tout l’objectif. Nous avons rencontré l’artiste qui se cache derrière.

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Impossible de passer à côté. Entre les immeubles en pierre et les façades sobres, l’un des bâtiments d'une rue passante de Chaumont en Haute-Marne a fait peau neuve. Fini la « façade vieillotte » comme la qualifie l’une des commerçantes. Désormais, les murs sont recouverts de bleus, de rouge, de noir, de blanc. Et surtout d’étonnantes formes graphiques. Les plus attentifs auront reconnu : il s’agit des plateaux de jeux de dames, de backgammon et de morpion, entre autres.

L’œuvre est signée Justine Figueiredo, une graphiste qui exerce à Paris. Elle a répondu à un appel à projet de la ville de Chaumont, qui souhaite créer un parcours graphique. « Ce qui m’a intéressé, c’est qu’il fallait créer une œuvre qui dialogue avec les habitants ».          

Et pour le coup, l’œuvre interagit vraiment avec les habitants. Au pied de celle-ci se trouvent des QR codes (qu’on ne présente plus …), une fois flashés, ils redirigent vers ce site internet qui permet de jouer au morpion avec un autre joueur connecté. Mais pour jouer une condition est indispensable : se trouver à Chaumont ! En effet, le site internet géolocalise les joueurs pour leur permettre de débuter leur partie de morpion.

 Une œuvre connectée

« L’objectif, c’est de faire du digitale mais local » explique celle qui a imaginé le jeu. « Au départ, je m’étais posée la question de quel jeu choisir. Il fallait un jeu qui se joue à deux, qui soit simple et rapide. Une partie de dames serait trop longue, les règles des échecs trop compliquées à expliquer, donc j’ai choisi le morpion ».

Pour pouvoir donner naissance  à son œuvre, la graphiste parisienne a dû participer à un concours national organisé par la ville et le Ministère de la culture. Au total, une soixantaine de graphistes de toute la France ont participé. « Cela nous conforte dans notre rôle de ville du graphisme » se réjouit Paul Fournié, premier adjoint au maire en charge de la culture.

Après que le projet de Justine Figueiredo a été validé par la ville, les travaux ont débuté le 1er novembre. Pendant quatre jours et demi, les prestataires dont elle s’est entourée ont repeint l’ancienne bâtisse. « Personnellement, je n’ai peint que le QR code au sol, parce que j’ai le vertige ! » s’amuse la graphiste.

L'envers de la façade

Les motifs qui ornent le bâtiment correspondent à l’univers de Justine Figueiredo : « ce que je fais a souvent un côté très coloré, avec des stries, de la typographie ». Pendant le confinement, elle a eu l’occasion de réaliser un plaid aux motifs de plateaux de jeux de sociétés qui ressemble fortement à ce qui trône désormais dans le centre-ville de Chaumont. « Un joli hasard » que le cahier des charges colle à sa réalisation. Le thème des jeux de société a d’autant plus séduit le jury qu’autour du bâtiment se trouvent des bars et un magasin qui vend des jeux.

Du côté des commerçants qui travaillent autour de l’immeuble en question, certains se disent ravi de voir cette fresque « Ça modernise le quartier et donne un intérêt supplémentaire pour y venir ». La vendeuse d’une boutique de cadeau imagine que ça apportera plus de visiteurs dans sa rue. Une consœur nuance, « c’est un peu trop coloré et trop graphique à mon goût. Mais c’est mieux que l’ancienne façade moche ! ».

« L’ancienne façade moche » appartient à un propriétaire privé. Depuis plusieurs années, il signalait à la mairie qu’il était prêt à accueillir une fresque sur son immeuble. C’est désormais chose faite : il a cédé gracieusement sa façade à la ville de Chaumont qui promet en échange de la maintenir en bon état.

La première œuvre d’un « parcours graphique »

La fresque ne sera pas la seule à décorer la ville : quatre autres artistes donneront naissance à d’autres réalisations. La prochaine sera celle de Simon Renaud, en décembre, sur le mur de soutènement du parking de la gare avenue Foch. L’objectif est d’établir une fresque à chaque entrée de la ville. Au nord, c’est un mur de l’hôpital qui sera transformé. Au sud, le château d’eau du rond-point Ashton. Mais également à une entrée ferroviaire : le mur du gymnase Jean Masson qui donne sur la gare sera orné d’une fresque fluorescente, visible même la nuit !

Paul Fournié précise que les fresques seront imaginées en lien avec la population et les scolaires : « L’objectif ce n’est pas juste de demander à un graphiste de venir faire une fresque. Mais c’est de le faire en lien avec la population ».

Parcours graphique dans la ville

A terme, la ville veut créer un « parcours graphique » dans la ville. « Chaumont est la ville du graphisme, mais encore faut-il qu’on s’en aperçoive » explique l’adjoint au maire. L’objectif est alors de faire rayonner le graphisme dans les rues de Chaumont, aux yeux de tous. Et pas question de faire du street-art : l’adjoint au maire tient à ce que ce soit vraiment du graphisme, pour honorer la renommée de Chaumont en tant que ville nationale du graphisme.

Les cinq œuvres représentent un coût de 180 000 € (dont la plupart des frais proviennent des échafaudages) réparti entre la ville de Chaumont, l’Etat et le département de Haute-Marne.

Mais la question que tout le monde se pose est surtout : que pensent les services de l’urbanisme de cet immeuble qui détonne dans le paysage ? « Le service de l’urbanisme, c’est la ville de Chaumont donc ils n’ont pas vraiment le choix ! » ironise Paul Fournié. «Ce qui aurait pu poser problème, ce sont les Architectes des bâtiments de France. Mais comme ils faisaient partie du jury, ils l’ont validé en amont». Les cinq fresques ont vocation à durer : « elles deviendront des œuvres d’art. Nous sommes en train de créer du patrimoine artistique ». Une manière de conforter Chaumont dans sa position de capitale du graphisme.

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