Une lettre de condoléances a été envoyée par Philippe de Gaulle, fils du Général de Gaulle, à Charles III, le fils de la défunte reine Elizabeth II. Les deux familles s'entendent bien depuis la Seconde Guerre mondiale.
Après la mort de la reine Elizabeth II, des marques de respect et messages de soutien ont été envoyés quasi-unanimement des quatre coins du monde. Les 70 ans de règne de la monarque britannique (et canadienne, australienne, et douze autre gentilés) ont fait de sa personne une des grands témoins de l'histoire et de la politique de la seconde moitié du XXe siècle.
La France, plus Elizabethophile qu'anglophile, a participé à ce recueillement mondial. Par exemple en mettant de nombreux drapeaux en berne (ce qui ne passe pas toujours).
De son côté, le site d'actualités de BFMTV s'est fait l'écho d'une initiative de Philippe de Gaulle, actuel patriarche de la famille De Gaulle et fils du Général. Il a envoyé une lettre de condoléances au nouveau roi des Britanniques, Charles III.
Charles de Gaulle et Elizabeth II, témoins de la grande histoire
La lettre a été envoyée le vendredi 9 septembre 2022, au lendemain de la mort de la reine, à l'ambassadrice du Royaume-Uni. "L'amiral en retraite Philippe de Gaulle, fils du Général de Gaulle, et ses quatre fils Charles, Yves, Jean et Pierre de Gaulle, prient Sa Majesté le roi Charles III du Royaume-Uni [de Grande-Bretagne et d']Irlande du Nord, de bien vouloir agréer toutes leurs condoléances émues et leurs prières pour Sa Majesté la reine défunte Élisabeth II."
"Ils lui demandent de bien vouloir accepter, en outre, tous leurs voeux pour le Royaume-Uni [de Grande-Bretagne et d']Irlande du Nord, allié de la France libre durant la Seconde Guerre mondiale, et pour son nouveau souverain, qui tiendront une place capitale dans l'Europe. - P. de Gaulle, 100 ans"
Cette missive a suscité une certaine émotion en France. La famille royale britannique, c'est à dire les Windsor, et les De Gaulle ont été particulièrement proches avec l'accession du Général à la présidence de la République, durant la décennie de 1958 (que ce soit avec la reine Elizabeth II, son époux le prince consort Philip, ou la reine-mère Elizabeth). On comprend mieux les nombreux voyages royaux en France (voir, dans le sens inverse, le voyage gaullien à Londres en 1960 dans la vidéo ci-dessous).
Charles de Gaulle s'est toujours souvenu de l'accueil qui lui avait été fait lors de son arrivée (ainsi que celle de son épouse et ses enfants) à Londres, faisant suite à l'Armistice de 1940. Une des raisons pour lesquelles le roi George VI, père d'Elizabeth II, sera fait compagnon de l'ordre de la Libération à titre exceptionnel (pareil pour Churchill). La visite d'État menée par Charles et Yvonne de Gaulle à Londres, en compagnie de la famille royale durant l'année 1960, sera l'un des points marquants de cette entente qui a toujours perduré : un banquet est donné en son honneur à Buckingham Palace; un feu d'artifices est tiré. Et un rare privilège lui est accordé : se tenir au balcon royal devant la foule.
Philippe de Gaulle, dernier enfant encore en vie du Général
Attiré par la mer, le jeune Philippe voit ses études interrompues, alors qu'il a 18 ans, par l'invasion de la France par l'Allemagne en 1940. Seul fils de Charles de Gaulle (il a deux soeurs), il part pour le Royaume-Uni, où il s'enrôle dans les Forces françaises navales libres. Intégrant finalement la prestigieuse École navale, c'est en Angleterre qu'il est formé.
Philippe de Gaulle participe à la bataille de l'Atlantique. Pendant ce temps, son père fédère la Résistance, qui conduit ultimement à la Libération. Vaillamment, le fils De Gaulle profite du Débarquement pour combattre en Normandie, à Paris, et en Alsace. Il recevra la Croix de guerre et la Légion d'honneur, mais n'entrera pas dans l'ordre fondé par son père.
Il sera formé au pilotage dans l'aéronautique, participera notamment à la guerre d'Indochine, deviendra amiral, donnera des cours, et siège même au Sénat pendant un peu moins de 20 ans. Une vie bien remplie pour cet amiral français résolument attaché aux Britanniques, culminant avec son 100e anniversaire, fêté le 18 décembre 2021. Il n'aura de cesse, notamment par la voie littéraire (rédaction de mémoires et de livres) de perpétuer la mémoire du Général, emporté par une rupture d'anévrisme alors qu'il séjournait en son domaine de la Boisserie, à Colombey-les-Deux-Églises (Haute-Marne), en 1969.
