William Bouvier s'est lancé dans l'agroforesterie en 2014 sur son exploitation d'Orbigny-au-Mont en Haute-Marne. La pratique qui consiste à réintroduire des arbres dans les parcelles agricoles aura pour la première année droit à son concours au Salon de l'agriculture e Paris en février prochain.

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Il a décidé de se lancer en 2014. William Bouvier venait de cesser sa production laitière. Pour l'éleveur et céréalier converti à l'agriculture biologique, l'idée de l'agroforesterie est venue naturellement. « Quand j’ai arrêté le lait, je me suis dit pourquoi pas essayer autre chose, se souvient William Bouvier. Comme je fais de la forêt à côté, c’est quelque chose qui me plaît, je me suis dit pourquoi pas l’agroforesterie. »

Cette pratique vise à replanter des arbres dans les cultures agricoles afin d'en tirer un maximum de bénéfices. Les arbres offrent de l'ombre au bétail en cas de fortes chaleurs mais ils permettent aussi de protéger certaines cultures du vent, d'améliorer la qualité de l'eau et d'offrir un refuge naturel à une biodiversité fragile et précieuse. « Je me suis renseigné, poursuit William Bouvier. On m’a dit que des subventions étaient possibles. J’ai lancé mon projet très vite. »
 



William Bouvier se lance effectivement rapidement, mais pas à moitié : en quelques mois, l’agriculteur a planté sur ses différentes parcelles situées aux alentours d’Orbigny-au-Mont quelque 800 arbres. À côté de son exploitation, sur une parcelle en pâturage, des sapins de Douglas et des acacias. Un peu plus haut, des cerisiers, des pommiers et des poiriers pour créer un verger haute tige. Sur une parcelle en prairie temporaire et champ, il a opté pour des merisiers et des noyers et sur une autre, plus humide, des peupliers et des aulnes.

Pour William Bouvier, tout n’a pas été parfait. Beaucoup d’arbres sont morts. Des buses ont cassé les branches des noyers, des campagnols ont mangé les racines, et même les vaches de l’exploitation ont réussi à arracher l’écorce des jeunes arbres. Mais si l’agriculteur s’est lancé dans ce grand projet, ce n’est de toute façon pas pour en tirer un quelconque bénéfice. "Ça me rapportera jamais rien. C’est une approche globale, moi je suis agriculteur biologique. Aujourd’hui, il faut penser au paysage, à la biodiversité. Quand on tourne dans la plaine, qu’est-ce qu’on voit ? Tout le monde laboure, on voit des champs de plus en plus grands… Moi je me dis mais où on va ?"

Il y a un agriculteur qui m’a dit un jour : « Mais tu es complètement taré ! Planter ces arbres alors que nous on les coupe !
- William Bouvier, agroforestier à Orbigny-au-Mont en Haute-Marne
 


L’agroforesterie reste encore très confidentielle. C’est d’ailleurs un aspect qui a aussi convaincu William Bouvier : « Ça permet de me différencier des autres. Il y a un agriculteur qui m’a dit un jour : « mais tu es complètement taré ! Planter ces arbres alors que nous on les coupe ! »

Pendant des décennies, les arbres et l’agriculture ont été séparés. L’agroforesterie vise aujourd’hui à les réconcilier. « L’agroforesterie, c’est la réunion des arbres et de la culture agricole, explique Patrick Cochard, référent du Réseau rural en agroforesterie du Grand Est. Ce que l’on peut voir le plus souvent, c’est de planter des arbres sur des pâtures avec l’objectif de faire de l’ombrage aux bêtes notamment chez les bovins. C’est aussi en développement dans les élevages de volailles : des plantations vont créer des parcours de volailles qui vont leur permettre de rester plus longtemps en plein air. »

Il y autant de possibilités qu’il y a d’agroforestiers. Certains se sont même dits : et avec ces arbres, si je mettais des truffes ? 
- Patrick Cochard, référent du Réseau rural en agroforesterie du Grand Est

Ce recours à l’agroforesterie peut à terme permettre une diversification de l’activité avec la plantation d’arbres fruitiers ou de bois d’œuvre. De plus en plus d’agriculteurs se tournent également vers ces pratiques dans un souci environnemental. 

« Il y a 10 ans, on ne pouvait pas trop parler de remettre des arbres sur les exploitations, ça faisait plutôt sourire qu’autre chose
, reconnaît Renaud Blanchet de la Chambre d’agriculture de Haute-Marne. Maintenant, avec le changement climatique et le souci du bien-être animal, les exploitants sont de plus en plus intéressés par ces pratiques. En premier lieu, il y a bien sûr l’ombrage mais aussi la préservation de la biodiversité. Il y a également des effets positifs sur la qualité de l’eau avec le captage des nitrates et sur le stockage du carbone. »
 


La semaine dernière, une quinzaine d’agriculteurs ont participé à une formation en agroforesterie dispensée par la chambre d’agriculture de Haute-Marne. La preuve d’un intérêt naissant mais encore très relatif : il existe 1.800 exploitations agricoles en Haute-Marne. Pour la première fois, en février prochain, le Salon de l’agriculture de Paris mettra à l’honneur l’agroforesterie. La discipline aura droit à son propre Concours général. Mercredi, le jury de sélection viendra sur l’exploitation de William Bouvier et de cinq autres agroforestiers du Grand Est.

« C’est bien que ce soit mis en valeur mais il ne faut que des belles paroles, regrette William Bouvier. On ne peut pas miser que sur notre bonne volonté. Cette action de planter des arbres, elle devrait être valorisée. Il faut savoir ce qu’on veut. Soit on veut faire une agriculture qui ne coûte rien, soit on veut une agriculture de qualité et à ce compte-là, il faut peut-être financer ces efforts. Il faut que ce soit reconnu. » Un message que l’agroforestier pourrait aller porter au Salon de l’agriculture de Paris. Il n’y est pas allé depuis 17 ans.

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