Le Grand Hôtel Terminus Reine, hôtel-restaurant situé en face de la gare de Chaumont (Haute-Marne), a connu son dernier service ce dimanche 2 avril. Les gérants n'arrivaient plus à faire tourner l'institution.
C'est la fin d'une institution bien connue des gens de Chaumont (Haute-Marne), qu'ils soient de passage ou locaux. Elle avait débuté en 1921, soit il y a un petit peu plus d'un siècle.
Le Grand Hôtel Terminus Reine, trois étoiles, qui fait aussi restaurant... n'est plus. Son dernier service a eu lieu ce dimanche 2 avril 2023.
L'établissement se trouvait en face de la gare, une situation bien pratique. Mais les affaires allaient mal, le personnel manquait. Et finalement, il a fallu se résoudre à baisser le rideau. C'était donc l'occasion ou jamais de pouvoir profiter d'un dernier repas sur place.
Présente sur les lieux, Charlotte Meunier, journaliste-reporter de France 3 Champagne-Ardenne, était accompagnée à la caméra de Marylou Czaplicki. Elle a pu enregistrer les ultimes réactions, sous les beaux lustres de cristal et les rideaux rouges.
Le directeur, François Jehlé, parle d'une histoire de famille. "Mon grand-père a racheté l'Hôtel de la Gare. Qu'il a rebaptisé Terminus Reine, en utilisant son nom. Il y a beaucoup de Terminus, mais seulement un Terminus Reine" C'était au tout début des années 1920.
Et il y a eu la guerre. L'hôtel-restaurant a été confondu avec la gare de Chaumont au cours des bombardements menés sur l'est de la France. Il sera reconstruit. "Aujourd'hui, après 103 ans, c'est beaucoup d'émotion." Et beaucoup de remerciements au personnel qui s'est succédé au fil des années.
Beaucoup ont passé deux décennies au moins ici. Mais jusqu'au bout, le sourire reste une partie intégrante de leur uniforme. "Ça fait chaud au cœur, mais il ne faut pas le montrer", confie un maître d'hôtel. La clientèle est intarissable. "Institution où l'on venait très souvent" pour l'un, "meilleur restaurant de la région" pour l'autre... même si "ça n'engage que [lui]".
Il y a aussi celles et ceux qui gardent le silence. Soit à cause de l'émotion... soit, plus prosaïquement, pas un désir assez compréhensible de pouvoir déguster son dernier repas sans avoir une caméra sous le nez.
Le chef droit dans ses bottes
En cuisine, le chef Bernard Tripet était présent depuis un quart de siècle. Il savait "tout faire". Mais la fermeture imminente, il la vit bien. "Cela ne me fait rien. Ça ne me fait pas bizarre. Je me sens normal. Je préfère aller de l'avant." De nostalgie, il n'y aura pas.
"Tout simplement, même si c'est la dernière fois. C'est une journée comme une autre, je ne change pas." C'est clair et net. Comme l'un de ses coups de couteaux avec lesquels il tranche si efficacement les rôtis et autres pommes de terre.
C'était donc le voyage qui comptait et pas tant la destination... "Du début jusqu'à la fin. C'était dur, mais j'ai vécu de bonnes années." Il en profite pour railler ses collègues. Et maintenant ? Il va peut-être prendre quelques vacances, même s'il "ne sait pas trop où". Probablement pas à Chaumont, en tout cas (voir l'hôtel-restaurant localisé sur la carte ci-dessous)...
Un rachat aurait eu lieu de la part "d'un investisseur". Mais on n'en sait pas plus, et la date de réouverture n'est pas connue.