Ce lundi 20 juillet 2020, Alexandra Henrissat recevait des chefs étoilés du monde entier à Montheries en Haute-Marne pour leur enseigner les plantes en cuisine. Mais la botaniste ne s’arrête pas là et forme régulièrement les intéressés aux pouvoirs thérapeutiques ou cosmétiques des plantes.
Les cheveux noir de jais, les yeux noisettes, mais le regard et la voix douce, Alexandra Henrissat est un petit bout de femme, souriante et calme. La Haut-Marnaise, aujourd’hui âgée de 46 ans et mère de deux filles, s’est lancée dans la naturopathie, il y a 5 ans. Passionnée depuis toujours par les plantes, elle se soignait et fabriquait ses cosmétiques naturels seule depuis plusieurs années. Mais son travail d’aide-soignante ne lui permettait pas de se lancer à plein temps.
À l’époque, elle subit le harcèlement d’une supérieure hiérarchique, et perd un proche dans la même période. Deux événements qui provoquent son burn-out, dont elle réussit à se relever pour se lancer et essayer de vivre de sa passion.
J’avais envie de garder le lien d’aide à la personne qui me nourrit intérieurement !
"J’avais envie de garder le lien d’aide à la personne qui m’avait poussé a exercé en tant qu’aide-soignante et qui me nourrit intérieurement. Je me suis donc demandé comment l’allier à ma passion des plantes et l’idée de la naturopathie m’est venue très naturellement," explique Alexandra Henrissat.
Durant trois ans, elle suit plusieurs formations de botanique dans le Jura et dans la Drôme. C’est début 2018, qu’elle s’installe en tant que naturopathe et commence en parallèle à organiser des ateliers de cosmétiques et des sorties botaniques à Montheries en Haute-Marne.
"J’ai remarqué que j’avais plus de femmes que d’hommes présentes à mes ateliers et visites botaniques. Si je devais faire une moyenne d’âge, elle se situerait entre 30 et 45 ans. Mais j’enseigne mes connaissances également aux enfants à partir de six ans. Il n’y a pas de limite d’âge. Mes portes sont ouvertes à toute personne curieuse des plantes et de leurs vertus", précise la botaniste.
Durant ses ateliers cosmétiques ou ses visites natures, la haut-marnaise prend bien soin d’expliquer les différents types d’extraits végétaux et comment s’en servir à ses stagiaires, en cosmétiques ou en aromathérapie. Mais elle prévient aussi les inscrits sur le danger de certaines plantes, huiles essentielles, teinture mère et autres extraits végétaux qui, utilisés sans précaution, peuvent rendre malade ou brûler la peau.
"Je vois passer beaucoup de recettes sur Internet, et même sur un certain site spécialisé en vente d’ingrédients naturels. Il faut se méfier. Une plante peut être un actif puissant et trop dosé ou mélangé à trop d’actifs, elle peut provoquer des dommages irréparables. Idem lorsqu’on l’ingère. Il faut être extrêmement prudent. Végétal et naturel, ne signifie pas sans danger, affirme-t-elle.
Avant d’ajouter : "Mon but n’est pas de rendre les gens dépendants de mes ateliers, loin de là. Je veux que mes stagiaires gagnent en autonomie et soient capables de se débrouiller sans moi. Mais qu’il le fasse en toute sécurité pour eux et pour leurs proches."
Une démarche également écologique
L’approche d’Alexandra est également écologique. Très à l’écoute de la nature, elle essaie à son niveau de ne pas surconsommer. Les plantes qu’elles utilisent viennent soit des environs de sa maison, soit de son jardin. Son but est également d’apprendre aux gens à utiliser les richesses que la nature leur donne, à proximité de chez eux. Et non de créer de nouveaux besoins chez eux. Le tout de façon responsable.
Les plantes sauvages en cuisine aussi
Une méthode aussi qu’elle applique depuis deux ans avec des chefs étoilés. Anciens camarades de classe avec Jean-Baptiste Natali, chef étoilé à Colombey-les-deux-Églises, ils organisent une visite nature à la découverte des plantes sauvages consommables, en compagnie de chefs étoilés du monde entier."C’est toujours très enrichissant de travailler avec eux et de faire cette visite botanique particulière. Ils font preuve d’une grande inventivité en matière de recette avec les plantes. C’est assez fou de les voir fourmiller d’idée. Même si, et c’est bien naturel, il garde leurs petits secrets de recette pour eux," conclue Alexandra Henrissat
À ses débuts, la botaniste souhaitait lancer sa marque de cosmétiques naturels. Mais les démarches administratives dans ce domaine ont une telle importance, qu’elle n’aurait pas pu se consacrer autant qu’elle l’aurait souhaité à la conception des produits et à la manipulation des plantes. Elle a donc remis cette idée à plus tard. En revanche, elle pourrait dès l’année prochaine lancer sa gamme de tisanes et de teintures mères pour permettre au plus grand nombre de découvrir le pouvoir des plantes sauvages de Haute-Marne.