Morlaix va rouvrir sa rivière, en partie enterrée, pour réduire les risques de crue et adapter la ville aux enjeux du réchauffement climatique.
"Nous avons la chance d'être un des rares territoires en France à avoir une solution de protection contre les inondations", a souligné Jean-Paul Vermot, maire (PS) et président de Morlaix Agglomération, lors d'une conférence de presse. Présentée comme "solide scientifiquement et financièrement", cette "solution" consiste à rouvrir une partie de la rivière de Morlaix et à remodeler les galeries souterraines dans lesquelles coulent ses affluents, afin de faciliter l'écoulement des eaux vers la mer.
Des points d'étranglement qui freinent l'écoulement de l'eau en cas de crues
Construites à partir de la fin du XVIIIe siècle, ces galeries souterraines comptent des tronçons sinueux et des points d'étranglement qui freinent l'écoulement de l'eau en cas de crues. "Les inondations surviennent quand les galeries saturent", a résumé Clément Le Saux, chargé du programme d'actions de prévention des inondations (PAPI). Ces crues engendrent d'importants dégâts dans la partie la plus commerçante de cette ville bretonne de 15.000 habitants. Des inondations y sont recensées depuis le début du XIXe siècle et on compte onze crues depuis 1990.
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Les travaux prévus doivent permettre d'éviter 80% des dégâts causés par les crues trentenales (qui ont une chance sur 30 de se produire tous les ans) et devrait réduire de 50% les dommages pour tous les types de crues sur 50 ans.
Selon les modélisations scientifiques, cela efface les crues de 2013-2014 (1,30 m d'eau en centre-ville, ndlr). C'est un résultat inattendu, exceptionnel
Jean-Paul VermotMaire de Morlaix
La crue de juin 2018, "épisode cévenol" pendant lequel un milliard de m3 d'eau étaient tombés en une heure, ne serait en revanche pas évitée. "Mais ce sont les inondations les plus petites qui reviennent le plus souvent qui vont générer sur 50 ans le plus de dégâts", a souligné M. Le Saux.
Un îlot de fraîcheur dans le centre-ville
Le coût provisoire des travaux, qui ne devraient pas commencer avant 2028, a été estimé à 22 millions d'euros, pris en charge à 50% par l'État. L'option de la construction de deux barrages en amont de Morlaix, considérée comme "plus risquée", a été elle évaluée à 32 millions d'euros.
La réouverture de la rivière aura également un "impact écologique majeur" en créant un ilôt de fraîcheur en centre-ville, où la température était montée à plus de 40°C en juillet 2022, a souligné M. Vermot.
(Avec AFP)