Ce jeudi, Colombey-les-Deux-Églises (Haute-Marne) commémorera les 80 ans de l'Appel du 18 juin 1940. Les restrictions sanitaires poussent la municipalité à organiser des cérémonies plus sobres que prévu, mais l'esprit du général de Gaulle y sera célébré avec "émotion".
“Il y a forcément une grande frustration, mais cet hommage, il faut qu’on le rende !” À la veille des commémorations de l’Appel du 18 juin 1940, c’est par ces mots que Pascal Babouot, maire Les Républicains de Colombey-les-Deux-Églises, résume l’atmosphère qui règne dans sa commune. Une commune “chagrinée” de ne pouvoir célébrer cette date “à plus grande dimension”, mais déterminée à faire perdurer une tradition “qui n’a jamais cessé, et qui ne cessera surtout pas avec le coronavirus”.
Le village haut-marnais d’environ 700 habitants, que Charles de Gaulle avait choisi comme lieu de villégiature à partir de 1934, vivra ce jeudi un événement en trois actes. À 11h30, jeudi 18 juin 2020, une gerbe de fleurs sera déposée sur la tombe du général en présence de l’ensemble des élus locaux, du président du Conseil régional Jean Rottner au président du Conseil départemental Nicolas Lacroix, en passant par les députés et sénateurs. À midi, une cérémonie similaire se tiendra au pied de la croix de Lorraine. Contrairement au protocole habituel, aucune musique ne retentira et le nombre de militaires restera limité. “En revanche, cinquante scolaires feront le déplacement pour une lecture du texte de l’Appel du 18 juin 1940”, détaille le maire de la commune.
"L'hommage le plus émouvant" aura lieu le soir
Enfin, le soir venu, à 21 heures, “l'hommage le plus émouvant” aura lieu. Une marche ouverte à tous, qui réunit habituellement une centaine d’habitants du village, convoiera vers la croix de Lorraine. “C’est un moment de recueillement intense, auquel nous sommes tous attachés, explique l’édile. Le chant des partisans est entonné. Yvonne de Gaulle elle-même y assistait. Cette cérémonie se tient tous les ans depuis 1972.”
Le confinement puis les restrictions sanitaires ont enrayé un anniversaire que Colombey-les-Deux-Églises attendait avec impatience. "C'est sûr qu'on aurait voulu plus marquer le coup, mais l'émotion sera là", assure le maire. Malgré les 80 ans de l’Appel du 18 juin, cette année, aucun spectacle son et lumière n’est prévu, pas plus qu’une autre manifestation d’envergure. D’où la “frustration" partagée par le Mémorial Charles-de-Gaulle. “C’est à l’image de ce que nous avons vécu à partir du printemps, une période mi-figue, mi-raisin”, déclare Thomas Wauthier. Le responsable de la communication du monument précise tout de même que “la douche froide est passée” : “Maintenant, nous sommes optimistes. Le mémorial a rouvert. Nous sommes de plus en plus sollicités pour des visites individuelles. La couverture médiatique des commémorations de ce jeudi devrait jeter un coup de projecteur et inciter le public à venir.”
Le silence commençait à nous peser
“Durant quelques mois, nous sommes redevenus une commune rurale comme les autres, plaisante Pascal Babouot. Un village agricole et artisanal ! Mais bon, le silence commençait à nous peser.” Ce “silence”, c’est celui de l’absence de touristes, du manque à gagner pour les restaurateurs et les hôtels. “Une grande part de nos retombées économiques provient des clients étrangers, belges, néerlandais, anglais… Avec la réouverture des frontières, espérons qu’ils reviennent vite !”
Si les célébrations de l’Appel du 18 juin s’annoncent “moins fastueuses” que prévu, la commune attend désormais une date avec hâte : le 9 novembre prochain, la France et Colombey-les-Deux-Églises commémoreront les cinquante ans de la mort du général de Gaulle. Le président de la République fera le déplacement en Haute-Marne pour une visite placée sous le signe “de l’esprit de la nation”. À cette occasion, Emmanuel Macron assistera à un colloque sur la souveraineté organisé par la Fondation Charles de Gaulle. “Nous l’attendons, sourit Pascal Babouot. C’est l’autre grand rendez-vous de cette année 2020. Nous comptons énormément dessus."